En France, la prévalence de l’asthme est importante puisque environ 7 à 8 % de la population non sportive est atteinte de cette maladie pulmonaire. Chez les sportifs, cette fréquence de survenue est encore plus élevée. Certaines études montrent que, dans certains sports et selon le niveau de pratique, la survenue d’un asthme à l’exercice peut être réelle dans plus d’un tiers des cas. En associant plusieurs facteurs déclenchants, la course à pied est un sport à risque pour l’asthme et l’asthme à l’exercice.
L’asthme, une maladie pulmonaire connue depuis des siècles
L’asthme est une maladie connue depuis la nuit des temps et qui commence souvent précocement dans l’enfance. Les symptômes associent des crises d’asthme au repos, le plus souvent nocturnes, et des signes
« atopiques » comme la rhinite allergique et l’eczéma. Chez ces enfants, l’activité physique a longtemps été considérée comme dangereuse ce qui entrainait quasi systématiquement une dispense de sport à l’école. Depuis une trentaine d’année, les médecins ont changé leurs représentations sur l’exercice. Ils ont compris que la pratique d’une activité physique régulière est essentielle pour maintenir une bonne qualité de vie. Ainsi, l’asthme n’est plus une contre-indication à la pratique sportive en milieu scolaire. Mais les exercices « d’endurance » restent redoutés à juste titre par les enfants asthmatiques alors que les sports collectifs sont beaucoup mieux supportés. Les différents professionnels qui encadrent les enfants asthmatiques doivent donc être correctement formés pour permettre aux enfants asthmatiques de s’intégrer dans le sport.
Asthme « classique » ou asthme induit par l’exercice ?
Un enfant ou un adulte souffrant d’asthme au repos ont de grandes chances de déclencher un asthme lors de la pratique sportive. Pour ces populations, les sports d’endurance pratiqués en période froide ou bien exposés aux allergènes de l’environnement et aux irritants comme le chlore des piscines vont très souvent déclencher des crises d’asthme.
Mais, pour une grande partie des sportifs, les symptômes respiratoires déclenchés par l’exercice apparaissent tardivement après des années d’entrainement. Ces sportifs souffrent d’une maladie différente de l’asthme de repos ou asthme « classique » : il s’agit d’un asthme induit par l’exercice qui ne sera déclenché que dans des conditions particulières et notamment lors de séances à intensité élevée.
Les symptômes qui doivent faire penser à un asthme induit par l’exercice
Les symptômes respiratoires survenant à l’exercice chez un sportif alors qu’il pratiquait sans problèmes depuis de nombreuses années la course à pied sont souvent trompeurs. Le coureur est un peu limité pendant la pratique de son sport favori mais la gêne respiratoire, parfois très importante, survient essentiellement à l’arrêt de l’exercice. Sur le terrain, l’auscultation du sportif ne permet pas de percevoir des sifflements, ces sibilances qui signent l’asthme nocturne ou l’asthme de repos. Les sportifs souffrent d’autres symptômes souvent très présents à l’arrêt de l’exercice : une toux sèche, un essoufflement trop important, des oppressions thoraciques, des sécrétions nasales abondantes, une irritation de la gorge. Ces symptômes peuvent apparaître après de nombreuses années de pratique.
L’asthme induit par l’exercice peut aussi se limiter à une irrégularité des performances. Il faut donc savoir suspecter un asthme induit par l’exercice chez un coureur à pied qui a des performances en « dent de scie », notamment l’hiver.
Asthme induit par l’exercice : pour quelles raisons ?
Les différentes hypothèses scientifiques pouvant expliquer la fréquence de l’asthme induit par l’exercice chez les sportifs sont les suivantes :
– l’hyperventilation d’exercice en air froid et sec déclenche une inflammation chronique au niveau des cellules bronchiques,
– l’exposition à la pollution ou l’exposition répétée et massive aux allergènes de l’environnement induisent les mêmes inflammations,
– L’exercice favorise une libération excessive de médiateurs chimiques qui favorisent la constriction des bronches,
– La fréquence élevée des rhinites et sinusites chroniques chez les sportifs entretient les symptômes pulmonaires.
La course à pied, un sport à risque pour l’asthme
La pratique de la course à pied induit l’inspiration de grands volumes d’air, jusqu’à 200 litres par minute lors des séances à VMA. Ceci implique l’inhalation de grandes quantités d’allergènes présents dans l’atmosphère, les graminées par exemple. L’exposition à la pollution est un autre facteur de risque puisque le risque de développer un asthme est trois fois plus grand dans les grandes villes que dans les zones moins polluées. L’intensité de la pratique est aussi un facteur de risque puisque la prévalence de l’asthme est plus élevée chez les sportifs de compétition que chez les sportifs loisirs. Il existe sans doute un effet dose (durée + niveau de pratique) car l’asthme induit par l’exercice atteint fréquemment le niveau national et international, beaucoup moins le niveau régional. Les médecins du sport encadrant les sports comme le cyclisme, le triathlon, le demi-fond et le fond, le ski de fond et la natation, n’hésitent plus à parler de maladie professionnelle du sportif d’endurance de niveau national ou international.
Quels examens pour un diagnostic précis ?
Les symptômes décrits par le sportif permettent très souvent de suspecter un asthme induit par l’exercice et la course à pied. Les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) doivent être ensuite réalisées chez un pneumologue. Si le sportif est un asthmatique connu, cette EFR va montrer un trouble ventilatoire avec obstruction bronchique qui disparaîtra après la prise du traitement spécifique de l’asthme. Mais s’il s’agit d’un asthme induit par l’exercice, les EFR de repos seront le plus souvent négatives. Il faudra alors réaliser une épreuve d’effort sur tapis roulant pour mettre en évidence l’obstruction bronchique à l’exercice. Chez les sportifs de haut-niveau, le déclenchement des symptômes à l’exercice ne se fera que pour des charges d’exercice importantes et dans les conditions habituelles de l’entrainement ou de la compétition. Dans ce cas, les médecins du sport qui accompagnent les sportifs devront réaliser des explorations respiratoires sur le terrain pour faire la preuve de l’asthme induit par l’exercice.
Quels traitements ?
Les traitements de l’asthme de repos et de l’asthme induit par l’exercice sont actuellement bien codifiés et le plus souvent très efficaces. Concernant les médicaments de l’asthme, la liste des interdictions 2015 élaborée par l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) est très précise : « Tous les bêta2-agonistes sont interdits sauf le salbutamol inhalé, le formotérol inhalé et le salmétérol inhalé ». Si la prescription d’autres bêta2-agonistes doit faire l’objet d’une autorisation d’utilisation thérapeutique, la liste 2015 permet de soigner sans difficulté l’ensemble des sportifs souffrant d’asthme de repos ou induit par l’exercice. Le traitement « au long cours » associe la prise de bêta2-mimétiques de longue durée d’action (formotérol par exemple) et de corticoïdes par inhalation. Les antileucotriènes (Montelucast par exemple) sont efficaces eux aussi au long cours en cas d’asthme d’effort. La prise de bêta2-mimétiques de courte durée d’action (Salbutamol par exemple) devrait être systématique avant et après l’entrainement ou la compétition.
Course à pied et asthme : les conseils du médecin du sport
Les symptômes de l’asthme induit par l’exercice sont souvent très trompeurs. Une gêne respiratoire importante à l’arrêt de l’exercice doit d’emblée faire penser à cette pathologie. D’autres symptômes moins évidents comme une toux sèche, des oppressions thoraciques, des sécrétions nasales abondantes, une irritation de la gorge devraient déclencher la prescription d’explorations fonctionnelles respiratoires.
Ces symptômes peuvent ne survenir que pendant la saison hivernale au froid ou bien au printemps et en été lorsque les pollens et graminées envahissent les lieux d’exercice. Au cours de ces périodes, le coureur devra évoquer un asthme à l’exercice en se trouvant simplement moins performant et plus essoufflé.
Les traitements sont efficaces et il est toujours possible de soigner parfaitement un coureur à pied qui souffre d’asthme ou d’asthme à l’exercice en respectant la liste des interdictions édictée par l’Agence Mondiale Antidopage.