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Tendinopathie des ischio-jambiers : comment s’en sortir ?

La question : A la fin d’un 10km, 15 jours avant le semi-marathon de Boulogne-Billancourt, j’ai ressenti une douleur à l’arrière de la cuisse gauche, à l’insertion ischio-fessier. J’ai continué la préparation malheureusement (avec du fractionné !) et réalisé le semi-marathon. Un médecin m’a diagnostiqué une tendinite, plus précisément une tendinopathie ! Après 1 mois et 1 semaine, j’ai passé une échographie qui a révélé une « enthésopathie du démi-membraneux gauche ». En reprenant les mots du docteur : « ce dernier est nettement épaissi. Le tendon est hypoéchogène, discrètement hétérogène, avec une zone d’hypoéchogénécité franche, faisant évoquer une micro-rupture 10mm long/5mm large » … Depuis le 20 novembre 2011 (c’est-à-dire 2 mois et 1 semaine) je suis au repos sportif total … Jai déjà eu 6 séances d’ondes de chocs et kinés (cicatrisation par électrostimulation). Le médecin m’a pourtant conseillé un peu de vélo mais par 2 fois, en absence de douleur, j’ai repris très tranquillement juste du pédalage et 24h après la douleur est revenue ! Je suis désespéré car je ne vois pas l’horizon de la guérison et surtout je redoute la récidive … Pour information la tendinopathie semble la conséquence d’un surentrainement. Je suis passé de 5/6 entrainements hebdomadaires à plus rien maintenant et c’est très dur. Merci de votre aide, j’ai vraiment peur de ne plus pouvoir recourir !

La réponse de Yannick Guillodo, médecin du sport

Effectivement, le tableau clinique que vous relatez est nettement en faveur d’une tendinopathie des ischio-jambiers. Cette tendinopathie peut faire partie d’un tableau de surentraînement, comme vous le signalez.

Sachez que les douleurs de l’enthèse des ischio-jambiers (enthésopathie, tendinopathie proximale) sont généralement très chroniques et longues à guérir. L’échographie,  que vous avez pratiquée, élimine une autre cause de douleurs de cette région : la bursite ischiatique (que l’on rencontre plus souvent dans les sports assis).

Malgré tout, sachez aussi que cette tendinopathie n’est pas grave. En effet, il est exceptionnel que cette maladie évolue vers une rupture des ischio-jambiers. Cette lésion aiguë de rupture (claquage) de la jonction myo tendineuse proximale des ischio-jambiers se voit essentiellement dans les sports de vitesse pure (sprint, accélération dans les sports de balle, …) et sur tendon sain (et non sur anciennes tendinopathies).

Le traitement qui a été mis en place, chez vous, me semble correct et notamment la pratique des ondes le choc que l’on pourrait poursuivre (12 à 15 séances au total).

Il faut aussi insister sur l’apprentissage des étirements, du stretching, efficaces, des muscles de la loge postérieure de la cuisse. Demandez à votre kiné qu’il vous enseigne la bonne technique d’étirement / stretching  de vos muscles ischio-jambiers.

Forts de cet apprentissage, vous pouvez reprendre votre activité physique de la manière suivante :

  • Courir uniquement en terrain plat.
  • Faire une importante séance d’étirements à la fin de votre entraînement.
  • Appliquer systématiquement de la glace, au niveau de la région douloureuse, après votre entraînement.
  • Boire très abondamment.
  • Accepter, le lendemain, une certaine « dose de douleurs ». Je m’explique : si vous attendez que la douleur soit totalement nulle, 24 heures après votre entraînement, vous risquez d’attendre longtemps (malheureusement !). Mais si vous acceptez une certaine dose de douleurs (douleurs tolérables pour votre quotidien) vous pouvez courir car le risque d’aggravation (rupture notamment) est très faible au niveau de ce tendon. Il faut donc trouver votre propre équilibre entre votre pratique sportive (durée, intensité, nombre de séances hebdomadaires) et la gêne ou la douleur que vous ressentez, après cette pratique.

Allez, en piste ….

Ceci est une réponse à une question posée à notre médecin du sport, Yannick Guillodo : vous aussi posez votre question à notre médecin