Dans certaines civilisations le thé à la menthe est bu par fortes chaleurs. Dans les pays Occidentaux, le rapport au menthol et à la chaleur l’est plutôt en terrasse.
Pourtant, les sciences du sport nous ont démontré depuis de nombreuses années que son action pouvait être très intéressante sur la performance, d’autant plus dans les sports d’endurance. Cette recherche a même encore avancé ces dernières années, nous allons y revenir.
Pour rendre à César ce qui appartient à César, il est important de rappeler que l’utilisation du menthol dans le sport a été empruntée à la médecine respiratoire. En effet, la recherche sur les effets pharmaceutiques du menthol a commencé à la fin du 19ème siècle lorsque des chercheurs ont démontré son intérêt dans le traitement des affections respiratoires associées à la tuberculose. La capacité du menthol à stimuler les thermorécepteurs a été identifié dès 1896. Ce travail a ensuite été développé tout au long du 20ème siècle en utilisant des modèles animaux dans l’objectif d’évaluer comment le menthol pouvait affecter une foule de variables de la congestion nasale à la ventilation, via la digestion, le goût et la sensibilité à la température.
Le menthol a par la suite été réintroduit pour l’humain devant les résultats positifs démontrés au travers des sensations de froid qu’il peut procurer dans notre bouche et/ou désensibiliser à des sensations intensément chaudes, telles que la capsaïcine, l’ingrédient actif du piment. Ces effets sont souvent accompagnés d’un goût agréable et d’une odeur de menthe poivrée, d’où la raison pour laquelle le menthol est utilisé dans de nombreux produits médicaux, en particulier donc ceux impliqués dans des affections nasales et respiratoires ou alimentaires tels que les chewing-gums ou pastilles à sucer.
Des études aux résultats sportifs impressionnants
Dans la recherche sportive, les études en chaleur avec prise de boisson mentholée ont parfois été réalisées avec un simple bain de bouche au menthol et d’autres fois avec ingurgitation classique de la boisson.
Lors de l’une d’elle des cyclistes devaient se tenir à un plan nutritionnel stricte en amont du test pour s’assurer notamment de réserves glucidiques suffisantes à la réalisation d’un contre la montre. Cet effort était un peu spécial, puisque l’objectif était de tenir le plus longtemps possible une intensité individualisée au préalable par un test d’effort. L’inverse donc d’un contre la montre classique où il faudra réaliser une distance dans le moins de temps possible. Les sportifs étaient divisés en deux groupes, la moitié devant réaliser l’épreuve avec une boisson orangée et l’autre avec une boisson mentholée, toutes deux contenant par ailleurs les mêmes apports nutritionnels.
Quelques jours plus tard ils revenaient au laboratoire pour essayer de faire mieux, mais cette fois-ci avec la boisson non consommée lors de la première épreuve. A noter que le test était réalisé par 34°C. Sur un effort d’environ 1h, 90% des cyclistes réalisèrent leur meilleure performance avec la boisson au menthol, avec un temps de soutien supplémentaire, d’environ 5 minutes !
Fait intéressant, malgré une fréquence cardiaque, une température corporelle et un taux de sudation identique, soit un impact physiologique identique, ils annonçaient ressentir l’effort comme moins difficile.
Une autre étude démontre également des atouts pour la prise de boisson mentholée en condition chaude (33°C) lors d’un 5 km en course à pied.
Cette fois-ci 3 conditions étaient proposées. Dans l’une d’elle les coureurs devaient soit ingérer de la glace avec leur épreuve ou avoir accès à un ravitaillement sous forme de rinçage de bouche, contenant soit une boisson mentholée, soit un placebo au doux goût de menthe mais où le menthol était absent.
En moyenne, le groupe vainqueur était celui ayant réalisé le rinçage de bouche mentholée, devant les deux autres conditions (glace pré-effort et placebo). A nouveau, les sportifs ayant eu accès au menthol annonçaient avoir subi un inconfort dû à la chaleur inférieur, qui visiblement leur a permis de mieux s’exprimer.
Fait intéressant déjà démontré et utilisé dans le sport de haut-niveau, la condition avec glace a permis une montée moins importante de la température interne, que l’on sait être l’une des raisons principales de la diminution de performance, voire de l’arrêt de l’exercice par coup de chaleur, d’autant plus lorsque l’effort sera plus long.
En clair, si vous supportez de consommer une boisson très froide, voir même de la glace pilée, vous pourrez limiter les effets physiologiques de la chaleur. Et, si cette boisson est mentholée vous tolérerez d’autant plus cet effort en condition extrême, mais cette fois-ci d’un point de vue mental.
Ces études, démontrent à nouveau que ne pas prendre en compte l’aspect psychologique dans la performance est une ineptie.
Concrètement…
Bien entendu l’hydratation sera l’une des clefs de la tenue d’un effort en chaleur. Cette boisson spécifique devant contenir différents minéraux plus abondamment perdues par l’augmentation de la sudation, notamment au travers du sodium. Quoi qu’il en soit, si vous n’êtes pas fan d’une boisson d’effort mentholée à ingérer sur toute la durée de l’épreuve, ces études suggèrent que sa simple prise par bain de bouche, qui sera ensuite recrachée, pourra démontrer des effets positifs sur notre cerveau et notamment au travers de la perception de l’effort réalisé, comme il l’a déjà été démontré pour le bain de bouche avec des boissons sucrée non ingérées permettant de prolonger le temps jusqu’à épuisement s’il est appliqué près du point de fatigue.
Evidemment, la concentration de menthol doit également être prise en compte. Des effets ont été montrés pour des concentrations allant de 0,01 à 0,1% permettant une assez large personnalisation des bidons suivant les sensibilités et préférences de chacun.
Les mécanismes physiologiques de l’apport d’une boisson mentholée sur la performance en condition chaude pourraient s’expliquer par sa capacité à soulager l’inconfort associé à l’essoufflement pour soutenir l’effort en chaleur, par une augmentation de la ventilation sans modification du coût en oxygène pour l’effort demandé.
Enfin, comme vu précédemment, les athlètes déclarent différents sentiments positifs suite à son passage buccal, comme une amélioration des sentiments de confort thermique et/ou une diminution de la sensation thermique et des évaluations de l’effort perçu.
Plus simplement, les athlètes ressentent moins la chaleur et/ou semblent mieux la tolérer.
La performance étant multifactorielle et non uniquement physiologique comme nous le pensons trop souvent dans la préparation de nos entraînements ou compétition. Ne pas prendre en compte les effets psychologiques de la chaleur sur notre cerveau et notre ressenti serait donc une erreur lorsque l’on souhaite que la performance soit au rendez-vous.
Malgré tout, si vous devez performer en chaleur, il ne faudra pas oublier que rien ne pourra remplacer une acclimatation à la chaleur, passant tout simplement par une préparation dans les mêmes conditions, en commençant par des entraînements courts et de faibles intensités en milieu chaud (et humide si possible). Pour, au fil des séances suivant votre ressenti, augmenter leur durée, puis leur intensité.