Marathon, les blessures les plus fréquentes – Partie 1

Découvrez le premier extrait du chapitre rédigé par le docteur Jacques Pruvost consacré aux blessures du marathonien, extrait du livre "Objectif Marathon" de notre coach Jean Claude Vollmer.

Comme chez tous les sportifs, les blessures survenant chez les coureurs à pied sont très diverses et dépendantes :

  • de facteurs anthropométriques : défaut d’alignement des membres inférieurs, mobilité et raideur des articulations portantes comme les chevilles, les genoux ou les hanches, antécédents d’entorse ou de fractures,
  • de variables biomécaniques : technique de course, amplitude de la foulée, types d’appuis au sol,
  • et de variables environnementales : ancienneté de la pratique sportive, erreurs de programmation de l’entraînement ou des compétitions.

 

Ces différentes variables et facteurs de risque sont très importants à connaître, à analyser et à prendre en compte pour les professionnels de santé qui vont accompagner un marathonien dans ses longs mois de préparation vers une épreuve mythique.

Car la course à pied est un sport d’impacts. Chaque appui au sol déclenche des ondes de choc qui éprouvent au quotidien la résistance des structures tendineuses, cartilagineuses et osseuses dont le rôle est d’absorber ces impacts. Les coureurs à pied sont généralement impatients de reprendre après une blessure. Mais la durée des soins, de l’immobilisation relative ou totale ainsi que les critères de reprise de la course sont toujours décidés en fonction de différents facteurs liés au traumatisme :

  • localisation de la blessure (cheville ou colonne vertébrale)
  • type de la blessure (entorse brutale ou blessure chronique)
  • structure atteinte (muscle, ligament, tendon ou os)
  • potentiel de cicatrisation de la structure atteinte (un muscle cicatrise plus vite qu’un tendon ou un os).

 

 

Les blessures du marathonien vues par un médecin du sport de terrain, spécialiste de traumatologie et de physiologie de l’exercice

 

L’entraînement au marathon impose de courir souvent sur le bitume, pendant des durées relativement longues et à des vitesses proches de la vitesse spécifique qui sera choisie pour la compétition. Surface impactante et traumatisante, séances fréquentes et longues, vitesses de course sans grandes variations, voilà trois éléments qui apportent un stress mécanique et des contraintes importantes. La répétition des appuis et des impacts sur les mêmes structures osseuses ou au niveau des membres inférieurs du coureur est très certainement à l’origine des différentes blessures du marathonien.

 

 

La consultation de médecine et de kinésithérapie du sport

 

Pour aboutir à un diagnostic précis et aux soins les mieux adaptés, il est essentiel que le marathonien prenne son temps pour décrire les circonstances de survenue de la blessure, les sensations douloureuses immédiates puis à distance de l’accident initial, ainsi que les problématiques qui lui semblent en relation avec le déclenchement de cette blessure. Le coureur à pied confirmé est le plus souvent un sportif expert qui oriente parfaitement les professionnels de santé vers un diagnostic exact. Le premier temps de consultation est donc un temps d’échange entre sportif et praticien.

Le second temps de la consultation est l’examen clinique du sportif. Il est toujours réalisé debout puis couché. Il est centré sur la région douloureuse mais doit aussi être plus global en recherchant, par exemple, des raideurs articulaires ou musculaires sur le membre inférieur atteint ou du coté opposé. 

Au terme de cet examen clinique, le médecin et le kinésithérapeute du sport ont déjà des orientations précises sur le type de lésion traumatique qui fait souffrir le sportif. Les explorations complémentaires se situent ensuite pratiquement toujours au niveau des explorations radiologiques et de l’imagerie : radiographie, échographie, scanner, IRM voire scintigraphie.

Pour être réellement efficaces, les soins doivent découler d’un diagnostic exact sur le type de blessure et les différentes structures atteintes. Les traitements médicaux ou la rééducation adaptés proviennent d’un diagnostic précis et de la connaissance exacte de l’importance des lésions qu’elles soient tendineuses, ligamentaires, musculaires, cartilagineuses ou osseuses. La cohérence devrait toujours être parfaite entre les symptômes décrits par le sportif, l’examen clinique réalisé par le médecin ou le kinésithérapeute du sport, et enfin les résultats des examens radiologiques.

Pour tous les marathoniens, une seule question : quand vais-je pouvoir reprendre la course à pied ? Le sportif attend surtout de l’équipe médicale une date précise pour la reprise du sport. Il est difficile pour les professionnels de santé qui prennent en charge les sportifs de donner des repères précis à partir d’un premier examen clinique et d’images radiologiques aussi sophistiquées soit-elles. Il faudra réajuster et affiner la réponse, semaine après semaine, au fur et à mesure de l’évolution de la douleur, de l’impact positif ou négatif des traitements médicaux et de la rééducation. 

 

 

La blessure est-elle inéluctable ?

 

Il suffit d’écouter les coureurs à pied débutants ou confirmés énumérer leurs blessures pour comprendre que les différentes lésions au niveau des membres inférieurs ou du rachis sont très présentes dans la carrière sportive des marathoniens. La blessure est vécue comme une punition car elle oblige le plus souvent à arrêter l’entraînement et à revoir la programmation des compétitions. Mais elle devrait être aussi positive si le coureur accepte de se poser les deux questions essentielles : pourquoi me suis-je blessé et comment aurais-je pu éviter de me blesser ? Une remise en question toujours salutaire qui va permettre de revoir la programmation de l’entraînement et des compétitions, la récupération, la préparation physique, le geste technique, l’hygiène de vie, les chaussures, et les aspects psychologiques.

 

 

Les crampes

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Le conseil préventif : Compenser les pertes en sodium par des boissons enrichies en sel et biscuits salés. Oubliez les différents conseils concernant les dangers du sel, ils s’appliquent en priorité aux personnes traitées pour hypertension ou maladies cardio-vasculaires.

 

 

 

 

 

Les lésions musculaires

 

Comment cela se manifeste t’il ? La douleur survient brutalement à l’occasion d’un démarrage, d’un sprint pendant une séance rapide sur la route, sur le stade ou en côte. Chez le marathonien la douleur se situe le plus souvent derrière la cuisse ou au niveau du mollet. Cette douleur impose l’arrêt de la course pendant l’entraînement ou la compétition. Dans ce cas, le coureur devrait consulter le médecin du sport dans les trois jours pour faire un bilan clinique puis échographique de la gravité de la lésion musculaire.

Pour le coureur comme pour le médecin ou le kinésithérapeute, trois signes sont importants à reconnaître : l’importance de la douleur initiale, la perception d’un craquement dans le muscle, la gêne à la marche dans les trois jours qui suivent l’accident initial. L’examen clinique par un praticien qui connaît bien les sportifs va permettre d’évaluer précisément le niveau de la gêne fonctionnelle en mesurant la limitation à l’extension du muscle lésé par rapport au côté sain.

Ces différents éléments vont permettre de classer en deux stades la gravité de la lésion musculaire et surtout de donner une orientation sur la date de reprise possible :

– La douleur a été importante mais sans craquement, le sportif ne boîte pas ou peu et l’examen clinique est rassurant au troisième jour, il s’agit probablement d’une lésion au stade 1 : la reprise de la course lente va pouvoir se faire entre le quinzième et le trentième jour, les objectifs de compétition seront peut être possibles dans les quarante jours après l’accident initial.

– Le sportif a ressenti une douleur violente associée à un craquement, il n’a pas pu marcher normalement pendant trois jours et le médecin retrouve une limitation importante à l’extension, il s’agit d’une lésion de stade 2 : la reprise de la course ne pourra être envisagée avant le quarantième jour, les objectifs sportifs à deux mois sont compromis.

Les lésions musculaires du mollet sont le plus souvent des lésions de stade 2 qu’il faut toujours prendre au sérieux sous peine de rechute. Ne pas respecter le temps de cicatrisation minimum de 40 jours, c’est prendre le risque de se blesser à nouveau quelques semaines avant un objectif majeur et de ne pas pouvoir y participer.

Quelle prise en charge ? L’échographie va permettre de faire un bilan anatomique des lésions musculaires, de préciser leur localisation et d’envisager une ponction en cas d’hématome important. Elle va surtout faciliter le suivi de l’évolution de la cicatrisation. 

Le traitement local initial associe compression et glaçage puis après quelques jours la mobilisation musculaire non douloureuse est mise en place chez un kinésithérapeute du sport. Le suivi pluridisciplinaire (médecin, kinésithérapeute, échographie) de l’évolution de la cicatrisation permet d’accompagner le sportif et d’affiner la date de reprise du footing puis des véritables séances de course, et à terme de la compétition. 

Le conseil préventif : Chez les sprinters, les lésions musculaires surviennent le plus souvent brutalement sans signes avant-coureurs. Mais, chez les marathoniens, il est bien rare que les sportifs ne ressentent pas un début de douleur musculaire de type crampe ou contracture avant que la véritable lésion ne se mette en place. Rester à l’écoute de la survenue de douleurs musculaires inhabituelles et savoir ne pas prendre de risques lors des séances à VMA par exemple, c’est le meilleur moyen d’éviter une blessure qui va parfois prendre beaucoup de temps à cicatriser.

 

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 À suivre…

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