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Petit point physiologique sur les particularités de la femme sportive

Pendant de nombreuses années, les femmes ont été mises de côté dans le sport. Pierre de Coubertin n’a-t-il pas dit : «une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte ». Aujourd’hui le monde a évolué fort heureusement !

De nos jours, de plus en plus de femmes font du sport mais il aura fallu attendre les années 80 pour voir ce réel progrès ! La loi du 16 juillet 1984 a une part de responsabilité à ce progrès car cette loi stipule que  « la pratique sportive constitue un droit pour chacun quels que soient son sexe, son âge, ses capacités ou sa condition sociale ». Si on se penche par exemple sur le marathon, il faudra attendre l’année 1983 pour voir les femmes participer aux championnats du monde d’athlétisme de cette épreuve et suite logique, 1984, pour participer au marathon des Jeux Olympiques de Los Angeles.

Par contre il est vrai qu’une femme reste une femme et qu’elle a ses propres spécificités (physiologiques, morphologiques etc). Elle n’a pas le même corps que l’homme avec pour conséquence une différence entre les performances masculines et féminines même si depuis quelques années, elles se rapprochent sur certaines épreuves. Pour quelles raisons ? Nous le verrons ci-dessous en décrivant les particularités physiologiques de la femme sportive. Nous les décrierons en les comparants à celles des hommes afin de mieux les comprendre.

Les spécificités physiologiques

  • Relatives au système cardiovasculaire

FORCE/VITESSE

D’un aspect physiologique, la femme part avec un certain retard par rapport aux hommes surtout en ce qui concerne le domaine de la force et de la puissance. En effet, malgré un gain musculaire à l’entraînement égal à celui des hommes, les femmes ont moins de force, car elles ont davantage de fibres lentes (type I) que de fibres rapides (type IIa et type IIb) par rapport à eux. De même dans la résultante Force/Vitesse= Puissance, celle de la femme est encore inférieure à celle des hommes ce qui peut expliquer leurs moins bonnes performances et notamment dans les épreuves de puissance.

Mais plus la distance sera longue, plus la femme pourra se rapprocher des performances des hommes. Pourquoi ? Elles ont plus de fibres lentes que les hommes (51% contre 46%) et elles oxydent deux fois plus de lipides que les hommes ce qui leur permet de préserver leur glycogène musculaire.  Donc il ne faut pas croire que leur masse grasse (20% contre 10% en moyenne) les contraint énormément.

VO2Max

Il  reste une différence fondamentale qui implique de moins bonnes performances que celles des hommes : la VO2max. La VO2max chez la femme varie entre 25 et 70 ml/kg/mn alors que chez l’homme elle est de 30 à 90 ml/kg/mn. Mais si on se rapporte par rapport au poids (Kg), la différence de la VO2max entre l’homme et la femme est minime. Le cœur de la femme a alors un débit cardiaque plus faible. En résumé, les femmes ont une moins bonne capacité de transport de l’oxygène dans le sang ce qui induit que la pression artérielle est plus basse et que la fréquence cardiaque maximale est moins élevée que chez l’homme.

Comment expliquer cette différence de VO2max ?

Chez les femmes, la concentration en hémoglobine (Hb) et les réserves en fer et de ferritine* sont plus basses (notamment dues aux menstruations) (Hb 150-155 mg/ml vs 135-140 mg/ml soit + 12 % chez les hommes). Or, l’Hémoglobine a la faculté de capter l’oxygène (O2) pour le faire véhiculer par les globules rouges, ce qui explique la moins bonne capacité de transport d’oxygène des femmes.

Pourquoi les femmes ont moins d’hémoglobine que les hommes ?

Car elles ont moins de testostérone et c’est la testostérone (hormone mâle) qui favorise la production d’Hb et de globules rouges.

*le fer a une action primordiale dans le transport de l’oxygène jusqu’aux muscles. Le manque de fer peur entraîner une anémie. Mais il faut surveiller davantage la ferritine car elle permet le stockage du fer et ainsi éviter les carences préjudiciables à la performance.

  • Relatives aux fonctions génitales

Le sport génère une inhibition de la fonction génitale chez les sportives surentraînées, relatives à une diminution de la sécrétion en oestrogènes et en progestérone qui peut se traduire par un retard d’apparition des règles chez la jeune fille, ou une raréfaction ou une disparition des règles chez la femme pubère. Elle peut également entraîner une baisse de la masse osseuse avec apparition d’une ostéoporose précoce, ainsi qu‘une diminution de la fertilité.

Pour conclure, les femmes sont loin d’être ridicules sur les épreuves d’endurance telle que le marathon. D’ailleurs, à l’heure actuelle seulement 11 minutes et 26 secondes séparent le recordman du marathon (2h03mn59s par Haile Gebreselassie, Ethiopie  le 28 Septembre 2008 à Berlin) du recordwoman du marathon (2h15mn25s par Paula Radcliffe, Grande-Bretagne le 13 avril 2003 à Londres).

En résumé, Mesdames ne partez pas perdantes face aux hommes.

Si vous voulez avoir plus de chance face à eux, alignez-vous sur une longue distance (voire un 100km) car vos qualités physiologiques et psychologiques vous donneront de nombreux avantages.

Méfiez-vous donc Messieurs !

1 réaction à cet article

  1. Un petit commentaire concernant ceci :
    « la femme part avec un certain retard par rapport aux hommes surtout en ce qui concerne le domaine de la force et de la puissance. […] les femmes ont moins de force […]. De même dans la résultante Force/Vitesse= Puissance, celle de la femme est encore inférieure à celle des hommes ce qui peut expliquer leurs moins bonnes performances et notamment dans les épreuves de puissance. Mais plus la distance sera longue, plus la femme pourra se rapprocher des performances des hommes. »
    La dernière partie est exacte, mais pas la première. Considérons en effet la différence de vitesse relative entre les records du Monde masculins et féminins sur diverses distances :
    – Sprint court (50 m, 60 m, 100 m) : 9% d’écart en moyenne
    – Sprint long (200 m, 400 m) : 11% d’écart en moyenne
    – Demi-fond (800 m, 1000 m, 1500 m, mile, 3000 m, 5000 m) : 12 % d’écart en moyenne
    – Fond (10 000 m, semi-marathon, marathon) : 10% d’écart en moyenne
    – Grand fond (100 km) : 8% d’écart
    Avec la distance, l’écart relatif hommes-femmes augmente quand on passe du sprint court, au sprint long puis au demi-fond, et diminue ensuite quand on passe au fond et au grand fond.
    Je précise que je ne sais pas pourquoi il en est ainsi (physiologie, biomécanique, mental… ?), mais je tenais à rectifier certaines « croyances » qui sont malheureusement reproduites ici sans preuve.

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