Attention aux reprises trop rapides

La question : J’ai subi le 2 février 2012 une arthroscopie du ménisque du genou droit. Le chirurgien qui m’a opéré a gratté, fraisé et coupé un bout de ménisque fissuré dû a mon passé de footballeur. J’ai joué au foot à un bon niveau et je pratique la course à pied depuis 2 ans. J’ai participé à de nombreuses courses sur 15 km et semi-marathon et j’ai deux marathons à mon actif. Je dois participer au marathon de Paris le 15 avril 2012. A votre avis, si je ne ressens pas de douleurs, pourrai-je y participer ?

La réponse de Yannick Guillodo, médecin du sport

Il me manque beaucoup d’éléments pour répondre à votre question (quel ménisque ? votre âge ?), mais il n’est pas raisonnable de vouloir faire un marathon deux  mois après une arthroscopie du genou.

Je m’explique : si vous avez eu besoin de faire cette arthroscopie du genou, c’est parce que votre ménisque était  « malade ». En effet, bien que vous ne me donniez pas votre âge, votre problème méniscal n’est pas un problème traumatique récent (fracture du ménisque dans le cadre d’une entorse de genou) mais une lésion méniscale chronique (fissure méniscale dans le cadre d’une insuffisance, usure, méniscale que l’on appelle méniscose). Autrement dit : votre ménisque commence à souffrir (se fissurer) suite à tous les microtraumatismes que vous lui avez imposés dans le cadre de votre pratique du football, de la  pratique de la course à pied, et des années qui passent… malheureusement. Le corps se rappelle de tout !

Tous ces éléments sont particulièrement vrais pour le ménisque interne ou médial. Le problème est tout autre pour le ménisque externe ou latéral. Dans ce cas, la pratique des sports en charge devient très préoccupante. Il est conseillé de faire des sports en décharge (vélo, rameur, natation) et d’oublier la course intensive (donc on oublie le marathon).

Mais partons du principe que vous avez subi une ménisectomie partielle du ménisque interne. Bien que ce ménisque soit plus « sympathique », il va falloir tenir compte, à tout jamais, de ce problème méniscal. Ne croyez pas que l’acte chirurgical est définitif. La chirurgie méniscale que vous avez subie n’a rien « réparée ». Je m’explique : si le ménisque n’est plus capable de faire, aussi bien qu’avant, son rôle d’amortisseur, de répartisseur de  charge que nous imposent les sports en charge, les mêmes causes produiront les mêmes effets. Il se peut, alors,  que dans quelques mois ou années, on soit dans l’obligation de refaire la même chose (nouvelle arthroscopie pour couper une « autre partie » du ménisque lésé). Je ne dis pas que les choses vont se dérouler ainsi mais l’honnêteté intellectuelle m’oblige à vous informer de cette hypothèse. Il faut tenir compte de ces éléments et donc :

  • Modérer ou  modifier votre activité sportive en charge ; faire des entraînements, en course à pied,  plus courts  (mais tout aussi intensif) et privilégier le vélo pour les sorties longues (en sachant qu’il faut faire 2 heures de vélo lorsque l’on fait 1 heure de course à pied).
  • Privilégier les terrains plats, ne plus courir en descente (cette pratique est très délétère pour le ménisque).
  • Attendre encore quelques semaines pour voir comment votre genou réagit aux entraînements et donc ne pas programmer des sessions longues qui sont obligatoires dans le cadre d’une préparation de marathon.
  • Et puis, si dans quelques semaines ou mois, tous les signaux sont bons (pas de douleurs de genou, pas de gonflement), vous pourrez reprendre l’ensemble des entraînements comme bon vous semble et éventuellement programmer le marathon de Paris … en 2013.

Ceci est une réponse à une question posée à notre médecin du sport, Yannick Guillodo : vous aussi posez votre question à notre médecin