Douleurs de la face interne de la cuisse : conseils et préventions

Bonjour,

J’ai besoin de votre aide pour m’aider à poser un diagnostic sur mes douleurs, car les 10 médecins spécialistes que j’ai vu ne trouvent pas et se contredisent.

Je sais que pour bon nombre d’entre vous, cela fait des années que vous luttez, pour ma part cela fait un peu plus de 4 mois et je suis déjà à bout. Je vais essayer de résumer mes symptômes de manière simple en les énumérant :

– La 1ère chose que j’ai ressentie est une sorte de démangeaison avec une très légère sensation de brûlure sur l’intérieur de ma cuisse gauche. La douleur qui ne m’a absolument pas inquiété car elle me semblait être d’ordre dermatologique et j’ai pensé que je faisais une sorte de réaction à la lessive ou un truc du genre. La peau de ma cuisse est du coup plus sensible, et le contact des vêtements plutôt désagréable. Cela donne un peu le sentiment d’une irritation mais il n’y a rien de visible. Le muscle des adducteurs semble plus contracté que le côté droit et paraît plus chaud. Cette douleur peut parfois aller sur le devant de la cuisse mais ne descend jamais en dessous du genou.

– Ce problème de cuisse gauche cité ci-dessus peut tout à fait disparaître complètement au profit d’une douleur dans l’Aine gauche qui ressemble plus à une sorte de pincement/étirement/élongation dans le pli de l’aine qui peut durer assez longtemps (1 heure) et qui peut parfois devenir plus fort sur une fraction de seconde : environ 2 à 3 fois par heure. Le pincement même si c’est très court est alors très douloureux sur cette fraction de seconde qui me fait vraiment serrer les dents. Heureusement, cela arrive moins d’une dizaine de fois par jours.

– J’ai également des douleurs au niveau du pubis, toujours côté gauche, douleurs bizarres qui ressemblent à un point de côté ou une courbature. Ces douleurs sont parfois palpables dans la journée en appuyant fort sur le pubis. Ces douleurs au pubis sont parfois majorées quand je plie mon buste pour le pencher vers l’avant. Il arrive que la douleur se majore aussi immédiatement lorsque j’ai les jambes allongées et que je croise mes jambes en mettant le pied gauche sur le pied droit mais ce n’est pas systématique.

– Il m’arrive de temps en temps de ressentir une légère douleur au niveau de la hanche ou de la fesse mais j’ai l’impression que ces deux douleurs sont apparues suite à des séances de Kiné car je ne me souviens pas les avoir eu au début. Dans tous les cas, ces deux douleurs sont parfaitement supportables et assez rares donc elles ne m’inquiètent pas.

– Je n’ai aucune douleur dessous au niveau du périnée, ni au sexe et pas non plus à l’anus. Donc aucune gêne au niveau du périnée non plus ou sensation désagréable de corps étranger dans l’anus. Aucune perturbation pour uriner ou aller à la selle, tout se passe normalement de ce côté-là. Il m’arrive d’avoir quelques démangeaisons au niveau de l’anus, surtout le soir en fin de journée, mais je mets cela sur le compte de légères hémorroïdes. Pas de problème d’ordre sexuel non plus.

– Les douleurs décrites, bien que quasi permanentes en journée ne s’expriment jamais toutes ensembles, elles alternent de l’une à l’autre mais je n’en ressens quasi jamais deux en même temps. De plus, il m’est impossible d’avoir la moindre action sur ces douleurs, je suis incapable de les déclencher ou de les soulager (sauf allongé), je n’ai aucun contrôle dessus.

– La nuit, les douleurs sont très atténuées. Au début, il y a 4 mois, je ne ressentais rien la nuit, mais aujourd’hui, il m’arrive de sentir la douleur mais elle reste quand même très atténuée par la position allongée.

– Je ne sais pas si c’est psychologique mais je supporte bien mieux la douleur chez moi le soir que pendant la journée. En général, c’est à partir de midi jusqu’à 20h que c’est le plus dur mais ça reste variable.

– Je n’ai pas de limitation dans le mouvement de mes membres, je peux faire ce que je veux, même courir (bien que j’évite) et prendre toutes les positions sans problème. La seule chose qui me gêne, c’est la douleur.

– Je n’ai pas trouvé d’Antalgique ou d’AI qui fonctionne (Ibuprofene, codoliprane, Ketoprofene etc…)

Voilà, je crois avoir décrit du mieux que je peux mes symptômes. J’ai bien entendu pensé à une cruralgie.
Les avis de médecins se contredisent.

Merci infiniment pour vos contributions par avance.

 

La réponse de notre médecin du sport :

 

Bonjour,

Bravo pour la description très précise de vos douleurs de l’aine et de la face interne de la cuisse gauche. Plutôt qu’une cruralgie, je pense que, au vu de vos douleurs, nous devons plutôt nous orienter vers une névralgie par compression d’un nerf périphérique. En effet vous décrivez les symptômes d’une atteinte de la branche sensitive d’un nerf (troubles de la sensibilité superficielle, brûlures, zone « gâchette », déclenchement par certaines positions, soulagement par d’autres positions) mais pas d’atteinte motrice puisque vous continuez a être active et que vous pouvez courir ( ce que vous ne pourriez pas faire en cas de réelle cruralgie).

Certains nerfs peuvent être atteints par compression dans une zone anatomique très serrée et on parle alors de névralgie par « syndrome canalaire ». L’excellente description que vous faites de vos symptômes doit faire penser à une névralgie due à un syndrome canalaire au pli de l’aine gauche et il est possible que le nerf atteint soit le nerf obturateur ou bien le nerf lio-hypogastrique.

Je vous propose de consulter un médecin spécialisé en neurologie et/ou qui pratique les électromyogrammes (EMG). Cet examen va probablement permettre de préciser et de localiser l’atteinte du nerf. Si l’EMG est négatif, ce qui est possible, il faudra aller plus loin dans les explorations. Une échographie et une IRM de la racine de la cuisse gauche pourra être contributive au diagnostic. Le traitement est le plus souvent chirurgical par une « neurolyse », l’opérateur libérant le nerf des éléments qui le comprime.

Ne soyez pas désespérée, lorsque le diagnostic précis sera posé, la prise en charge thérapeutique sera efficace et votre douleur disparaîtra.

Tenez-nous au courant.

Cordialement

Dr Jacques Pruvost