Le Drop
Cette terminologie technique de construction de la chaussure est, depuis quelques temps, source de réflexion et de questionnement chez les coureurs. La prudence demeure toujours lorsque des nouvelles tendances se présentent dans le conseil chaussure.
Le drop, c’est donc tout simplement la différence de hauteur entre l’arrière de la chaussure et l’avant de la chaussure. Un drop Zéro est une valeur qui définit une hauteur similaire à l’avant et à l’arrière.
Quels conseils peut donner le podologue sur ce sujet ? Tout d’abord, connaître les besoins du coureur, savoir si intuitivement il se sent mieux à plat que surélevé. Ensuite, penser que le drop n’a pas qu’une incidence sur notre pied mais également sur notre posture globale. Un coureur dont les appuis sont sur l’avant du pied les augmentera s’il utilise une chaussure trop haute. Il pourra créer une augmentation des charges sur les os de l’avant-pied. Inversement, un coureur dont les appuis sont talonniers pourra être mieux si on lui conseille une chaussure plus haute afin de le faire passer en avant et favoriser sa dynamique.
Chaussures à semelles épaisses
Utiliser des chaussures dont la semelle est plus épaisse peut être conseillé afin de les utiliser pour leurs qualités de stabilité et de maintien (juste au niveau de la semelle, moins au niveau de la tige) sur des terrains instables (sable, pierrier, neige, terrain boueux). Par contre, leur utilisation lors des courses avec une amplitude de pas élevée pourra, chez certains coureurs, provoquer une augmentation des efforts pour actionner la chaussure dans le sens longitudinal.(voir schéma)
Contrefort
Si les contreforts souples peuvent être confortables et garantir une aisance certaine lorsque les frottements avec la chaussure entraînent des contraintes (phlyctènes = ampoules, inflammation de l’os ou du tendon d’Achille), il faut par contre privilégier des modèles de chaussures qui tiennent l’arrière pied pour une stabilité optimale chez les coureurs « arrière-pied et médio-pied ».
Laçage
Le laçage est très personnel et doit être réalisé sans créer de contraintes sur le dessus du pied. En effet, il faut éviter de comprimer le cou de pied afin de ne pas entraîner de lésion du tronc vasculo-nerveux dorsal, c’est-à-dire une apparition de perte de sensibilité ou des fourmillements sur le dessus du pied.
La course pied-nu
Une nouvelle tendance est apparue depuis une dizaine d’année en référence à nos ancêtres « cueilleurs-chasseurs » qui couraient sans chaussures. Si cette vision de la course peut convenir à des personnes ayant des qualités naturelles permettant cette manière de courir, les coureurs souhaitant modifier leur aptitude individuelle doivent se montrer prudents. Une période de transition longue devra être observée. Le podologue, en collaboration avec l’entraîneur, pourra conseiller le coureur en tenant compte de son historique de pathologies afin de le préserver des blessures pouvant intervenir dans cette période de modification de sa technique.
Les orthèses
Selon la troisième loi du mouvement (parfois appelée loi d’action-réaction) d’Isaac Newton (physicien et mathématicien anglais 1642-1727), « dès qu’une force agit sur un corps, il existe une force égale et opposée de même nature qui agit sur un corps différent ». Cette loi aide à comprendre le besoin d’un sportif qui subit des charges de travail tout au long de son activité sportive.
Le choc est un phénomène transitoire bref. Il se caractérise par une accélération et par une durée. Le choc a une fréquence propre qu’il est parfois bon d’atténuer.
Pourquoi aborder le chapitre de l’orthèse par cette loi de physique ? Tout simplement parce que le coureur va être confronté à des charges de travail qui vont entraîner des chocs répétitifs. Nous avons vu plus haut que la course à pied était répétitive, symétrique et unidirectionnelle. Régulièrement nous entendons parler d’amorti, de besoin d’amortir. Or, la course à pied est une activité qui a besoin d’énergie, de propulsion. Il semble d’une part illusoire de supprimer ou d’atténuer ce dont nous avons besoin. D’autre part, le besoin d’amorti s’il peut être utile, doit être mesuré et quantifié, afin d’obtenir une valeur face à laquelle il faut mettre un produit ou un matériau. Le besoin évoluera d’ailleurs pour un même sportif en fonction des critères qui se modifient au cours de l’entraînement (la distance, la vitesse, la longueur du pas, les sols, la fatigue…).
L’orthèse représente un filtre à utiliser avec précision et précaution. Ce système à ressort (les matériaux ainsi que les éléments qui la constituent fonctionnent en compression et en détente comme un amortisseur) permet de redonner une fonction lors des mouvements unidirectionnels qui vont de l’arrière vers l’avant tout en s’orientant de l’extérieur vers l’intérieur.
L’orthèse concrétise toute la réflexion faite en amont sur la connaissance de notre patient et de notre métier de podologue. C’est la synthèse de l’analyse du besoin de notre patient dans son environnement. En aucun cas, un sportif ne devra subir notre travail, c’est pourquoi il sera préférable d’utiliser des techniques de semelles thermoformées qui s‘adapteront aux pieds de l’athlète pour une personnalisation de la chaussure.
Le moulage ne sera par contre pas la seule action thérapeutique ; celle-ci consistera tout d’abord à respecter la morphologie du pied en tenant compte des modifications à effectuer dans le moulage afin de compenser en premier lieu les défauts de fonctionnement statique et dynamique du pied. Ensuite, le podologue procédera à des modifications par l’ajout d’éléments qui respectent les mouvements nécessaires à la pratique de la course en fonction de paramètres préétablis au cours de la consultation. Il faudra s’adapter aux motifs de consultation tout en étant efficace dans la chaussure présentée à l’examen.
En résumé, les matériaux la constituant seront choisis sur deux axes :
- Ceux de constitution qui s’adapteront le mieux possible au couple coureur-chaussure.
- Ceux qui redonneront une fonction physiologique au pied dans la course.
Conseil chaussure
A ce stade, le conseil de chaussure interviendra soit pour confirmer ou compléter l’existant, soit pour orienter vers d’autres modèles. Il sera d’ailleurs judicieux d’utiliser plusieurs paires en fonction de leur rôle et des objectifs à atteindre (une paire pour l’entraînement rapide et une paire pour l’entraînement long par exemple).
La multitude de chaussures est une aubaine car cela permet au coureur de disposer d’un choix important. A charge pour lui, en se faisant conseiller, d’utiliser plusieurs paires adaptées à ses besoins (course sur le bitume, sorties longues, sorties rapides, terrain différents sable, pierrier, boue, etc.).
La chaussure s’est adaptée au travers des siècles au besoin de son utilisateur en fonction de son rôle dans une activité donnée. Il faut penser la chaussure comme un élément qui a permis la protection tout en combinant le confort et la performance. Dans la course à pied, le rôle de la chaussure a été de proposer un produit qui s’adaptait à la mobilité unidirectionnelle. Nous pouvons considérer que l’objectif a été atteint si l’on en juge par l’amélioration des temps, l’augmentation du nombre de participants.
Le choix d’une chaussure doit donc passer par une analyse du besoin. Pour le marathonien, un moyen simple est de se référer à la performance : pour les athlètes qui courent autour de 2h10, choisir des chaussures de 220 grammes ; autour de 2h50, 280 grammes ; autour de 3h30, 330 grammes et ensuite la plus protectrice possible (la plus résiliente possible : retour à l’état initial de la matière la constituant) par un poids qui résistera à la charge du temps passé dans la chaussure.
Néanmoins, les conseils seront différents selon la qualité des sportifs, en gardant à l’esprit que la légèreté est utilisée pour la performance et qu’une chaussure ne représente que quelques grammes pour un coureur qui pèse plusieurs kilogrammes.
Il faudra préférer des chaussures fabriquées sur le principe 2/3 postérieur et 1/3 antérieur, qui s’adapte mieux à la mécanique du pied qui fléchit à la métatarso-phalangienne (articulation en arrière des orteils) pour la course à pied. voir schéma
Le podologue, tout comme le coureur, doit intégrer que le terme « bonnes chaussures » est subjectif. Il dépend du besoin de chacun. La préférence citée ci-dessus n’est d’ailleurs pas une vérité mais un choix qui permet d’orienter vers des chaussures qui semblent plus tolérantes…
En effet, plus la chaussure sera rigide dans le plan frontal, plus elle sera performante, mais à vitesse faible les muscles intrinsèques (muscles internes au pied) souffriront beaucoup plus. Il faudra mettre beaucoup de force au niveau de l’avant-pied, du tendon d’Achille, du mollet et du genou pour actionner la chaussure.
Il semble par contre difficile d’analyser le type de course à travers l’usure de la chaussure de running car cette usure est souvent la composante de plusieurs paramètres sans rapport avec le type de course : force de frottement, gravité terrestre, qualité de la chaussure, masse du coureur, sols, angle d’attaque du pied en rapport avec la forme des jambes, etc.
En effet, tous les paramètres précités seront autant d’éléments encore une fois à prendre en compte, ainsi que la bonne correspondance sol/chaussure/mouvement. Un athlète s’épuisera si l’énergie restituée par un sol trop dynamique ou un matériau trop visco-élastique est supérieure à sa réponse neuromusculaire.
La Chaussette
Comme pour l’orthèse, les chaussettes sont constituées de fibres de différentes origines (animales, végétales ou minérales) ayant des caractéristiques spécifiques (titrage, rigidité, capacité d’absorption…). En fonction du mixage de ces fibres et de leur technique de construction (tricotage) on peut répondre à des besoins tels que :
- Garder les pieds au frais et au sec (coolmax®)
- Garder les pieds au chaud et au sec (thermolite®)
- Réguler la température (outlast®)
- La durée d’utilisation et la température extérieure sont importantes pour établir un choix de fibres cohérent.
- Sur marathon avec des conditions météorologiques changeantes, plusieurs paires sont nécessaires afin d’éviter les blessures cutanées et pour préserver l’hygiène du pied.
- La sueur ainsi que la pluie sont des vecteurs de fragilisation de la peau, souvent responsable de l’apparition de phlyctènes (ampoules).
- L’association « chaussures qui respirent et chaussettes qui évacuent » est un couple gagnant.
- Les problèmes d’insuffisance veineuse ou de jambes lourdes, de phlyctènes, d’ongles, pénalisants pour le sportif, peuvent être améliorés avec la « chaussetto-thérapie ».
Les sols
Pour les sols, il faudra retenir qu’il est préférable de courir sur des surfaces stables (le sable est instable).
- Un bitume ne sera pas plus traumatisant, si la température extérieure est élevée, qu’un sous-bois au sol gelé en hiver.
- Plus un sol redonne d’énergie, plus l’athlète devra faire fonctionner son système musculaire de freinage excentrique, ce qui sera plus fatigant pour le muscle.