Hypoglycémie et cerveau : lien de dépendance
Grognements agressifs, humeur grincheuse, tête cotonneuse… des indices qui ne trompent pas, votre corps a vraiment besoin de nutriments. Ces signaux sont caractéristiques de la fringale, une sensation de faim intense, pressante, irrépressible qui apparaît lorsqu’on ne s’est pas alimenté correctement avant ou pendant sa pratique sportive, par oubli ou par excès d’assurance.
Cette faim violente et compulsive à laquelle il est bien difficile et inefficace de résister, est le signe d’une chute brutale de sucre dans le sang. En pratique, les symptômes de l’hypoglycémie apparaissent en dessous de 0,60 voire même 0,80 gramme par litre.
Le sportif en hypo devient incapable de réfléchir clairement, ronchonne, s’énerve et oublie les règles basiques de politesse. Quand le « sucre » vient à manquer, le cerveau glucodépendant débranche tout ce qui n’est pas vital et cherche séance tenante à obtenir de la nourriture. Ventre affamé n’a point d’oreilles nous rappelle le dicton.
Question d’hormones
Lorsque l’hypoglycémie survient, c’est panique hormonale, émotionnelle et comportementale.
Le cerveau, très grand consommateur d’énergie, dépend essentiellement du glucose pour fonctionner. Lorsque la concentration du « sucre » baisse dans le sang, le cerveau ordonne la libération d’hormones dont le rôle est de faire remonter la glycémie.
Deux d’entre elles, l’adrénaline et le cortisol, mobilisent les réserves de sucre (foie,…) pour approvisionner le sang et les organes nécessiteux. Ces hormones surrénaliennes ont aussi pour rôle d’aider le corps à gérer toute sorte de situation stressante.
La décharge d’adrénaline met l’organisme en état d’alerte pour mieux affronter le danger : accélération du rythme cardiaque, de la respiration,… La présence de l’adrénaline sous l’effet de l’hypoglycémie modifie le comportement et peut pousser certains sportifs à se montrer bougons et agressifs.
Autre « coupable », le NPY
La réaction irritable excessive en situation de fringale s’explique aussi par le fait que la faim et le comportement impulsif et coléreux sont « commandés » par des neuropeptides communs de la famille des neuropeptides Y.
Le neuropeptide Y (NPY) orexigène, portant le même nom que la famille dont il est issu, stimule la prise de nourriture et régule l’expression émotionnelle. Les restrictions caloriques (même situation avec les régimes alimentaires sévères) et la baisse de la teneur en sucre dans la circulation sanguine rehaussent le niveau du neuromodulateur NPY qui pousse le sportif à avoir un comportement vorace. En parallèle, il stimule ses accès de colère.
Au final, comportements agressifs et prises alimentaires permettent de sauvegarder les mécanismes de survie physiologique aux dépens des bonnes manières et de la courtoisie.
Un moyen de remédier à ces désagréments, d’éviter la fringale, d’adoucir son irritabilité ? Se ravitailler à la hauteur de ses besoins énergétiques tout au long de sa sortie. Vos coéquipiers d’entrainement vous remercieront.
Pour en savoir plus :
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19822185/
orexigène : qui est susceptible de stimuler ou d’augmenter l’appétit
Dominique POULAIN, Diététicienne nutritionniste du Sport : http://www.nutritionniste-dieteticien.fr