La question : Bonjour, je pratique la course à pied depuis plus de 15 ans et le trail spécifiquement depuis 3 ans sans aucune blessure jusque là. Je monte progressivement en distance et cette année j’ai attaqué le long. Fin juin j’ai fait le Raid du Morbihan et au bout de 6h environ, au 65ème des 87 km une douleur à l’intérieur de la cuisse droite au niveau de l’insertion m’a forcé à arrêter. J’imagine qu’à cet endroit il s’agit de l’adducteur. En m’arrêtant la douleur est passée, je suis reparti en trottinant et au bout de quelques centaines de mètres, la douleur est revenue progressivement me forçant à m’arrêter. J’ai réessayé 2-3 fois et voyant que ça ne passait pas j’ai fini en marchant. Pendant quelques jours après la course la douleur était présente et il m’a bien fallu un mois pour reprendre sans douleur après avoir passé une écho et une radio de la hanche qui ne montraient rien d’anormal.
Début août j’ai entamé une préparation intensive avec des séjours en montagne qui s’est passée sans le moindre accroc. Le 26 octobre j’ai participé à l’Endurance Trail à Millau, 102 km et 4500 D . Il pleuvait donc les descentes étaient glissantes et m’ont forcé à des changements d’appuis constants. Résultat, au bout de 6h environ, la douleur est montée progressivement au même endroit qu’auparavant. Au ravitaillement, des secouristes m’ont placé une poche de froid à l’endroit de la douleur et j’ai pu repartir en marchant. Poussé par un ami je me suis forcé à courir en raccourcissant ma foulée et en restant dans l’axe. La douleur était toujours plus ou moins présente mais supportable. J’ai fini la course comme ça sans aucune séquelle. Pas de douleur à l’arrivée ni le lendemain, sauf les habituelles courbatures dans les cuisses et les mollets.
Ma question est la suivante : comment prévenir ce type de blessures qui semblent récurrentes chez moi dès que je dépasse une certaine distance ? Peut-on renforcer la zone de faiblesse ?
D’avance merci de votre aide.
La réponse de Yannick Guillodo, médecin du sport
Bonjour,
Effectivement, la description que vous faites est en faveur d’une douleur des adducteurs de cuisse. En effet, la radiographie que vous avez faite, élimine une pathologie articulaire à savoir une arthropathie de la hanche. Je pense, également, que l’on peut éliminer les autres diagnostics centrés sur la paroi abdominale (hernie, notamment).
Vous souffrez donc d’une douleur mécanique des adducteurs de cuisse.
Il est vrai que cette pathologie est assez rare dans la course à pied et se rencontre essentiellement dans les sports entraînant beaucoup d’appui unipodal (football, karaté,…).
Mais, comme vous le signalez fort justement, la course à pied, dans certaines conditions (course en descente, …) se fait avec des appuis plus marqués et donc une surcharge des stabilisateurs du bassin et notamment les muscles adducteurs de cuisse.
Cette pathologie n’est pas réellement grave et vous pouvez, comme vous le demandez, poursuivre votre activité de course à pied, malgré la douleur. La lésion des muscles adducteurs est rare et se produit, très exceptionnellement, dans le cadre d’une tendinopathie chronique. Donc le risque de rupture tendino – musculaire est rare dans ce tableau de douleur chronique d’effort.
La modification de la foulée peut être une solution pour diminuer l’intensité de la douleur : bien courir dans l’axe, raccourcir la foulée.
Par contre, la chronicité de ces douleurs est vraie. Il est donc probable que pour une certaine dose d’effort (nombre de kilomètres), ces douleurs réapparaissent fréquemment. Comme pour toutes les tendinopathies, il faut systématiquement appliquer les fondamentaux, qui sont : bien s’échauffer, s’étirer à la fin de l’entraînement, boire beaucoup et appliquer de la glace après l’effort. Ces fondamentaux doivent être systématiques pour chaque entraînement même si la douleur n’apparaît pas.