Donner des repères. C’est en quelque sorte l’objectif de l’étude menée par l’équipe de Laurence Kern, enseignante chercheur en STAPS à l’université de Nanterre Paris Ouest La Défense. Une enquête menée à partir d’un questionnaire rapide (une dizaine de minutes) que ce professeur d’EPS agrégée entend diffusée à une population la plus large possible. La thématique : la dépendance à l’exercice physique (DEP).
Laurence Kern, qui a mené de nombreuses recherches et effectué plusieurs publications sur ce thème, confie également « bien connaître la question » pour avoir été en Sport Etudes et avoir pratiqué le demi-fond et la boxe française à hautes doses d’entraînement. Aujourd’hui pratiquante de course à pied « en loisirs », elle travaille notamment avec l’Institut Mutualiste Montsouris sur un public d’anorexiques. Et explique : « Ce sont des personnes qui ont tout le temps besoin de bouger. Elles ont, par exemple, tendance à faire énormément d’abdominaux, au point d’en arriver à de sérieux problèmes physiques. L’objectif, c’est de les accompagner dans leur consommation d’activité physique. Pour leur éviter de se blesser ».
Reste que le fait que la pratique de l’activité physique puisse devenir dangereuse (voir notre article addiction à la course à pied : oui, ça peut exister !), est encore tabou. Pas toujours facile à déceler. Et donc à traiter.
Laurence Kern et son équipe ont validé en français, en 2007, l’échelle EDS-R (Exercise Dependance Scale-Revised), un des « instruments » pour mesurer la dépendance à l’exercice physique. « L’EDS-R version française, tout comme l’EDS-R est une échelle composée de sept dimensions corrélées (sevrage, continuité, tolérance, manque de contrôle, réduction des autres activités, temps et intention). Cet instrument peut être utilisé dans le cadre clinique et dans le cadre d’études sur la dépendance à l’exercice physique dans le contexte culturel français », concluait un article de Laurence Kern publié dans Pratiques Psychologiques en 2007.
C’est, entre autres, à partir des 21 questions de l’échelle que l’équipe de Laurence Kern propose donc un questionnaire sur l’activité physique et les comportements alimentaires. Les « scores » des participants seront étudiés en fonction de leurs profils (hommes, femmes, âge, niveau de pratique, etc…) pour permettre d’établir des « normes ». « L’idée, ça n’est pas d’alarmer les gens, mais de leur proposer des moyennes, en fonction de leur profil. Et de fournir des repères aux médecins, psychologues, etc » qui sont amenés à côtoyer des personnes dépendantes.
Les personnes qui veulent bien consacrer une dizaine de minutes à répondre à quelques questions sur leur « consommation » sportive sont invitées à suivre ce lien : enquête sur l’activité physique.
Les premiers résultats de l’étude sont envisagés pour l’été 2015.