La question : Je cours régulièrement mais dimanche dernier, première sortie dans le petit froid d’automne, départ un peu rapide avec les copains peut-être, et au bout de 3/4 d’heure, j’ai ressenti une douleur dans le mollet gauche, comme une crampe bizarre. J’ai fini le tour encore une 1/2 heure en faisant la grimace. Bizarrement , j’avais plus mal en ralentissant qu’ en accélération. Dimanche après-midi, la douleur était vive, je boitais, ce n’était pas une crampe ! Diagnostic du médecin lundi : élongation. Je n’ai pas vu d’hématome mais on m’a dit que ce n’était pas toujours visible. Depuis, repos difficile car il faut bien marcher… Mon mollet est toujours dur et la douleur présente. Pourtant je peux étirer mon mollet sans aucune sensibilité . Un prof d’athlé me dit que ça peut être une douleur du nerf sciatique qui se coince entre deux loges musculaires car je suis sujet à ce type de problème. Ce serait une première, car d’habitude c’est plus une douleur dans la fesse ou le bas du dos à gauche. C’est le même côté, alors qu’en pensez-vous ? Hier, j’ai fait un tour de vélo « pépère » et je n’ai rien ressenti. Par contre, après une marche un peu rapide pour les courses, le soir j’ai ressenti une petite pointe dans le mollet. Dois-je attendre la fin définitive des symptômes pour recourir ? Y a t-il des exercices d’étirements spécifiques pour accélérer la cicatrisation ? Y a t-il un diagnostic différentiel entre lésion musculaire et sciatique du mollet ? Philippe Steux.
La réponse de notre médecin du sport, Yannick Guillodo.
La description que vous faites de cette douleur du mollet est en faveur d’une lésion musculaire du triceps. En effet, la sciatique tronquée ne débute pas ou rarement de la façon décrite.
Il s’agit donc d’une lésion musculaire.
Le froid du matin que vous décrivez n’est en rien responsable de votre lésion musculaire. La meilleure preuve est que vous vous êtes blessé au bout de trois quarts d’heure de pratique sportive, donc vos muscles étaient « chauds ». Il est vrai que dans le milieu du sport, on véhicule toujours cette affirmation : on se lèse les muscles à froid et non à chaud. Cette affirmation est totalement fausse car toutes les études montrent que les sportifs font des lésions musculaires majoritairement après 30 ou 40 minutes d’activité sportive.
Le groupe musculaire le plus souvent touché chez le sportif d’âge mûr (plus de 35 ans) est le triceps sural. Cette lésion est décrite sous le terme de « tennis leg ». Il s’agit d’une désinsertion (rétraction) des fibres basses du jumeau interne. Cette désinsertion entraîne souvent un décollement entre ce muscle (jumeau interne) et le muscle sous-jacent, le soléaire.
Que vous n’ayez pas mal en faisant du vélo est tout à fait normal. En effet, la pratique du cyclisme ne sollicite pas le triceps sural. Il faut donc continuer à pratiquer du vélo sans aucune restriction. C’est mon premier conseil. Mon deuxième conseil et de mettre une chaussette de contention (niveau 2) qui aura deux buts : minimiser l’hémorragie due à la lésion musculaire et éviter que le décollement entre les deux muscles soit trop important. Cette chaussette est à porter tout de la journée. Enfin, je vous conseille de porter, au quotidien, une chaussure qui a un talon un peu surélevé pour soulager le triceps sural.
N’essayez pas de reprendre la course trop tôt car ce muscle est vraiment le muscle de la course. Laissez-vous quatre à six semaines sans propulsion, donc sans course. Faites du vélo avec plaisir et reprenez progressivement à courir, sur terrain plat, dans quelques semaines comme je vous l’ai dit.
Tout autre traitement ou rééducation est inutile.
Ceci est une réponse à une question posée à notre médecin du sport, Yannick Guillodo : vous aussi posez votre question à notre médecin