Qu’est-ce qu’une crampe ? La réponse médicale : une contraction involontaire, passagère et douloureuse, visible et palpable d’un muscle ou d’un groupe musculaire.
Durant l’effort, tous les sportifs y ont gouté un jour ou l’autre. Mais la crampe de nuit ? Celle qui survient pendant le sommeil, débute brutalement, persiste quelques minutes et cède à l’étirement du muscle ou du groupe musculaire atteint. Une crampe qui peut, qui plus est, se répéter plusieurs fois au cours d’une même nuit.
Les crampes de nuits surviennent le plus souvent sur les muscles fléchisseurs :
– au niveau des jambes, elles atteignent surtout les muscles situés derrière les jambes, les triceps suraux, ou les muscles situés sous les pieds, les fléchisseurs des orteils ;
– au niveau des bras, elles atteignent plutôt les biceps ou les muscles situés devant l’avant-bras, les fléchisseurs du poignet.
Les crampes nocturnes sont parfois si violentes qu’elles laissent des séquelles douloureuses type courbatures musculaires les jours suivants. Attention, ces douleurs musculaires survenant après crampes doivent être respectées qui ne devraient pas solliciter les muscles atteints pendant plusieurs jours. Il est possible, en effet, que de véritables lésions musculaires aient été déclenchées et, en cas de douleurs persistantes, il n’est pas illogique de vérifier l’intégrité des faisceaux musculaires par échographie.
Attention aux douleurs musculaires nocturnes permanentes
Revenons à la définition de la crampe nocturne : il s’agit bien de contraction passagère qui ne dure que quelques minutes. En cas de douleurs nocturnes permanentes et violentes sur un groupe musculaire, et notamment sur les muscles situés au niveau de la face antérieure et externe du tibia, les causes peuvent être très différentes. Il peut s’agir d’un « syndrome de loge aigu » avec atteinte très importante de fibres musculaires suite à une longue randonnée en montagne ou un trail par exemple. Dans ce cas, le mieux est de consulter rapidement en milieu médical car le traitement est parfois chirurgical : il consiste à ouvrir la loge fibreuse antéro-externe du tibia pour libérer les muscles extenseurs de la cheville comprimés dans cette loge.
La cause des crampes pour les passionnés de biochimie
La raison pour laquelle les crampes surviennent à l’exercice ou après l’exercice est connue. L’activité physique engendre des pertes hydriques accompagnées de perte de sodium. De là, le sel qui circule dans l’organisme est diminué en concentration comme en quantité. La diminution du sodium circulant fait que les échanges entre le plasma, les liquides extracellulaires et les cellules musculaires se font plus difficilement. La diminution ou l’arrêt des échanges entre le sodium extracellulaire et le calcium intracellulaire conduit progressivement à une accumulation de calcium dans la cellule musculaire. Il en résulte une contraction involontaire et prolongée des muscles squelettiques.
Traiter et prévenir les crampes
La cause physiopathologique des crampes est donc connue mais comment faire pour les éviter et les traiter ? En fait, il n’existe pas une seule méthode de prévention. Les conseils sont habituellement multiples et associent généralement toutes les méthodes qui vont éviter la survenue de ces crampes : nutrition et hydratation, récupération, amélioration du drainage veineux et lymphatique, suppression des produits ou médicaments pouvant être responsables, sevrage tabagique.
Nutrition et hydratation adaptées pour éviter les crampes nocturnes
Les règles de bases établies, il est important de rappeler que tous les sportifs (peut-être pas tous mais beaucoup) font tous des erreurs nutritionnelles. Or la prévention essentielle contre les crampes et notamment les crampes nocturnes est de s’assurer que l’hydratation est correcte pendant les entrainements ou les compétitions mais aussi et surtout lors des périodes de récupération. Manque d’eau et de minéraux, notamment sodium et potassium, sont les premiers éducatifs à réviser pour prévenir l’arrivée de ces contractions musculaires douloureuses. Les sportifs ont en premier lieu besoin de compenser les pertes en sodium. Oubliez les différents conseils concernant les dangers du sel, ils s’appliquent en priorité aux personnes traitées pour hypertension ou maladies cardio-vasculaires. Le chlorure de sodium ou bien le bicarbonate de sodium sont essentiels chez les sportifs, notamment les sportifs d’endurance. Les boissons de l’exercice doivent être enrichies en sels car les risques que font courir aux sportifs un manque de sel, l’hyponatrémie, sont très importants. Ce déficit en sel est en effet très souvent à l’origine des déshydratations sévères et des coups de chaleur d’exercice qui frappent les coureurs à pied lors des compétitions d’endurance.
Le manque de sodium peut ne pas être le seul responsable de la survenue de crampes. Si les analyses sanguines montrent un déficit, il peut être logique de supplémenter un coureur atteint de crampes fréquentes par les autres minéraux que sont le potassium, le magnésium ou parfois le calcium.
Crampes nocturnes : les boissons à éviter
Les boissons de l’effort sont le plus souvent adaptées à la prise en charge des problèmes d’hydratation et de récupération des sportifs mais d’autres boissons peuvent être au contraire responsables du déclenchement des crampes : il s’agit des boissons dites « énergétiques » qui sont largement distribuées et utilisées en milieu sportif. Ces boissons sont hyperosmolaires, c’est-à-dire que leur teneur en eau est faible, quasi nulle en sels minéraux et qu’elles sont par contre très riches en substances stimulantes qui ne permettent pas la réhydratation, la caféine par exemple.
Il est aussi logique de déconseiller toutes les boissons stimulantes comme le café, le thé ou le maté aux sportifs qui en consomment beaucoup et qui souffrent de crampes.
Les boissons alcoolisées, et notamment le vin blanc, sont connues pour déclencher des crampes nocturnes. Il est donc recommandé d’être très raisonnable après un entrainement long ou bien une compétition même si vous avez réussi à monter sur le podium ! Je me permets de rappeler que la bière est une boisson alcoolisée. Si la bière est riche en éléments nutritionnels qui peuvent aider à la récupération après exercice, elle est aussi riche en alcool, donc diurétique, et peut de ce fait aggraver une déshydratation…
Après exercice, et notamment si les séances ont lieu en soirée, il est important de respecter les éducatifs que sont les étirements tendineux et musculaires. Ces étirements font partie de la récupération et doivent être réalisés systématiquement et consciencieusement.
Les massages de drainage réalisés régulièrement par un kinésithérapeute font partie des soins habituels de récupération chez un sportif intensif. Il n’est pas rare de croiser des sportifs qui pratiquent les automassages ou bien les massages en couple, ce sont d’excellents moyens de récupération.
Crampes nocturnes et insuffisance veineuse
Les crampes aux mollets peuvent aussi être révélatrices de problèmes veineux superficiels ou profonds. Dans un premier temps, les « petits moyens » peuvent être utilisés pour prévenir la survenue des crampes : douches froides sur les jambes en remontant le jet de bas en haut sur le mollet, récupération les jambes plongées dans une bassine d’eau froide, récupération les jambes en l’air, massages drainants, surélévation du pied du lit de quelques centimètres. Le fait d’utiliser des boosters de contention pendant l’exercice ou bien des chaussettes de contention en récupération peut être très efficace pour faire disparaitre les crampes d’origine circulatoire.
En cas de véritables varices, une consultation chez un médecin spécialiste du système veineux est très recommandée. Les thérapeutiques peuvent aller de la simple sclérose des varices à l’ablation chirurgicale.
Crampes et tabac
Les fumeurs sont moins représentés chez les sportifs que chez les non sportifs, mais nous connaissons tous des sportifs qui fument après l’exercice. Le tabac a un effet vasoconstricteur, c’est-à-dire qu’il est responsable d’une diminution du calibre des artères et donc d’une diminution de la circulation sanguine au niveau cardiaque mais aussi des différents muscles squelettiques du corps humain. Chez un sportif fumeur, le tabac peut être parfaitement le seul responsable des crampes qui surviennent à distance de l’exercice, c’est-à-dire les crampes nocturnes.
Crampes et médicaments
Certains médicaments sont connus pour être responsables de douleurs musculaires ou de crampes à répétition. Il s’agit des différentes familles de médicaments utilisées pour soigner l’augmentation du cholestérol (fibrates et statines), pour soigner l’hypertension (diurétiques et nifépidine), pour traiter l’asthme (bronchodilatateurs bêta 2 stimulants), pour traiter la constipation (laxatifs). Si un sportif remarque l’apparition de crampes musculaires en relation avec l’introduction de ces médicaments, il est logique d’arrêter ces traitements pour les remplacer par d’autres produits moins agressifs pour les muscles.
Et si les crampes persistent malgré tout ?
Il faut que le médecin traitant ou le médecin du sport qui suit le sportif victime de crampes prescrivent des examens à la recherche de maladies chroniques en relation avec une cause infectieuse, métabolique, thyroïdienne ou musculaire. Dans la grande majorité des cas, ces examens seront négatifs et ne permettront pas de faire un diagnostic précis. Le terme de « crampes idiopathiques nocturnes» sera utilisé et un traitement à base de quinine pourra être proposé au sportif. Mais ce traitement n’est pas sans risque pour le sportif : il doit toujours être prescrit et surveillé par le médecin.
En conclusion, la grande majorité des crampes nocturnes va disparaitre avec une remise en question de la nutrition et de l’hydratation associée à la mise en place de méthodes de récupération musculaires adaptées. Mais, chez certains, ces crampes douloureuses vont perdurer. Une consultation auprès du médecin traitant ou médecin du sport est alors nécessaire. Et dans une grande partie des cas, ils faudra mettre en place des consultations multidisciplinaires en relation avec les spécialistes des pathologies vasculaires, neuromusculaires ou hormonales afin de déterminer la cause. Car il n’est pas question de rester dans l’inconnu si vous avez des crampes musculaires nocturnes.