Barre des écrins : C’est un sommet des Alpes françaises situé à 4 101 m d’altitude. C’est le point culminant du département des Hautes-Alpes et le plus méridional des « 4000 » alpins.
Romain Olivier : Ultra-traileur de 35 ans, guide de haute-montagne et maçon. Romain a une côte ITRA à 893 points. En 2019, il remporte l’ultra tour du Beaufortin, et l’Oman by UTMB où il pulvérise de 2 heures le record de Jason Schlarb et Diego Pazos, de belles références.
Les virées en off, en solo ou en équipe, fleurissent actuellement.
Erik Clavery sur la traversée des Pyrénées, Xavier Thévenard sur le GR20, le Team Salomon dans sa traversée de 1000km…et chaque tentative a sa propre histoire. Pour Romain, qui a commencé son activité de guide dans les écrins, et qui s’est marié à l’église de Vallouise, le record de la barre des écrins à partir du village est tout à fait symbolique. Bien entendu, pour qu’une performance soit reconnue, il faut que le parcours et les passages de l’athlète soient clairement identifiés. Tel fut le cas pour Romain qui a déclenché sa balise et sa montre à 3h du matin sur la place de l’église.
Outre le parcours et les temps de passages, la trace GPS nous en apprend beaucoup sur la difficulté du parcours, et dans le cas présent sur les temps de changement pour passer du mode traileur au mode semi-alpiniste puis au mode alpiniste en conditions hivernales, avec un respect sans faille des règles de sécurité. Sur 7h45 d’effort, il y aura 2h23 d’inertie !
Trace GPS en A-R de Vallouise centre au sommet de la barre des écrins
Habituellement, les alpinistes, voire les coureurs, qui partent en direction de la barre pour les uns, ou du dôme (4015 m) des écrins pour les autres, le font à partir du pré de Madame Carle (1876m) ou du refuge du glacier blanc (2542m). Et ceux qui ont voulu établir un chrono ont réalisé un aller simple. Romain atteint le pré de Madame Carle après 1h09 d’effort pour 12 km et 700m de dénivelé positif, les spécialistes apprécieront déjà cette vitesse de départ. Toute la première partie du défi jusqu’au glacier blanc se fait en solo. Arrivé au glacier blanc, Romain s’est encordé à 2 équipiers successifs, chacun réalisant une partie du glacier avec lui pour arriver dans les meilleures conditions au pied de la barre où l’attend un ami guide de haute-montagne. Dans des conditions météos favorables, cette partie du glacier n’est pas simple, mais dans les conditions météos du jour, ce fut dantesque. Malgré un isotherme 0°C à 4000m, le vent fort (60 à 90 km/h en rafales) a fortement compliqué et ralenti la progression des alpinistes. De même, dans l’impossibilité de poser des cordes fixes la veille, les 2 guides ont réalisé une progression classique jusqu’à l’arête. Arrivés sur l’arête, ils ont progressé pas à pas et en aller-retour jusqu’à la croix. Le sommet de la barre des écrins est donc atteint après 4h56 d’efforts, soit 64% du temps total. Si la première partie de la descente, 200m d-, reste longue et complexe, les choses s’accélèrent sur le glacier, toujours en cordées successives. Arrivé au refuge du glacier blanc, c’est Julien Michelon, jeune athlète du team Salomon, qui va accompagner Romain jusqu’à Vallouise, avec un dernier changement de chaussures au pré de madame Carle, sous la pluie. Les 12 kms du retour se feront en 44 min.
Même si ce parcours était une première, on peut affirmer que Romain a réalisé un véritable exploit sportif. Mais attention il s’agit bien d’une double activité de trail et d’alpinisme qui nécessite un équipement considérable et une expertise professionnelle. Il est donc impossible de réaliser un tel parcours pour un néophyte. En guise de «récupération», Romain se levait aux aurores dès le lendemain pour atteindre le sommet du Mont Blanc avec 2 clients, cette fois-ci sous un magnifique soleil. Côté trail, on le retrouvera à l’ultra de Serre-Ponçon en septembre où il fera équipe avec Benoit Girondel.