Crédit photo : pavel1964

Du calcul mental pour progresser en endurance !

Depuis quelques années, on cible mieux les liens qu’il existe entre fatigue physique et fatigue mentale. Par exemple, on sait pourquoi la capacité à se contrôler (intellectuellement ou émotionnellement) est influencée par la fatigue de l’exercice physique, et donc pourquoi on n’est plus vraiment patient après une séance difficile.

 

Inversement, la fatigue mentale impacte la performance physique de sorte qu’une séance réalisée en fin de journée de travail peut paraître bien plus difficile que si elle avait été réalisée le matin. Question de « ressources d’autorégulation », c’est-à-dire de capacités à composer avec des éléments contraignants (les douleurs, la soif, la chaleur, …) que l’on n’a pas forcément envie de gérer à ce moment-là.

 

Sur cette base d’interactions psycho-physiologiques, des stratégies d’entraînement se sont développées pour optimiser les composantes mentales de performance physique. En fait, on a cherché à savoir s’il y avait des bénéfices à moyen-terme à travailler des opérations mentales qui sont détériorées pendant l’exercice. Et la réponse semble positive.

 

D’abord, il faut savoir que les opérations mentales dont le cerveau humain est capable sont plurielles : planifier les étapes d’un trajet, retenir une liste de courses, inhiber une douleur, relativiser une mauvaise nouvelle, anticiper la conséquence d’un événement en cours, imaginer ce que quelqu’un raconte… En psychologie cognitive, on regroupe toutes ces opérations sous 3 fonctions exécutives distinctes : la mémoire de travail, l’inhibition sélective et la planification.

 

Pour l’entraînement cognitif dans les sports d’endurance, parmi ces 3 fonctions, on s’est d’abord porté sur la fonction d’inhibition sélective. Logique, quand on y pense, car la gestion de la douleur à l’exercice (autrement appelé la résilience du sportif) paraît largement corrélée à une meilleure performance…

 

image1

 

D’ailleurs, les études connexes ne manquent pas : entraîner la capacité d’inhibition chez des fumeurs réguliers ou des individus alcooliques a montré des effets positifs après des protocoles de 7-8 semaines.

 

En sport, les recherches sont en cours ; mais les résultats préliminaires semblent prometteurs ! Comment cela se passe concrètement ? Et bien on place des sportifs sur un home-trainer, on les fait pédaler longtemps, on allume la télé, puis on leur fait regarder des émissions de télé-réalité. Et on regarde quand ils craquent…

 

Non, plus sérieusement, une des stratégies cognitives à l’effort les plus utilisées aujourd’hui pour repousser les limites mentales du sportif est l’utilisation d’une tâche de Stroop : un jeu à réaliser sur ordinateur. En même temps que vous faites du home-trainer, évidemment.

 

En deux mots, l’idée est d’amorcer en vous un automatisme par l’intermédiaire d’un stimulus affiché à l’écran (ex : répondre avec la main droite). Or, parmi tous les stimuli qui sont présentés successivement dans ce jeu, seulement quelques-uns déclenchent un automatisme correct. Les autres activent un automatisme incorrect qu’il vous faut inhiber et corriger pour apporter une réponse correcte au stimulus. Et ainsi obtenir de bonnes performances au test.

 

En Angleterre, une étude qui a testé cette stratégie pendant plusieurs semaines sur des militaires a vu leur temps à l’épuisement augmenter : comparativement à avant le protocole, les participants stoppaient un effort à intensité fixe plus tardivement à la fin du protocole.

 

Toutefois, on sait que ce type de test (par ex. un temps à l’épuisement) est aussi celui qui montre les plus grandes variations de performance. Il est donc peu sûr que les résultats auraient été les mêmes avec d’autres épreuves. Un transfert de ces résultats sur des performances en course contre-la-montre (par exemple) permettrait ainsi d’asseoir la validité de cette stratégie d’entraînement.

 

Les prochains mois le diront…

À moins que vous ne proposiez ci-dessous votre propre retour d’expérience… 🙂