Si les adeptes des sports collectifs viennent consulter le médecin du sport pour une pubalgie, les coureurs à pied viennent plutôt consulter pour des douleurs de l’aine. La région inguinale est riche en muscles et tendons, en éléments osseux et en articulations, en vaisseaux et en nerfs. Ces douleurs de l’aine entrant dans le cadre large des pubalgies, le rôle du médecin du sport sera de faire la part de l’origine de la douleur. Le long adducteur est le muscle le plus souvent à l’origine des douleurs du pubis et de l’aine chez les coureurs. Nous allons donner quelques pistes pour mieux comprendre, mieux traiter et mieux prévenir les douleurs des adducteurs.
Une étude prospective qui montre la fréquence de l’atteinte des adducteurs chez les sportifs
Pour mieux étudier et comprendre la fréquence et la complexité des différentes atteintes du pubis et de l’aine, le Pr Per Hölmich, médecin du sport danois, a étudié 207 sportifs victimes de pubalgies. Les douleurs en relation avec une atteinte des adducteurs étaient les plus fréquentes (94 cas), devant les douleurs en relation avec une pathologie du muscle ilio-psoas (73 cas) et loin devant les autres pathologies reconnues pour être responsables de pubalgies (15 cas dont hernie du sportif, atteinte de la symphyse pubienne ou de la sacro-iliaque, fracture de fatigue ou arthrose de hanche). Cette étude montre bien que, lorsqu’ils souffrent du bassin ou de l’aine, pratiquement un sportif sur deux, et notamment les coureurs à pied, sont victimes d’une lésion des muscles adducteurs.
Le rôle des adducteurs en course à pied
Les muscles adducteurs sont particulièrement nombreux et puissants. Comme tous les autres muscles qui s’insèrent sur le bassin, les adducteurs ont une fonction complexe. Les adducteurs ont un rôle dans l’équilibre transversal du bassin, limitent l’importance de l’abduction (ils sont souvent atteints lors des glissades et grands écarts mal controlés…) et possèdent des composantes de flexion-extension et de rotation axiale de la hanche. L’anatomie fonctionnelle du groupe musculaire des adducteurs est d’autant plus complexe qu’il faut imaginer leur fonction dans les trois plans de l’espace.
Long adducteur et grand droit opposé
Une notion anatomique est essentielle à comprendre pour mieux cerner le rôle du long adducteur : devant la symphyse pubienne, les longs adducteurs droits fusionnent avec les grands droits gauches, (les adducteurs gauches fusionnant avec les grands droits droits), pour réaliser une seule et même structure, l’aponévrose pré-symphysaire. Cette notion anatomique partagée par tous ne permet pourtant pas encore d’expliquer clairement le mode de transfert des forces et des charges à travers cette aponévrose située devant le pubis. Cette notion permet cependant de mettre en place un travail préventif de renforcement et d’étirement des muscles du tronc en synergie totale avec le travail de renforcement et d’étirement des adducteurs.
L’examen clinique des adducteurs
Le médecin du sport et le kinésithérapeute qui vont prendre en charge une atteinte des adducteurs à son insertion sur le bassin vont réaliser des tests cliniques. Ces tests vont permettre d’évaluer l’importance de la douleur, de s’assurer que le long adducteur est le seul atteint, et de suivre l’impact des différents traitements sur la pathologie.
Les examens radiologiques
L’examen clinique permet d’orienter le diagnostic en montrant que l’origine des douleurs se situe à l’insertion de l’adducteur sur le pubis lors des différents tests. Les examens radiologiques complémentaires sont incontournables : il s’agit d’une radiographie centrée sur l’insertion des adducteurs au niveau du pubis et d’une échographie pour mieux cerner le type de la pathologie au niveau de cette insertion. En effet, l’insertion du long adducteur sur la branche ischio-pubienne est la fois musculaire (en moyenne 60%) et tendineuse (en moyenne 40%). Le rôle de l’échographie est de préciser si l’atteinte se situe bien au niveau du long adducteur et s’il s’agit d’une tendinopathie d’insertion, d’une fissure tendineuse ou bien d’une atteinte à la jonction entre l’os et le muscle ou entre le tendon et le muscle. En cas de doute sur le type de l’atteinte, une IRM pourra faire précisément la part les lésions tendineuses et musculaires.
Quels sont les traitements médicaux ?
En cas de lésion musculaire à l’insertion ou de lésion à la jonction entre le tendon et le muscle, le repos relatif et la kinésithérapie non douloureuse permettent le plus souvent la cicatrisation.
En cas de tendinopathie d’insertion du long adducteur, les soins médicaux sont la plupart du temps adaptés pour venir à bout de la douleur et de la pathologie. La physiothérapie locale, les massages transverses profonds (MTP), les ondes de choc, la mésothérapie sont efficaces et peuvent être réalisés d’emblée. Les étirements tendino-musculaires réalisés sur le mode du « contracté-relaché » doivent toujours être réalisés au départ par un kinésithérapeute qui connait bien les sportifs.
Et la chirurgie ?
En cas de tendinopathie vraie qui résiste au traitement médical et de rééducation, la consultation chirurgicale peut être proposée au sportif. Après plusieurs mois de traitement médical sans réussite, la ténotomie, c’est-à-dire la section chirurgicale des adducteurs du coté atteint, peut être la seule solution pour soulager les douleurs.
Douleurs des adducteurs, les conseils du médecin du sport
Les douleurs de l’aine sont fréquentes chez les sportifs et notamment chez les coureurs à pied. Dans la même zone, les hommes souffrent plutôt d’une atteinte des adducteurs alors que les femmes souffrent plutôt du muscle ilio-psoas.
Attention : petite douleur, grands effets. Une simple douleur des adducteurs est le signe qu’il existe des problèmes mécaniques complexes au niveau du bassin du sportif. Une simple douleur des adducteurs peut se compliquer en une pubalgie qui va durer des mois. Les adducteurs ne fonctionnent pas de manière isolée. Ils travaillent en synergie avec un grand nombre de muscles du bassin ou du tronc. D’où l’importance d’imaginer une préparation physique globale et une rééducation qui vont corriger les déséquilibres musculaires, qui vont réduire l’instabilité entre le rachis lombaire et le bassin et qui vont réduire le retard à la contraction des muscles du tronc par rapport aux muscles des membres inférieurs.
En cas de douleur des adducteurs, un examen clinique suivi d’une échographie permettront de comprendre l’origine et le type de la pathologie :
– S’il s’agit d’une atteinte musculaire, le repos et les soins de physiothérapie doivent suffire à traiter l’atteinte en quelques semaines ;
– S’il s’agit d’une atteinte tendineuse, les étirements, les massages transverses profonds et les ondes de choc vont, dans la grande majorité des cas, permettre de soulager le sportif.
Quelle que soit le type de la douleur des adducteurs, les étirements des chaines musculaires antérieures (ilio-psoas ; droit antérieur ; grands droits), des ischio-jambiers, des abducteurs et rotateurs externes des hanches doivent être revus et corrigés par le kinésithérapeute du sport puis réalisés parfaitement par le sportif.