A tout juste quinze jours de Noël, Issy-les-Moulineaux avait une longueur d’avance sur tout le monde, ce dimanche 11 décembre 2011. Les abords du Palais des sports Robert Charpentier fleuraient bon les odeurs de vin chaud. L’air du petit matin était frais, très frais, même. Mais il en aurait fallu plus pour décourager le Père Noël. Ou plutôt, LES Pères Noël. Car on se met à la place des nombreux enfants présents dès les premières courses de la traditionnelle corrida : il y avait de quoi avoir la tête qui tourne. Des Pères Noël par centaines, et même par milliers, ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion d’en croiser autant.
Le rouge et le banc était donc les couleurs à la mode. De rares courageux avaient choisi le bonnet vert, d’autres avaient opté pour le costume de renne, d’autres encore s’étaient transformés en paquets cadeaux ambulants, ou exhibaient avec fierté leurs guirlandes de sapin. Et pour cela, tous méritaient une médaille, avant même d’avoir franchi une quelconque ligne d’arrivée.
Après être parfois passés par l’atelier maquillage, benjamins, poussins, et minimes, étaient les premiers à entrer en action. Soutenus par leurs parents, dès l’échauffement ! Au pied du podium, tout près de la ligne de départ, petits et grands bravaient le froid et réchauffaient leurs membres. Ca chantait, ça rigolait, ça bougeait, bref, la fête était lancée. La corrida de Noël d’Issy-les-Moulineaux, c’est donc ça : une ambiance festive, sans chichi, et familiale.
« Je participe pour la première fois à la corrida, sur 10 kilomètres, mais mes enfants, eux, connaissent déjà l’événement, confiait Sophie. Ils ne font pas d’athlétisme en dehors de l’école, mais ils aiment courir ici pour l’ambiance, pour faire du sport, et être avec leurs copains. Moi, je ne sais pas si je serai capable de terminer la course, mais c’est émouvant de me dire que mes enfants sont là pour me soutenir. »
Maryline, elle, était venue avec une collègue de travail. « Je cours toutes les semaines, mais c’est la première fois que je participe à une course avec un dossard ». Tout sourire, elle profitait de l’ambiance et se rassurait : « Il fait un peu froid, mais ça va nous faire du bien de courir ! » D’autant que comme beaucoup de participants à la course numéro 5, elle pouvait compter sur son déguisement pour lui tenir (un peu) plus chaud.
Pour les non initiés, la course numéro 5 (10 kilomètres) est souvent ainsi résumée : « la plus grande course de Pères Noël». La condition sine qua none pour participer, c’est en effet d’être un adulte déguisé. Plus de 3 000 personnes avaient joué le jeu cette année. « Y a-t-il des Pères Noël ? Des mères Noël ? », lançait le speaker pour motiver les troupes. Galvanisé, le long cortège pouvait s’élancer avec une dernière recommandation : « Faites la fête, amusez-vous ! » Message reçu : de nombreux coureurs répondaient aux appels des enfants et tapaient dans leurs mains le long du parcours.
La dernière course, également sur 10 kilomètres, se courait sans obligation de déguisement. On y retrouvait donc notamment les favoris, ceux pour qui le seul costume qui vaille, c’est celui de leader. Ceux-ci en finissaient déjà avec leur deuxième boucle (sur trois au total), alors que les coureurs les plus anonymes ne terminaient que leur première, entre admiration et frustration (« Tu as vu à quelle allure ils arrivent ? »).
Dans un peloton globalement concentré et silencieux, le mot qui revenait le plus souvent aux oreilles, c’était le mot « côte ». Tous les concurrents avaient en tête LA difficulté du parcours, cette côte (10%) de 400 mètres, rue Auguste Gervais, qu’il fallait franchir deux fois. Lors des précédentes éditions, c’était au cours des deuxième et troisième boucles. Cette année, l’ordre avait été inversé, et la troisième boucle se faisait sur un parcours entièrement plat. A l’arrivée, chacun s’était fait son avis sur la formule. « Je trouve que quand on aborde la côte pour la première fois, on est encore un peu froid », estimait Stéphane. A côté, son ami Luc tempérait : « On est quand même bien content de se dire « ça c’est fait » quand on arrive au sommet pour la deuxième fois ».
On était aussi bien contents de voir les coureurs s’encourager entre eux. Par exemple cette femme soutenue par sa copine « Allez, on continue, courage ! Maintenant, il ne reste que du plat ». Honneur aussi à cet homme, palme de la galanterie, qui s’est arrêté pour ramasser le bonnet d’une concurrente devant lui.
Médaille autour du cou, après environ 50 minutes d’effort, Astrid résumait bien l’humeur du jour : « L’ambiance est génial, ça booste. C’était la première fois que je venais, je reviendrai ! ».
Les résultats
Course numéro 6 (10 km)
- Salim Sati, en 29mn58s
- Moustapha Ryadh, 30mn18s
- Nassir Dawud, 30mn18s
Course numéro 5 (10 km déguisé)
- Xavier Fanovard en 38mn15s
- Julien Leroy, 38mn15s
- Ronan Lesven, 38mn59s
Le site de la corrida d’Issy-les-Moulineaux : www.corrida-noel-issy.com
Photos de la 35ème édition de la corrida de Noël d’Issy les Moulineaux