« A cause de la neige, hier matin, j’ai fait dix kilomètres à pied pour rejoindre le CHR de Lille. Hé bien je suis arrivée zen ! Ca fait du bien, et je me dis que je devrais, et que je vais, le faire plus souvent ! » Lorsque le Pr Claire Mounier-Vehier, vice présidente de la Fédération Française de Cardiologie, raconte avec un grand sourire l’activité physique que lui a imposée la météo, elle illustre parfaitement ce que ne cessent de répéter les autorités de santé : bouger, c’est bon pour la santé.
Les recommandations de « 30 minutes d’activité physique » et « 5 fruits et légumes » par jour font partie du quotidien des Français, notamment depuis le lancement du Programme National Nutrition Santé (PNNS) en 2001. Mais entre le fait de connaître les recommandations, et de les appliquer, il y a un pas… que tout le monde n’a pas encore franchi. Loin de là ! « Il y a des éléments encourageants, mais encore du travail à faire », résume Serge Hercberg, nutritionniste et président du programme PNNS. Exemple : au début des années 2000, la consommation de sel était en moyenne de 10g/jour/personne. En 2009, elle était descendue à 8.4g. Reste que l’apport recommandé est lui de 6g/jour/personne. Autrement dit : bien, mais peut mieux faire. Or avoir une alimentation plus équilibrée est un élément clé dans la lutte contre les maladies cardiovasculaires, l’obésité, le cholestérol et le diabète étant des facteurs de risque.
Autre paramètre sur lequel la Fédération Française de Cardiologie continue d’insister : le tabagisme. Selon des chiffres datant de 2010, 29% des Français se déclarent fumeurs (26% des femmes, 34.2% des hommes) : c’est deux points de plus qu’en 2005. Le problème, c’est qu’avant 45 ans, 80% des victimes d’infarctus fument. Et quelle que soit la quantité de cigarettes consommées, fumer augmente le risque de survenue d’un infarctus du myocarde. Inversement : arrêter de fumer après un accident cardiovasculaire diminue de 32% le risque de récidive. En clair : il n’est jamais trop tard pour arrêter… même si mieux vaut encore ne jamais commencer ! Et le Pr Daniel Thomas, cardiologue, de rappeler à ce propos le rôle essentiel d’exemplarité des parents : « 200 000 adolescents qui ont entre 10 et 15 ans fument au quotidien. Des études ont montré que les jeunes qui ont leurs deux parents fumeurs, ou uniquement leur mère, sont deux fois plus nombreux à grilleur leur première cigarette ».
Des enfants aux parents, la Fédération Française de Cardiologie souhaite donc impliquer tous les membres de la famille dans des actions de prévention. « Les enfants sont de vraies éponges en matière de prévention, insiste Claire Mounier-Vehier. Des parents peuvent très bien arrêtés de fumer parce que leur enfant a rapporté un message de prévention. Les enfants sont également désinhibés lorsqu’il s’agit de reproduire les gestes de premiers secours qu’ils ont appris ». Fort de ce constat, les Parcours du Coeur Scolaires seront organisés le 5 avril dans les établissements scolaires. Avant le grand week-end de mobilisation qui verra plus de 820 parcours proposés à travers le pays (le programme est sur www.fedecardio.org/parcoursducoeur). Au programme : activités sportives mais aussi initiations aux gestes de premiers secours, et conseils délivrés par des professionnels de santé.
Des professionnels qui savent qu’ils doivent également lutter contre les inégalités sociales. Selon une enquête de 2009, 16% des ouvriers étaient obèses, contre 8% des cadres.
Consciente que les populations les plus défavorisées et les moins instruites sont les plus exposées aux risques de maladies cardiovasculaires, la Fédération Française de Cardiologie a souhaité simplifier davantage ses messages et outils de communication. Elle propose notamment de faire le point sur sa santé cardiaque en quelques minutes grâce au test « J’aime mon cœur » (plus d’informations ici). Des conseils personnalisés peuvent ensuite être régulièrement délivrés aux personnes intéressées. Une application mobile « cardio info » a aussi été lancée. Là encore, chacun peut évaluer son risque cardiovasculaire et recevoir des conseils gratuits. Enfin pour les coureurs, la fonction « Run Raising » permet non seulement de connaître sa distance, sa vitesse et son temps de course, mais aussi de transformer ses kilomètres parcourus en dons : 1 km = 1 euro. De telle sorte que bouger soit bon pour votre propre santé… et pour celle des autres !