Variabilité n’est pas variation
Les durées entre chaque battement cardiaque ne sont pas constantes. Un athlète dont la FC de repos est de 60 pulsations par minute ne bat pas à une pulsation par seconde. Les écarts entre les battements peuvent être de 0.8s, puis 1.2s…
L’analyse de la variation de ces durées (en millisecondes) détermine la Variabilité de la Fréquence Cardiaque, enregistrée au moyen d’un cardiofréquencemètre (technologie Suunto ou Polar) doté de la fonction R-R (intervalle entre 2 pics de l’onde PQRST sur l’électrocardiogramme).
L’interprétation des données de la montre se fait ensuite à l’aide du freeware finlandais Kubios ou via une application du type elite-HRV. Sur Kubios de très nombreuses informations sont présentes comme celles-ci-dessous :
Sur le schéma de gauche, nous voyons une représentation de la valeur des intervalles R-R. On remarque que cet athlète présente un rythme de 1 battement par seconde à 1 battement pour 1.6s. Cela correspond sur le schéma de droite à une FC repos instantanée de 37 à 60 battements par minute, pour une FC moyenne de 44. Mais attention, cette variabilité ne doit pas être confondue avec la variation de la FC repos. La FC repos peut baisser d’un jour à l’autre et la VFC augmenter !
Notre système nerveux autonome nous parle
Cet indice, la VFC, est le marqueur du Système Nerveux Autonome (sympathique / parasympathique). Le système sympathique intervient dans les activités involontaires des situations de stress et d’éveil. Il stimule l’ensemble des organes qui jouent un rôle dans la défense de l’organisme. Le neuromédiateur principal du système sympathique est l’adrénaline qui accélère le rythme cardiaque et augmente la pression sanguine.
Le système parasympathique se charge des activités involontaires des situations de paix et de repos. Les activités larges de la digestion sont stimulées (sécrétions salivaire, stomacale, intestinale, hépatique, pancréatique). Le neuromédiateur principal du système parasympathique est l’acétylcholine. Elle ralentit le rythme cardiaque et diminue la pression sanguine. La respiration est plus calme.
Dans les disciplines aérobies, des études ont montré la pertinence de l’utilisation de la VFC dans la gestion de la charge d’entraînement (Kiviniemi 2007), dans la mesure de cette charge (Kaïkkonen 2010, Saboul 2015), dans la détection du surentraînement (Foster 1998) et l’estimation de la performance aérobie (Buccheit 2009, 2010). Enfin, Carter a montré que l’exercice aérobie accroît la VFC indépendamment du sexe et de l’âge (Carter, 2003).
Les courbes de VFC apportent des informations dans le domaine temporel (FC moyenne, SDNN et RMSSD), dans le domaine fréquentiel (ondes de très petites fréquences VLF , de basses fréquences LF et de hautes fréquences HF) et dans le domaine non-linéaire avec la représentation de Poincaré.
Les recherches se poursuivent sur l’exploitation des données mais il y a consensus sur le protocole d’enregistrement : Le matin au réveil, pendant 5 minutes, et couché. Les dernières recherches (Saboul 2011, 2015) préconisent la respiration libre et la focalisation sur l’indice temporel du RMSSD comme marqueur fondamental de la VFC.
La VFC est une méthode rapide, objective et non invasive de suivi physiologique et de contrôle du surentraînement. C’est un outil individuel à associer avec d’autres méthodes (Foster, questionnaires, bilans sanguins, évaluations physiques). La VFC permet une planification de l’entraînement et une gestion des périodes de récupération et de charge intensive. Couplée avec la fréquence de repos, la charge de travail, la contrainte et les sensations, la VFC devient un outil objectif précieux pour l’entraîneur comme pour l’athlète.
6 réactions à cet article
Pierre D
sujet très intéressant. On a hâte de trouver des indicateurs (surcharge, par exemple) sur notre montre.
merci
Bastien
Réaliser un test orthostatique tous les soirs plutôt que tous les matins est-il pertinent ? Merci !
Pascal Balducci, expert lepape info
Bonjour Bastien, il est largement préférable de faire le test le matin pour éviter les stress de la journée. Si vous le réalisez le soir, la valeur du test dépendra largement de ce que vous aurez fait la journée, travail ou pas, entraînement ou pas …
DUBOISSE
Bonjour Pascal,
Comment expliquerais-tu un « rebond » de VFC 24 à 48h après un trail alors que je suis très fatigué avec le ressenti d’être épuisé ?
Par avance merci !
Sébastien
Pascal Balducci, expert Lepape info
Bonjour Sébastien, il peut s’agir d’un artefact ou d’un rebond hormonal lié à la course, sans lien avec le niveau de fatigue. J’imagine qu’ensuite ça a rechuté ??
Sébastien
Pascal, merci pour ta réponse, j’avais du mal à me dire que cela pouvait être réaliste d’autant que la mesure est effectuée de manière identique à chaque relevé (Haptools).
Cela m’est arrivé déjà 2 fois après une course et une fois après un bloc de charge.
Cependant, cette fois-ci les valeurs sont restées assez hautes sur les 2 mesures consécutives malgré un ressenti de fatigue nerveuse important (nuits courtes + chaleur).