« J’ai un cancer du sein, comment je m’alimente pour mon sport ? »

C’est un sujet dont on parle peu et pourtant, il existe de plus en plus d’événements sportifs organisés contre le cancer du sein qui mobilisent et sensibilisent beaucoup de femmes, sans oublier leurs proches. Corinne Peirano, diététicienne-nutritionniste, vous donne des conseils pour cette situation bien particulière et pour vivre au mieux son quotidien.

La maladie ne choisit pas son hôte

On est toujours étonné d’apprendre qu’une femme sportive, ayant un mode de vie réputé sain, puisse avoir une pathologie cancéreuse. Mais tout le monde est concerné. Ainsi le cancer du sein fait l’objet d’une attention particulière. Les causes d’apparition sont multiples mais des antécédents familiaux doivent alerter car il y a une réelle prédisposition à développer cette forme de cancer que l’on peut dépister cependant en prévention : examens par auto-palpation, imageries, mammographies et surveillance médicale étroite.

Faut-il arrêter le sport ?

On préconise la pratique d’une activité physique adaptée et modérée pour ses effets protecteurs sur la maladie. Ainsi 20 minutes de marche quotidienne diminuent de 50% le risque de récidive d’un cancer. Toute la difficulté néanmoins et quel que soit le protocole thérapeutique prévu dans le parcours de soins (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie) est de maintenir une activité physique quand il y a présence conjuguée d’une asthénie (état de grande fatigue) et d’une altération de l’état général avec une fonte musculaire associée. Les modifications des comportements alimentaires (perte de l’appétit et de la faim, modification des goûts, anorexie) vont de plus limiter la pratique physique par manque d’énergie et entretenir de surcroit l’asthénie précitée.

Stratégie alimentaire pour protéger, nourrir, dynamiser…

Maintenir les règles d’équilibre alimentaire avec une alimentation anti-inflammatoire est primordial. On cible les graisses d’origine animale et le sucre, en limitant ses quantités pour éviter une surproduction d’insuline (stop aux boissons sucrées : sodas etc.). Les graisses trans ou hydrogénées sont à bannir et on  limite au maximum les graisses saturées (biscuits, gâteaux industriels, pain de mie, pain brioché, beignets…, viandes rouges, frites et autres fritures, charcuteries, produits laitiers au lait entier, crème, beurre, fromage gras…). En ce qui concerne le lin et notamment le soja, sources de phyto-œstrogènes, les études (*) montrent une activité protectrice selon le type de cancer du sein (prendre avis de votre cancérologue sur le ratio des cellules ERα/ERβ). En revanche, l’alcool (dont la bière) qui favorise la production des œstrogènes est à éviter. Buvez de l’eau pour vous hydrater et du thé vert en complément.  Mangez des œufs, du poisson et des viandes maigres (poulet, dinde pour la vitamine B12), tofu (selon avis du cancérologue) pour vos apports de protéines. Misez sans excès sur les céréales complètes plutôt que raffinées. Utilisez a minima les huiles de colza ou d’olive pour assaisonner et cuisiner, mangez avec modération des légumes secs, des graines, des noix, des olives pour bénéficier de leur lutéoline (antioxydant), des amandes (vitamine E), de l’ail et des oignons (quercétine). Enfin, dans l’ensemble, augmentez votre consommation de fruits (2 à 3 par jour dont grenade, physalis, kiwis, évitez le pamplemousse) mais surtout de légumes. Privilégiez les choux (brocolis et autres) et dégustez la tomate sous sa forme cuite (son antioxydant, le lycopène, est protecteur). Les crudités vous fourniront également de la Vitamine C.

L’accompagnement multidisciplinaire (médical, diététique, kinésithérapeute, acteurs du monde sportif formé à la santé…) est conseillé pour vivre au mieux son sport durant son cancer.

(*) Possibility of breast cancer prevention: use of soy isoflavones and fermented soy beverage produced using probiotics.Takagi A1, Kano M2, Kaga C3. Int J Mol Sci. 2015 May 13;16(5):10907-20. doi: 10.3390/ijms160510907. The Phytoestrogen Genistein Affects Breast Cancer Cells Treatment Depending on the ERα/ERβ Ratio. Pons DG1,2, Nadal-Serrano M1,2, Torrens-Mas M1,2, Oliver J1,2, Roca P1,2. J Cell Biochem. 2016 Jan;117(1):218-29. doi: 10.1002/jcb.25268.

Corinne Peirano (Expert Lepape-info Diététicienne-nutritionniste, http://corinne-peirano.wix.com/dieteticienne-paris)

1 réaction à cet article

  1. merci et bravo pour cet article très bien documenté. la consommation de fruits et légumes que vous conseillez a aussi l’avantage de préserver la qualité de la flore intestinale indispensable à un bon état de santé : ‘immunité, digestion, synthèse vitaminique…..les fibres apportées ont une action bénéfique sur la microflore. De plus les végétaux participent à un bon équilibre acide base. Le sport générant aussi des déchets acides pour l’organisme et parfois une altération de la muqueuse intestinale. Pour ces raisons, la prise de probiotiques me semble aussi à conseiller afin de préserver la richesse bactérienne de l’intestin; la flore naturelle étant sensible aux traitements médicamenteux administrés pendant ces périodes de maladie. c’est un plus pour renforcer le terrain. BIOTIQUE lereca par exemple

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