Comment fonctionnent ces tests ?
Pas très agréable de subir douleurs et inconforts intestinaux, ballonnements digestifs… au quotidien ou pendant ses activités sportives !
L’attitude normale est de rechercher une solution pour faire cesser les souffrances. En quête de réponse, les sportifs inquiets cherchent des « explications » qui ne manquent pas sur les réseaux sociaux et sites divers.
Quelques témoignages personnels et publicités plus tard, le sportif en détresse est happé par la popularité des tests de sensibilité alimentaire.
Après le boom des dosages des IgG anti-aliments à partir de quelques gouttes de salive, de matières fécales ou de gouttelettes sanguines, certaines entreprises utilisent, à présent, des supports différents comme des échantillons de cheveux pour « diagnostiquer » allergies, intolérances ou hypersensibilité alimentaires. De quoi surprendre les professionnels de santé !
A ce jour, « en aucun cas, une analyse de cheveux ne peut révéler une intolérance, une allergie ou encore une quelconque sensibilité à un aliment ou à un autre allergène ou à une autre substance », explique l’allergologue Marie-Noël Primeau (Vice-Présidente de l’Association des Allergologues et Immunologues du Québec)
Les dosages d’IgG anti-aliments sont déployés pour établir (sic) des régimes d’éviction alimentaires sensés améliorer la santé du mangeur.
Mais, la présence d’IgG anti-aliments est un phénomène normal pour tous à 100%, chez les sujets sains comme les personnes intolérantes ou hypersensibles, et ce dès l’enfance.
Nous produisons tous des IgG (Immunoglobulines de type G : principaux types d’anticorps trouvés dans le sang). Lorsque notre organisme est « exposé » à un nouvel aliment, dès les premières années de vie, il va produire ces IgG. Le corps conserve son « catalogue » d’IgG à vie. Aussi bien à l’état de forme qu’en situations « banales » comme lors d’un transit intestinal accéléré, la prise de certains médicaments, la consommation d’alcool… des fragments d’aliments incomplètement digérés, peuvent traverser la barrière intestinale et déclencher la production d’IgG anti-aliments.
Leur présence dans le sang signifie que l’on a été exposé à tel ou tel aliment. Ceux-ci ne deviennent pas fautifs de tous les problèmes de santé.
Définir les mots et les maux
Allergies, Intolérances et Hypersensibilité sont trois termes scientifiques différents et donc trois problèmes de santé très différents, qu’il s’agisse de leurs mécanismes, symptômes ou gravité.
La mauvaise utilisation des mots ou leur utilisation plus ou moins libre par les laboratoires font craindre le pire aux utilisateurs pour mieux vendre leurs tests d’intolérance.
Les personnes réalisant ces tests reçoivent des listes non exhaustives d’interdits alimentaires abusivement restrictifs. Le risque de déséquilibres alimentaires, de déficiences nutritionnelles voire de troubles du comportement alimentaire, est réel d’autant plus qu’aucun conseil n’est fourni pour substituer les aliments éliminés.
Ces tests sont déconseillés par les sociétés savantes d’immunologie et d’allergologie dans de nombreux pays, de l’Europe en passant par l’Australie, l’Afrique du Sud ou le Canada… . « L’emploi de ces méthodes de test est sans utilité, trompeur et, dans les cas extrêmes, dommageable ». Société suisse d’Allergologie et d’immunologie.
Il est tout à fait possible que vous souffriez réellement d’une allergie, d’une intolérance alimentaire ou d’un des symptômes communément associés au syndrome de l’intestin irritable.
Dans ce cas, consultez votre médecin (c’est de nombreuses années d’étude !) et en cas de régime validé : un diététicien nutritionniste. Soyez prudent avec tous ces tests qui vous proposent des « solutions » sans même vous avoir questionné sur votre problématique.
Lecture complémentaire
https://www.afdiag.fr/fr/actualites/articles/que-penser-de-lanalyse-des-igg-anti-aliments
Dominique POULAIN, Diététicienne nutritionniste du Sport
https://librairie-garanciere.com/produit/lessentiel-sur-lalimentation-du-sportif