Bonjour.
J’ai entendu dire que sur tapis de course, les ischios ne sont pas ou peu sollicités au contraires des psoas. (jamais compris pourquoi mais bon…)
Pour les quadriceps, qui sont généralement peu sollicités et plutôt faibles chez le coureur a pied est ce que sur tapis de course vu qu’on sollicite plus le psoas est ce que l’on muscle plus le quadriceps que lorsque l’on courir dehors ou est-ce idem ?
Ma question est pour de la course sur terrain plat que ce soit dehors ou sur tapis.
Merci
Une réponse à la question
Jean-Claude Vollmer (Expert lepape-info, entraîneur)
Votre question relative à la différence de travail musculaire entre un entraînement sur tapis de course ou sur un sol fixe mérite quelques explications.
Très souvent, on peut trouver dans un certain nombre de revues de vulgarisation spécialisées dans le domaine de la course à pied les mêmes arguments. Ceux-ci sont rarement étayés sur la base d’études scientifiques sérieuses.
Rappelons tout d’abord que beaucoup de coureurs de très haut niveau ont dans le passé, (Paul Arpin, Ingrid Kriastiansen…) ou récents (Gebresélasié, beaucoup de coureurs US) largement utilisé cet outil dans le cadre de leur entraînement. Beaucoup de coureurs y ont recours quand les conditions climatiques extérieures sont trop défavorables (c’est quasi systématique dans tous les pays nordiques par exemple).
Si les plus grands coureurs utilisent le tapis roulant c’est qu’ils considèrent que s’entraîner sur tapis de course ou à l’extérieur est quasi équivalent en termes d’exigences.
Pensez-vous vraiment que si les ischios (qui sont un grand groupe musculaire) n’étaient pas sollicités on ferait tous les tests d’évaluation des capacités physiologiques des coureurs sur tapis de course.
Deux différences notables existent entre courir sur tapis de course et courir en nature : la résistance de l’air à l’avancement du coureur (mais cela ne joue vraiment que pour des vitesses supérieures à 20 km/h) et le facteur thermique (l’air ne refroidit pas le coureur, il peut donc avoir beaucoup de pertes hydriques s’il ne s’hydrate pas correctement).
L’avantage du tapis de course est qu’il permet de parfaitement contrôler les allures (pas de variation de vitesse même minime).
Certaines études parmi les études sérieuses (j’en ai trouvé une vingtaine sur le sujet) montrent qu’il y a bien de petites différences non significatives sur le plan cinématique (pose des pieds, angles articulaires) et physiologiques (activations musculaires) mais que celles-ci sont essentiellement dues aux caractéristiques individuelles des coureurs. Ces études présentent d’ailleurs un biais méthodologique puisque comparant des variables sensiblement différentes : la surface du tapis de course est instable, le tapis défile) alors que la nature du sol à l’extérieur peut présenter des différences, la surface est stable mais plus ou moins dure : bitume, sol synthétique, herbe….) et surtout les vitesses peuvent varier même sur quelques foulées.
On risque donc de comparer des choses qui sont en fait différentes.
Au niveau de l’activité musculaire (mesurée par EMG) toutes les études montrent bien que les muscles ischios –jambiers sont fortement activés au même titre que les quadriceps à mesure que la vitesse augmente. Des chercheurs (Baur et al.) ont noté que le long péronier (un muscle stabilisateur de l’articulation de la cheville) est fortement activé sur tapis roulant (pour lutter contre l’instabilité) mais que le soléaire lui est moins sollicité sur tapis de course qu’en extérieur.
Conclusion : dire que les ischios – jambiers ne sont quasiment pas sollicités en course à pied est faux.
Le tapis de course peut aussi être d’un précieux concours pour des entraînements difficiles à réaliser en extérieur. Quelques séances seront bientôt mises en ligne.
Au sujet de votre question sur le psoas, le psoas – iliaque est un muscle fléchisseur de la hanche mais également un muscle important pour la stabilisation du tronc. Il intervient lors de la flexion de la cuisse sur le bassin (lorsque vous faites des montées de genoux par exemple) donc lorsque vous courrez. Son rôle est également important pour fixer le bassin – en rétroversion – lors de la course.
Un coureur avec des psoas –iliaques faibles va antéverser le bassin et n’arrivera pas à monter les genoux, il aura donc du mal à avoir une foulée ample et monter les genoux.
Entraîner ce muscle se fait lors de séances techniques et de musculation mais pour être efficace l’apprentissage des exercices doit être parfaitement contrôlé (placement)
Mais nous aurons l’occasion d’y revenir ultérieurement.