Les crampes musculaires d’effort se définissent comme des douleurs brutales suite à une contraction involontaire des muscles squelettiques qui arrive pendant ou immédiatement après l’effort.
Il faut donc différencier ces douleurs musculaires (crampes) des lésions musculaires d’effort (claquage, élongation) ou des DOMS (« courbatures post effort »). Je vous conseille de relire l’article sur les lésions musculaires d’effort pour bien comprendre l’ensemble de la pathologie musculaire d’effort.
Donc les crampes musculaires sont des douleurs violentes, survenant autour d’un effort important, sans lésion musculaire.
On estime que 20 % des sportifs, dans les grandes courses (ironman triathlon par exemple), sont victimes du phénomène de crampes. Malgré cette grande prévalence, chez les athlètes d’endurance ou d’extrême endurance, on ne sait toujours pas les causes précises et les réels facteurs de risque des crampes musculaires.
En premier lieu, encore faut-il être certain que la douleur musculaire du sportif soit une simple crampe d’effort. Il ne faut pas dire que toutes les douleurs musculaires, aiguës, d’effort, sont de banales contractions musculaires, involontaires. Il faut éliminer les douleurs musculaires anormales, entrant dans le cadre d’une réelle maladie. Il faut donc rechercher différentes pathologies. Citons les myopathies, les maladies vasculaires, l’hypothyroïdie, certaines radiculopathies et neuropathies, la maladie de Parkinson, certaines maladies métaboliques, le diabète, l’urémie,… On sait aussi que quelques médicaments peuvent avoir un effet facilitateur sur les douleurs musculaires d’efforts. Citons certains hypolipémiants (médicaments pour faire baisser le cholestérol), certains antihypertenseurs, certains contraceptifs, …
Donc le sportif qui souffre régulièrement de douleurs musculaires, doit consulter un médecin du sport pour éliminer un état pathologique sous-jacent. On sait que, pour certaines maladies, le sport est le révélateur de la pathologie. Cette dernière est, parfois, silencieuse au repos. Je donne toujours le même exemple : lors d’une mort subite, à l’effort, le sport n’est pas la cause de la maladie cardiaque mais le révélateur de cette anomalie cardiovasculaire.
Si l’examen médical et les examens biologiques sont normaux, on peut alors retenir le diagnostic de crampes musculaires d’effort, c’est-à-dire de contraction musculaire involontaire et douloureuse.
Pourquoi souffre-t-on de crampes musculaires d’effort ?
Comme souvent dans le milieu du sport, beaucoup de théories sont avancées sans aucune validité scientifique. Il faut, là encore, se battre contre les idées reçues, nombreuses et classiques, véhiculées et entretenues par les sportifs et ceux qui les entourent et les conseillent !
Les causes, les plus souvent avancées, sont :
- Les causes électrolytiques : « le manque de sel », « le manque de magnésium », « le manque de potassium » … Aucune de ces théories « populaires » n’est validée. Une étude chez les marathoniens (ou plus exactement chez les participants à la course des deux océans, 56 km, Cap Town, Afrique du sud) a montré qu’il n’existait pas d’association entre l’apparition des crampes musculaires et les variations de concentrations sanguines en sodium, potassium, calcium, magnésium. Ces mesures ont été faites avant l’effort, immédiatement après l’arrêt de l’effort, et 1 heure après la fin de l’effort (phase de récupération). Donc le sportif qui souffre de crampes n’a pas plus de désordres électrolytiques que celui qui n’en souffre pas. La cause n’est pas là. On s’en doutait car on sait, depuis longtemps, que les troubles électrolytiques donnent des douleurs musculaires généralisées (à tous les muscles) alors que les crampes musculaires d’effort sont localisées aux muscles qui ont travaillé (membres inférieurs chez les coureurs).
- La déshydratation : là encore, il n’existe pas de différence sur la perte de poids, le profil sanguin (protides, urée, créatinine, …), bref l’état de déshydratation, entre les sportifs qui souffrent de contractions musculaires douloureuses et les autres.
- La théorie environnementale : toujours aucune différence entre les courses en conditions extrêmes (humidité ou chaleur extrêmes) et les courses en milieu classique.
- Enfin, les crampes musculaires ne sont pas liées à l’âge, à l’indice de masse corporelle, au sexe, au niveau des performances récentes ou passées.
Alors qu’elle est la cause ?
On ne sait pas exactement. La théorie retenue par les spécialistes est l’étiologie électrique à savoir une altération du contrôle neuro musculaire (au niveau spinal). Il existe une activité de base augmentée, à l’électromyogramme, pendant la phase de crampe et une réduction de cette activité lors de l’arrêt des douleurs. Cette activité électrique anormale et prolongée serait due à la fatigue musculaire localisée.
En fait, comme toujours, même pour un symptôme courant, classique, qui parait banal, nous n’avons pas d’explication scientifique, certaine. La machine humaine, à l’effort, est physiologiquement compliquée mais le sportif, dans les efforts extrêmes, devient « scientifiquement inexplicable».
Malgré tout, des facteurs de risques ont été bien montrés :
- Un passé de crampes d’effort. Je m’explique : les sujets, qui ont des antécédents de crampes d’effort, ont plus de risques de refaire ces contractions douloureuses que les autres sportifs. Nous ne sommes pas égaux. Il existe un terrain : « il y a ceux qui bronzent et ceux qui font des coups de soleil, la vie est ainsi faite … »
- Une vitesse de course trop grande surtout en début d’épreuve. Les sujets victimes de crampes sont plus souvent ceux, qui ont été trop ambitieux, lors de la première partie de la course.
- Un entraînement trop long et trop dur dans les derniers jours avant la course (3 à 5 jours) avec une possible pré lésion musculaire (augmentation des enzymes musculaires, CPK), avant la course.
Que faire ?
N’ayant pas la cause, il n’existe pas de traitement (préventif ou curatif).
La quinine, par exemple, souvent citée, n’a pas montré une réelle efficacité chez l’athlète souffrant de crampes.
On sait aussi qu’un déficit en magnésium peut avoir des retentissements sur l’activité neuro musculaire (qui semble responsable, en partie, du phénomène de crampe) mais une supplémentation en magnésium n’améliore pas les choses.
Le port de compression (chaussette de contention) ne semble pas apporter un quelconque bénéfice (mais il n’existe pas de réelle étude sur le sujet).
Donc, il faut privilégier la prévention, surtout si le sportif a déjà été victime de crampe. Son risque de faire de nouvelles crampes est en effet plus important que chez le sportif qui n’a jamais souffert de crampes.
Il faut :
- Une bonne préparation et surtout un entraînement très « cool » dans les 5 jours précédents la course : c’est capital (pour réduire le risque de fatigue musculaire prématurée).
- Une première partie de course plus lente que celle de l’objectif supérieur prévu. Le « negative split » doit être la règle du sportif qui souffre de crampes musculaires.
- Bien évidemment, même si les crampes ne sont pas directement dues à des troubles métaboliques ou électrolytiques, il ne faut pas faire d’erreur d’alimentation et d’hydratation.
Si, malgré ces quelques consignes préventives, les crampes s’installent, le traitement se résume au repos car c’est la fatigue musculaire qui est le starter de la crampe. Il faut pratiquer quelques étirements musculaires, doux, passifs (ne jamais faire d’étirements actifs).
Par la suite, il faudra tenter de savoir en quoi l’entraînement et/ou la course ont été, éventuellement, mal gérés.
En conclusion, si le diagnostic de crampe musculaire est facile (douleur violente à l’effort), leur compréhension n’est pas totalement élucidée. Mais le terreau est la fatigue musculaire. Il n’existe pas de véritable traitement. En fait, le sportif qui en souffre, doit mieux se comprendre et savoir, quasiment seul, résoudre ses problèmes.