Les glucides, l’outil de base des muscles
La réalisation d’efforts mobilise le potentiel énergétique des glucides (plus communément appelés sucres) pour soutenir l’activité des muscles, du cerveau et de tous les tissus en activité. Pendant des épreuves dont la durée est supérieure à 75 minutes, les muscles réclament des glucides, des vrais et consommés à intervalle de temps régulier.
Le corps a besoin de carburants pour aller au bout de l’effort.
En résumé, lors d’exercices d’endurance, un des principaux objectifs nutritionnels est de maintenir la glycémie (concentration de glucose plasmatique) et dépanner les fibres musculaires en leur fournissant des glucides (environ 30 à 60 g · h -1).
Rinçage buccal ou mouth rinse aux glucides
En reprenant l’idée précédente, un simple bain de bouche sucré n’est d’aucune utilité lors d’une participation à un marathon. Mais si le coureur se lance sur un 10 km ou un 15 km, s’il s’agit d’un cycliste réalisant un contre-la-montre de 20 km ou encore d’un très bon triathlète spécialisé dans les épreuves formats *Sprint (les meilleurs sportifs capables de maintenir des hautes intensités s’offrent la course en moins d’une heure !), la question peut se poser. Un rince-bouche avec de l’eau sucrée aide-t-il à maintenir la puissance voire contribue-t-il à obtenir de meilleurs résultats dans les compétitions ?
Cette pratique que l’on pourrait appeler « bain de bouche » est encore qualifiée de « carb rinsing » ou «mouth washing » La technique consiste dans la prise d’une boisson glucidique, cependant, au lieu de l’avaler comme le ferait « logiquement » n’importe quel sportif, celui-ci se rince la bouche pendant 5 à 10 secondes avec la solution et la recrache.
Plusieurs études ont montré des résultats surprenants lors d’efforts à haute intensité et sur de courtes périodes (45-60 min). Les performances ont été améliorées de 1 à 3% avec le rinçage buccal glucidique (solution à 6% de glucides) gargarisé dans la bouche quelques secondes par rapport aux placebos sucrés non nutritifs.
Le mécanisme par lequel le rince-bouche sucré optimise les performances n’est pas entièrement compris. L’explication ne serait pas métabolique mais neuronale. Les récepteurs gustatifs des glucides perçoivent des sensations plaisantes à la saveur sucrée qui vont activer certaines régions cérébrales.
Enchantées, celles-ci récompensent le sportif par des sensations de plaisir et de bien-être (libération de dopamine, un des neurotransmetteurs clés du circuit de la récompense). Malgré la duperie (absence de glucides réels), le système fournit la motivation nécessaire à la poursuite de l’effort, à pousser plus loin la machine musculaire et à ignorer la fatigue, d’où les meilleurs chronos.
Bien que de nombreux essais aient confirmé ces scores, d’autres études montrent des résultats contradictoires et n’ont trouvé aucun effet sur les performances sportives.
De plus, cette technique soulève quelques points pratico-pratiques:
- Dans le cadre d’exercices de haute intensité (> 75% VO2 Max), la concentration du sportif est au maximum. Tous les gestes parasites à la gestuelle athlétique peuvent perturber sa bonne réalisation. Pour exemple, quand l’effort physique est particulièrement intense dans un contre la montre, pas facile de lâcher le guidon pour attraper son bidon d’eau sucrée!
- Et, enfin, il est prudent de souligner que le fait de cracher n’est guère signe de bienséance et d’hygiène publique. Par les temps qui courent…
Références scientifiques :
https://www.mdpi.com/2072-6643/6/1/1/htm
*Triathlon sprint (25.7 km dont 750 m de natation, 20 km de cyclisme et 5 km de natation)
Dominique POULAIN, Diététicienne nutritionniste du Sport : http://www.nutritionniste-dieteticien.fr