Ce que nous ne savons toujours pas : ou et quand l’épidémie a-t-elle débuté en France ?
A ce jour, le premier cas officiellement recensé est celui d’un touriste chinois de 81 ans arrivé en France le 16 janvier 2020, hospitalisé le 25 janvier et décédé le 14 février à Paris.
Le département de l’Oise a été très tôt confronté au coronavirus. Une étude rétrospective réalisée par le Pr Arnaud Fontanet et l’Institut Pasteur à partir du lycée de Crépy-en-Valois, le tout premier « cluster » de l’épidémie en France, donne des éléments très précis. Les tests sérologiques, qui mesurent la présence d’anticorps dans le sang, ont été pratiqués chez 661 personnes, dont dix personnes hospitalisées. Les résultats font penser que le coronavirus était sans doute présent à Crépy-en-Valois depuis la seconde quinzaine de janvier.
Sources : Fontanet A. « Cluster of COVID-19 in northern France : a retrospective closed cohort study ». 23 avril 2020. medRxiv.
Ce que nous avons appris à bien connaître : les signes cliniques de l’infection par le Covid-19.
Comme pour toutes les infections respiratoires, la fièvre, la toux, la fatigue générale, les maux de gorge, les courbatures sont le plus souvent révélateurs de l’atteinte virale par le coronavirus.
Dans les formes graves, la détresse respiratoire apparaît brutalement et justifie une hospitalisation en urgence. Les embolies pulmonaires sont en grande partie à l’origine du syndrome respiratoire aigu sévère.
Mais d’autres symptômes peuvent être aussi les seuls à se manifester et ceci dès le début de l’infection :
- signes gastro-intestinaux avec perte d’appétit, nausées et vomissements,
- maux de tête inhabituels et persistants,
- signes oculaires avec conjonctivite et larmoiement, kératite et brûlures oculaires,
- perte de l’odorat (anosmie), perte du goût (agueusie),
- signes dermatologiques à type d’engelures au niveau des orteils et des doigts mais aussi signes cutanés à type d’urticaire au niveau du tronc et des membres.
Certains signes sont très spécifiques. Ainsi, dans l’étude réalisée à Crépy-en-Valois par l’Institut Pasteur, 85 % des personnes ayant déclaré une perte d’odorat et 88 % ayant déclaré une perte du goût étaient porteurs d’anticorps contre le Covid 19.
Sources : Lara A. « Atteintes multi-organiques et COVID-19 : quoi de neuf au 29 avril 2020 ». Univadis. Actualités médicales. 29 avril 2020.
Ce qui fait la complexité du Covid-19 : la maladie sans symptômes ou avec peu de symptômes.
C’est peut être difficile à imaginer actuellement mais une grande partie de la population aura été contaminée par le coronavirus sans avoir présenté de symptômes (17 % chez les personnes testées positives à Crépy-en-Valois ) ou bien en n’ayant présenté que des symptômes mineurs n’ayant absolument pas perturbé leur mode de vie habituelle. Ceci fait dire aux médecins spécialistes des infections que la maladie déclenchée par le Covid-19 est parfaitement bénigne dans environ 60 à 80 % des cas. On le sait, cette population qui ne se sent pas malade est pourtant porteuse du virus et est contagieuse pendant plusieurs jours.
Ce qui fait la spécificité du Covid-19 : les atteintes pulmonaires dans les formes bénignes.
Le Pr Raoult et son équipe de l’IHU de Marseille ont suivi depuis le début de l’épidémie 4000 patients infectés par le Covid19. Et, à leur grande surprise, les scanners pulmonaires réalisés systématiquement chez tous les patients infectés ont montré des lésions pulmonaires chez plus de 50 % des personnes atteints de formes mineures qui n’avaient pourtant pas de signes cliniques au niveau respiratoire.
Si l’on sait que ces images pulmonaires disparaissent totalement en quelques semaines, personne ne peut assurer que ces lésions ne laisseront pas de séquelles fibreuses avec une baisse des performances respiratoires chez les sportifs intensifs.
Sources : Raoult D. méditerranée-infection.com « Point sur l’épidémie : Risque-t-on une nouvelle vague ?». 28 avril 2020.
Quand les virus laissent des séquelles au niveau du muscle cardiaque : les myocardites.
Dans la plupart des maladies virales, les atteintes ne se limitent pas au niveau rhino-pharyngé, pulmonaire, digestif ou au niveau hépatique. Les lésions peuvent aussi se situer au niveau du muscle cardiaque et engendrer des inflammations aiguës ou chroniques nommées « myocardites ». A distance de l’épisode initial, comme au niveau pulmonaire, il s’agit de cicatrisation sur un mode fibreux qui entraîne un risque de mauvais fonctionnement au niveau du muscle cardiaque et de mauvaise adaptation à l’exercice intensif. Au stade actuel de la pandémie, nous en savons très peu sur l’incidence réelle de ces myocardites chez les patients victimes de formes mineures. Mais les cardiologues spécialisés dans le suivi des sportifs nous alertent au quotidien sur les risques cardiaques à la reprise du sport.
Avant le déconfinement du 11 mai, un point sur les tests de détection du Covid-19.
Deux types de tests permettent de mieux cerner dans quelle phase de la maladie se situe la personne atteinte par le virus. Pour être réalisés en laboratoire, ces tests doivent être prescrits par un médecin.
La personne atteinte est-elle en phase aiguë de la maladie ?. Le test PCR, dit test de dépistage rapide par écouvillonnage au niveau nasal ou pharyngé, permet de détecter la présence du Covid-19 dans les sécrétions naso-pharyngées ou dans la salive. Il est positif dés les premiers jours de l’infection et se négative généralement en moins de 15 jours lorsque les signes cliniques disparaissent (en cas de forme bénigne) ou qu’au contraire la maladie se complique (en cas de forme grave).
La personne a-t-elle été atteinte par la maladie ?. Le test sérologique nécessite un prélèvement sanguin et permet de savoir si la personne infectée par le coronavirus a développé des anticorps. Ce test est positif à distance de la maladie, environ 15 jours minimum. Ce test, plus fiable que le test PCR, est intéressant dans plusieurs indications. Par exemple, il permet de détecter les personnes qui ont été infectées par le coronavirus mais qui n’ont pas eu de symptômes. Sa prescription est donc conseillée en priorité pour les soignants et accompagnants à l’hôpital, en ville ou en EHPAD. Ce test est aussi recommandé pour les personnes au contact du public et celles travaillant en espace confiné. Au plan épidémiologique, ce test est systématiquement utilisé pour les études rétrospectives comme celle réalisée à Crepy-en-Valois.
Sources : has-santé.fr. « Place des tests sérologiques dans la stratégie de prise en charge de la maladie COVID-19 ». 2 mai 2020.
Déconfinement et reprise du sport intensif : dans quel cas vous situez-vous ?
Les sportifs sont des patients experts qui connaissent très bien leur histoire et sont tout à fait capables de se situer devant une échelle d’évaluation des risques concernant leur santé. Nous allons tenter de décrire une démarche schématique et donner plusieurs orientations a partir de cas cliniques concrets.
- Vous avez été victime d’une forme grave du Covid-19 avec toux, fièvre, alitement pendant plusieurs jours, éventuellement détresse respiratoire puis hospitalisation. Le scanner thoracique a révélé des images typiques et les tests PCR ou sérologique ont confirmé l’infection par le SARS-CoV-2. Il s’agit d’une forme grave et le sport, quel que soit votre niveau de pratique, ne doit pas être repris avant une consultation médicale chez votre médecin traitant ou votre médecin du sport. Les examens suivants devraient être envisagés : examen clinique complet, spiromètrie, électrocardiogramme de repos et épreuve cardiologique d’effort. Au moindre doute, une IRM cardiaque pourrait être envisagée avant la reprise sportive.
- Vous avez du cesser toute activité physique et professionnelle pendant cinq à sept jours du fait de la fièvre, de la toux, de courbatures et d’une fatigue générale importante. C’était en février ou début mars, avant le confinement, et votre médecin n’a pas prescrit de scanner ni de test PCR. Il est très possible que vous ayez été victime d’une forme symptomatique du Covid-19. Avant la reprise, quel que soit votre niveau de pratique, il serait raisonnable de consulter votre médecin traitant ou votre médecin du sport pour un examen clinique complet, un électrocardiogramme de repos et éventuellement un test sérologique.
- Vous avez présenté pendant quelques jours un ou plusieurs symptômes que vous retrouvez dans le deuxième paragraphe de cet article et vous vous êtes senti(e) fatigué(e) pendant quelques jours. Par prudence, vous avez cessé les activités physiques mais vous n’avez pas été vraiment limité(e) dans vos activités habituelles. Il est très possible que vous ayez été victime d’une forme bénigne et peu symptomatique du Covid 19. Si vous pratiquez le sport de manière intensive, un test sérologique pourrait être justifié. En cas de présence d’anticorps à ce test, un bilan clinique et cardiologique devrait être mis en place avant la reprise de l’entrainement intensif et des compétitions.
- Vous n’avez présenté aucun symptôme mais avez été en contact avec un cas confirmé ou vous faites partie des professionnels qui ont poursuivi leurs activités pendant le confinement. Il est possible que vous ayez été simplement victime d’une forme bénigne « asymptomatique ». Une consultation chez votre médecin traitant devrait être envisagée. Dans ce cas, un test sérologique pour diagnostic de Covid-19 pourrait être justifié car, si négatif, il sera très rassurant pour la reprise du sport en compétition.
- Vous avez moins de 35 ans et habitez en « zone verte ». Vous n’avez pas un métier qui vous oblige à être en contact avec des personnes à risque de transmettre le Covid-19 et n’avez jamais eu de symptômes inhabituels depuis fin janvier. Vous faites très probablement partie de la très grande majorité des français qui n’a pas été infectée par le coronavirus. Vous pouvez reprendre le sport de manière régulière en suivant les conseils de votre coach personnel ou en appliquant les excellents conseils développés sur le site Lepape-info.