A déambuler dans les rues de Chamonix ce jeudi 30 août, veille de départ de la CCC et de l’UTMB, on ne s’étonne pas vraiment de voir des coureurs débarquer dans les boutiques de vêtements afin de compléter leur sac. Il pleut, les nuages et le brouillard cachent la visibilité sur les montagnes, et les prévisions météo ne sont pas très optimistes. De la neige dès 1 800 à 2 000 mètres d’altitude, des températures ressenties pouvant descendre jusqu’à -10°C en raison du vent : voilà ce qui attend les coureurs de cet Ultra-Trail du Mont-Blanc 2012. « Les conditions seront hivernales ! Très froid, vent fort et humide », résume l’organisation dans sa communication aux athlètes.
Conséquence : le matériel obligatoire demandé initialement devient pratiquement insuffisant, et certainement inconfortable. Les organisateurs somment ainsi les concurrents de se munir de « 4 couches de vêtements et pas seulement 3 comme exigé pour le matériel obligatoire », d’emporter la « veste imperméable la plus performante possible », des « sous-vêtements plus épais », « des gants vraiment chauds, en plus d’être imperméables », et « un bandana pour couvrir les oreilles et une partie du visage, en plus du bonnet ».
L’enjeu primordial des coureurs, qu’ils soient engagés sur la CCC ou l’UTMB, sera de garder leur sous-couche la plus sèche possible tout au long du parcours, afin d’éviter les coups de froid et déconvenues qui en découleraient. Et pour cela, il faut impérativement soigner la préparation de son sac de course… et utiliser son équipement au bon moment durant l’épreuve.
Corinne Peirano, diététicienne nutritionniste qui sera au départ de l’UTMB, rappelle également de bien « protéger la zone intestinale. Il faut un confort thermique adapté à la situation ».
Même chose pour l’alimentation. « Par températures négatives, il faut augmenter les apports caloriques, de 10 à 15%. En effet, pendant l’effort, le fait de lutter contre le froid va augmenter la déperdition en calories », explique Corinne Peirano. Bien consciente des idées reçues qui perdurent dans le domaine de la nutrition, elle ajoute : « On entend souvent dire qu’il faut manger gras quand il fait froid. On pense tartiflette, etc… Mais le fait de manger gras va ralentir la digestion, et donc favoriser les troubles digestifs. Cela demande beaucoup plus d’efforts à la vésicule biliaire ».
Pas question, donc, juste avant la course, de surcharger son estomac en aliments gras, mais plutôt de privilégier les « acides gras essentiels, les omégas 3. Avec des poissons gras, ou de l’huile de colza, de soja, ou de noix. Deux cuillères à soupe par jour permettent de combler les besoins ».
Ensuite, durant l’épreuve, l’enjeu sera « d’apporter régulièrement des glucides à l’organisme. Cela peut passer par des barres énergétiques. Dans ce cas, privilégiez celles aux fruits, plutôt que celles au chocolat qui sont plus grasses. Vous pouvez aussi manger de la pâte d’amande, ou consommer des boissons de l’effort. Mais sans tomber dans l’excès. L’essentiel est d’avoir un apport régulier ».
Corinne Peirano conseille également de « ne boire ni trop chaud ni trop froid. Pour éviter que l’eau ne gèle trop, préférez le bidon à la poche à eau ». La sensation de soif étant souvent diminuée par temps froid, veillez également à vous hydrater très régulièrement. « Vous pouvez aussi prendre du thé chaud lors des ravitaillements. Et même partir avec du thé chaud. Attention aux soupes, qui sont souvent trop salées. Le mieux est de goûter, et de les diluer si nécessaire. Parfois également, elles sont composées de pâtes qui, combinées au sel, peuvent entraîner des troubles digestifs. Dans ce cas, se contenter de boire le bouillon peut parfaitement convenir ».
Parmi les aliments à privilégier, la nutritionniste ajoute également « la compote de pommes, le pain d’épices. Ou encore des quartiers de citrons ou de pommes (à condition de ne pas manger la peau) ».
Tout en rappelant qu’il « faut s’alimenter en montées et non pas en descentes », cette diététicienne spécialiste des épreuves d’ultra lance un ultime conseil de base : « Pendant une course, ne jamais innover en matière d’alimentation, mais s’adapter. Cela signifie par exemple prendre de la soupe ou du thé. Mais certainement pas se dire « tiens je vais tenter ce gel, ou cette barre énergétique » ». C’est bel et bien à l’entraînement que ces choses-là se travaillent…