Sport-santé : le monde médical sensibilisé à l’intérêt de la pratique sportive

Organisé dans le cadre de l’ICACT 2013 (International Congress of Anti-Cancer Treatment), l’atelier-colloque « sport et cancer » s’est tenu le 6 février à Paris. Objectif : informer les patients, mais aussi le monde médical, des bienfaits de l’activité physique avant, pendant, et après la maladie.

ODYSSEA 2012


« Pendant 25 ans, j’ai demandé à mes patients de se reposer, maintenant je leur demande de se bouger »
. Les propos du Docteur Alain Marre, cancérologue au CHU de Rodez, résument bien le tournant qu’est en train de prendre la médecine en France. « Vous avez ici des cancérologues du XXIème siècle. Plus que de se focaliser uniquement sur les mammographies, ils s’intéressent à l’aspect humain ». Et Thierry Bouillet sait de quoi il parle. Oncologue au CHU Avicenne (à Bobigny, 93), il est le co-fondateur de la Cami Sport et Cancer*, aux côtés de Jean-Marc Descotes, ancien karatéka de haut niveau.

Tous deux sont à l’origine de l’atelier-colloque « sport et cancer » organisé ce mercredi 6 février 2013 au Palais des Congrès, en présence de nombreux médecins et patients. L’occasion de créer un dialogue entre « des mondes qui d’ordinaire ne se parlent pas : la santé, le sport et les patients », comme le présentait Thierry Bouillet en introduction.

Il apparaît pourtant que les choses sont en train de bouger. « Dans une déclaration du 10 octobre 2012, la ministre des Sports (Valérie Fourneyron, ndlr) a présenté le sport comme un outil de santé publique », soulignait Jean-Marc Descotes. Un projet a en effet été présenté en ce sens en conseil des ministres. Projet soutenu tant par le ministère des sports que par la ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine. Objectif affirmé : « Le sport plutôt qu’une longue liste de médicaments ».

Chiffres et résultats de nombreuses études à l’appui, ce colloque n’a cessé de donner des preuves scientifiques démontrant les liens entre activité physique et cancer. Bien sûr, il reste encore de très nombreux champs à explorer, mais des données sont d’ores et déjà significatives. « En 2009, le Fonds Mondial de Recherche contre le Cancer a montré qu’un tiers à un quart des 10 millions de cas de cancer par an pourraient être évités avec un mode de vie plus sain », soutenait le Professeur Martine Duclos (physiologiste, endocrinologue et chef du service de Médecine du Sport au CHU De Clermont-Ferrand). Et de livrer un constat implacable : « Si l’on suivait les recommandations en terme d’activité physique, 11 000 cancers du sein et 7 000 cancers du côlon pourraient être évités chaque année en France. C’est énorme ! ». Surtout au vu des chiffres actuels : 53 000 nouveaux cas de cancers du sein, et 34 000 pour le côlon, sont diagnostiqués par an dans l’Hexagone.

Le Docteur Olivier Mir a lui axé son intervention sur la sarcopénie, cet état de perte de masse musculaire qui est un « facteur de mauvais pronostic pour les patients atteints de cancer et qui augmente notamment la toxicité de la chimiothérapie pour les malades » (d’où des effets secondaires augmentés, au point d’entraîner parfois un arrêt du traitement).  A partir d’un tel état des lieux, la question des moyens de faire reprendre de la masse musculaire aux patients prenait évidemment tout son sens…

Les témoignages – très forts – de patients pris en charge par les structures de la CAMI ont mené à une conclusion unanime : la pratique d’une activité physique leur a permis de redonner vie à ce corps qui les avait « trahis » à un moment donné. Tous ont aussi souligné l’importance d’être accueillis dans une structure avec du personnel formé et à l’écoute.

L’occasion de rappeler qu’un « DU Sport et Cancer » est actuellement délivré à l’université de Médecine Paris 13. 260 heures de cours pour former des éducateurs médico-sportifs en cancérologie. Parce qu’inciter les malades à faire du sport, c’est bien, mais pas de n’importe quelle manière, et surtout pas dans n’importe quel cadre.

Si la prise en charge des patients pendant leur traitement est un enjeu colossal, il apparaît tout aussi essentiel de se pencher sur l’après traitement. Car comme les spécialistes l’ont tour à tour rappelé, continuer à pratiquer une activité physique après la maladie limite fortement les risques de rechute.

Enfin, autre enjeu des années à venir pour la médecine et la société dans son ensemble : travailler sur la prévention primaire, c’est-à-dire avant l’apparition de la maladie. « 80% des personnes qui viennent nous voir n’ont jamais fait de sport avant », confie Jean-Marc Descotes. Preuve que l’idée du sport comme outil de prévention a encore du chemin à parcourir…

*La CAMI (devenue Fédération Nationale Sport et Cancer) est une association loi 1901 fondée en 2000. Elle permet notamment à des patients atteints ou ayant été atteints de cancer, de pratiquer une activité physique.

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