« Pourquoi courez-vous monsieur? Vous faites ça pour la paix dans le monde? Ou pour les sans-abris? C’est pour le droit des femmes que vous courez? Ou pour l’environnement? …»
Ils ne pouvaient pas croire que quelqu’un puisse être assez bête pour courir aussi longtemps sans raison… « J’ai eu juste envie de courir! »,
Forest Gump
Et nous, pourquoi courons-nous?
Chacun trouvera en lui sa réponse, car elle est et doit être propre à chacun.
Que nous courions quelques minutes autour d’un stade, dans un parc ou plusieurs heures dans les montagnes, l’essentiel n’est-il pas d’y prendre du plaisir?
Plaisir… Le mot est lancé!
Il est important de comprendre que même cette notion nous est propre. Pour Casanova le plaisir était dans la caresse et pour Sade dans la fessée… Tout ne serait donc que question de force et d’intensité?
Nous devons construire notre envie de courir par rapport à ce qui nous anime, ce qui nous fait vibrer, ce qui va nous donner l’envie d’enfiler nos running et mettre notre corps en mouvement, que cela soit le matin de très bonne heure, à la pause déjeuner, après le travail ou juste le dimanche matin en famille ou entre amis, de manière à en tirer des émotions.
Et si nos émotions se construisaient avec nos mouvements?
Et bien oui, puisque que « e » en latin, signifie « qui vient de » et « motio » mouvement.
Nos émotions viennent donc des mouvements provoqués par une excitation extérieure que nous pourrions traduire dans ce cas précis, par l’envie, la motivation ou l’intention de.
Il est donc important d’identifier quelles sortes d’émotions nous souhaitons ressentir lors de nos sorties, qu’elles soient avec ou sans dossard et en fonction de cela, réfléchir au style course à pied qui nous permettra de les vivre.
Performance,
Personnellement, je défini la performance par la mise en place d’actions me permettant d’atteindre un objectif qui a du sens pour moi !
Si ma voisine court des « ultra », est-ce que cela veut dire qu’un ultra (route ou trail) est bon pour moi ?
La distance idéale doit être celle qui correspond à ce que l’on est capable d’y mettre comme temps de préparation tout en tenant compte de l’impact que cela aura sur notre style de vie personnelle (nutrition, sommeil, mentale…), sur notre vie de famille, tout comme sur notre vie sociale et professionnelle.
En fonction de là où nous vivons, un footing quotidien ayant pour objectif la mise en place d’une hygiène de vie aura des demandes d’organisation différentes que les préparations d’un 10km, d’un semi-marathon, d’un marathon qui auront elle aussi, des besoins différents que celle d’un ultra-trail ou d’un 100 km route et il n’y a là aucune hiérarchie. Tous ces objectifs sont nobles aux yeux de celui qui les a car chacun « performera » pour les atteindre.
Expérience,
Que cela soit en tant que guide de haute montagne ou coach en performance, je croise régulièrement le chemin de personnes qui sont dans la frustration de « l’échec » à répétition.
Bien souvent, ils se sont fixé un objectif qui est trop éloigné de leurs capacités physiques, techniques et/ou psychologiques de départ. Ils cherchent à faire rentrer le but qu’ils souhaitent atteindre dans leur principe de fonctionnement initial sans chercher à trop le modifier et comme le disait le sage: « A toujours faire plus de la même chose, on obtient toujours plus du même résultat ! »
Alors bien sûr, il y a des fois où ça passe très bien, il y a des fois où ça passe dans la douleur et il y a des fois où cela bloque carrément soit par arrêt volontaire soit à cause de blessures plus ou moins importantes. Le rôle d’un travail sur le mental est de permettre à la tête d’optimiser les capacités physiques et techniques de l’individu et non de se substituer à elles.
Il y a certains cas où la force réside dans le renoncement plutôt que dans la continuation. La notion de dépassement est très intéressante, puisque là aussi, elle est propre à chacun. Pour moi, se dépasser, c’est aller au-delà de l’humain que nous pensons être en se découvrant de nouvelles ressources et non en se brisant.
La limite peut-être très fine et demande une bonne connaissance de soi, d’où l’importance d’apprendre et comprendre comment nous fonctionnons… Cela demande du temps et des étapes.
« Je pense que si j’avais voulu gagner ne serait-ce que 7 secondes, je risquais l’accident », affirme ainsi Kilian Jornet à un journaliste Suisse après son record au Cervin
« Ce n’est pas d’être au sommet de la montagne qui est important, c’est la manière dont nous y sommes arrivés! »
Les questions à se poser sont simples:
- Qu’est ce que je recherche dans la course à pied?
- D’où est-ce que je pars par rapport à là où je souhaite aller?
- En fonction de l’écart existant entre les deux, à quoi suis-je prêt pour atteindre l’objectif que je me suis donné? (… D’un point de vu personnel, familial, financier, professionnel)
- En quoi cet objectif est-il important pour moi?
- Que va-t-il m’apporter en cas de réussite?
- Quel serait la conséquence principale en cas de non-réussite?
… Si nous y répondons en étant honnête avec nous même, cela nous permettra d’être conscient sur ce qui nous convient et comment l’aborder.
Alors, et Vous… Pourquoi courez-vous?