Y a t-il un intérêt nutritionnel à boire une bière après une course ?
La bière contient des vitamines du groupe B (dont B2, B3, B5, B6, B9, des vitamines nécessaires aux métabolismes glucidiques et protidiques), du magnésium, de la silice (un constituant osseux, tendineux et cartilagineux), et possèdent des antioxydants (catéchines, phénols, flavonols…). Cela n’en fait pas pour autant une boisson de l’effort et/ou de récupération. Ce n’est pas non plus une source de nutriments aussi intéressante qu’un fruit par exemple si l’on tient compte des équivalences de vitamines et de minéraux. D’abord parce que la bière est plus calorique et ensuite, parce qu’elle est alcoolisée. Les céréales qui la composent, orge principalement et houblon en bien moindre quantité, fournissent en outre des glucides. Leur particularité est d’être rapidement assimilables car présents sous forme de maltose, maltotriose, glucose… mais on trouve également dans la bière des sucres complexes (dextrines) à assimilation lente. Autre intérêt et non des moindres : son acidité et son amertume qui soulagent les estomacs sensibles aux troubles digestifs ou écœurés par les aliments sucrés consommés durant l’effort.
Une bière, en récompense d’un ultra ?
Après l’ultra, la récupération est essentielle. En principe, les boissons sportives sont utilisées pour restaurer les pertes hydro-électrolytiques. Mais la bière revêt une forte image symbolique en ultra. Elle possède un pouvoir de réconfort pour le coureur qui se visualise déjà durant l’effort, en train de la déguster à l’arrivée, les jambes allongées, complètement relâché après une course d’extrêmes difficultés (ou pas), réalisée de surcroit en pleine canicule. Une bière fraîche à l’arrivée est perçue ainsi comme étant très désaltérante. Notez la différence avec hydratante, car il ne faudrait pas occulter les aspects diurétiques du breuvage. La vraie question est donc la suivante : la bière peut-elle restaurer, après course, les pertes hydrominérales ? Les études ont montré que sur des états normo-hydratés, on notait ses effets diurétiques avec une nette augmentation de la diurèse (urines sur 24h). En revanche, en cas de déshydratation, on relevait l’effet contraire : la bière diminuant la production d’urine (1). Traduction : la consommation modérée d’une bière après l’effort accompagnée d’eau jusqu’à plus soif n’a pas d’effet délétère sur la récupération (2). La bière non alcoolisée ayant même un effet anti-inflammatoire (3). Vous pouvez donc savourer à l’arrivée votre bière (de préférence sans alcool), source de glucides, de vitamines et de minéraux, sans oublier d’appliquer pour autant les grands principes de récupération sportive (eau, boisson sportive, repas ou collation pour reformer le glycogène et accentuer la récupération musculaire…). Et souvenez-vous du slogan : « un verre ça va, deux… ».
Bonne récup’ à tous et toutes !
(1) Hydration status and the diuretic action of a small dose of alcohol.
Hobson RM, et al. Alcohol Alcohol. 2010 Jul-Aug.
(2) Effects of a moderate intake of beer on markers of hydration after exercise in the heat: a crossover study. Jiménez-Pavón D, et al. J Int Soc Sports Nutr. 2015.
(3) Nonalcoholic beer reduces inflammation and incidence of respiratory tract illness. Scherr J, et al. Med Sci Sports Exerc. 2012.
Corinne Peirano (Expert Lepape-info Diététicienne-nutritionniste, http://corinne-peirano.wix.