eco trail de Paris 2012

Tendinopathie ne veut pas forcément dire repos total

La question : Je souffre actuellement d’une tendinopathie du demi-membraneux gauche. J’ai arrêté ma pratique régulière de la course à pied sur prescription du médecin. Je ne cours plus depuis bientôt 3 mois (kiné,…) ! J’ai lu sur quelques une des réponses que vous avez faites, que pour vous une pratique raisonnée était possible et que surtout ce n’était pas le repos qui guérissait cette pathologie ! Vous parlez également d’étirements pour venir à bout de cette tendinopathie. Quels sont ces étirements ? Afin d’éviter tout récidive, je souhaiterais savoir si, bien qu’étant pronateur, je cours un risque à pratiquer des entraînements avec une chaussure (ASICS cumulus 12) destinée aux pieds universels à supinateur ? Lors de cet achat je n’ai pas fais attention à ce « détail » important, et j’hésite à utiliser ces chaussures neuves lors de ma reprise.

La réponse de notre médecin du sport, Yannick Guillodo

Effectivement, je suis contre le repos strict de la course à pied lorsque l’on souffre de tendinopathie chronique. Puisqu’il s’agit d’une maladie chronique, il faut adapter la pratique sportive, pour une durée indéterminée. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il va falloir apporter quelques éléments nouveaux dans la pratique de course à pied pour éviter que le point faible (le demi membraneux dans votre cas) soit chroniquement ennuyeux ou douloureux.

Je prends un exemple : si vous êtes sensibles au soleil, il va falloir « apprendre à votre peau » à gérer les premières expositions au soleil, en début d’été. Ce n’est pas parce que pendant 10 ans (c’est un exemple) vous n’allez pas au soleil, que vous allez résoudre votre problème d’intolérance au soleil. Bien évidemment, pendant ces 10 ans,  vous n’aurez pas de coups de soleil. Mais la onzième année (pour continuer l’exemple), il faudra résoudre votre problème. Donc, les 10 ans d’abstinence au soleil n’auront servi à rien. Bien évidemment, certaines personnes bronzent tout de suite et n’ont pas besoin de cette adaptation… Certains coureurs ne souffriront jamais de problème tendineux. Le monde est injuste !

Grâce à cet exemple vous avez compris qu’il faut adapter votre tendon à votre pratique sportive (telle votre peau à l’exposition solaire) pour résoudre votre problème.

Je ne vous fais prendre aucun risque en affirmant cela.

Donc reprenez progressivement la course à pied, sur terrain plat, en finissant toujours votre entraînement par une séance étirements (5 à 8 minutes) ; la seule chose que vous ayez à demander au kinésithérapeute qui vous suit, est de vous enseigner cette technique d’étirement et/ou de stretching des ischio-jambiers.

Enfin, ce que vous appelez un détail important, est pour moi un simple détail. Je vous invite à lire, l’article qui est sur ce site, qui traite des nouvelles chaussures minimalistes. Vous verrez que l’aspect supinateur, pronateur, universel, peut être remis en cause. Pourquoi ne pas changer, très progressivement, votre technique de course en adoptant un cycle avant (attaque de la foulée sur le médio et l’avant-pied). Attention, je n’affirme pas que le cycle arrière est la cause de tous vos problèmes (douleur de toute la chaîne postérieure et notamment, chez vous, les muscles arrières de la cuisse) mais cette hypothèse peut être discutée.

En conclusion, pour le moment, reprenez progressivement la course à pied avec vos chaussures habituelles, buvez abondamment, faites régulièrement les étirements, appris chez votre kinésithérapeute. Dans un deuxième temps, on peut envisager le changement de techniques de course et le passage à des chaussures plus minimalistes. J’insiste, cette deuxième proposition est plus hypothétique, quant aux résultats.

Ceci est une réponse à une question posée à notre médecin du sport, Yannick Guillodo : vous aussi posez votre question à notre médecin