Femmes et hommes n’auraient pas les mêmes besoins d’hydratation !

Les différences physiologiques entre les hommes et les femmes affectent la quantité de liquide qu'ils stockent, la façon dont ils montent en température et transpirent. Est-ce important de le prendre en compte ?

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Comme toujours la femme n’est pas un homme !

L’homme possède en « moyenne » 40 à 45 litres d’eau. Une majorité à l’intérieur de nos cellules, une seconde part remplissant l’espace situé entre elles, et enfin une légère partie dans le sang (environ 8%) essentielle dans nos sports d’endurance permettant notamment de le faire circuler dans nos vaisseaux sanguins. La femme « moyenne », en revanche, ne possède qu’une trentaine de litres d’eau en elle.

Même si l’on considère que les femmes sont généralement plus petites et plus légères que les hommes, la différence persiste : le poids d’un homme est fait à 58 % d’eau environ, lorsque celui des femmes l’est à 49 % en moyenne.

L’une des explications principales réside dans le fait que les hommes ont une musculaire plus développée, qui retient plus d’eau que les tissus adipeux physiologiquement plus importants chez la femme.

La question difficile, et celle à laquelle une revue récente du Journal of Applied Physiology s’attaque, est de savoir si cela fait une différence dans la façon dont les hommes et les femmes réagissent à la déshydratation induite par l’exercice.

Pour passer à l’essentiel, la réponse est que nous ne sommes pas encore sûrs, car la plupart des recherches sur la déshydratation ont porté sur des hommes. Mais les auteurs – Kate Wickham et Stephen Cheung de l’Université Brock, Devin McCarthy de l’Université McMaster et Lawrence Spriet de l’Université de Guelph – soutiennent qu’il y a suffisamment de preuves que nous ne puissions que supposer qu’il n’y a pas de différences.

Déshydratation et performance

Pour commencer, il convient de noter que tout le monde n’est pas d’accord avec l’idée que la déshydratation est un problème sérieux pour les athlètes ou les sportifs, quel que soit leur sexe.

Malgré tout, pour rappel voici les grands principes généraux sur la déshydratation :

Lorsque le débit sudoral devient très important, une hydratation « à volonté » demeure souvent insuffisante pour remplacer complètement les pertes en eau au regard de la capacité de vidange limitée de l’estomac (~1L.h) ; la balance hydrique penche alors en faveur d’une carence en eau.

Un déficit en eau supérieur à ~2% du poids de corps (soit ~3% de l’eau corporelle totale) est identifié comme un statut « déshydraté ». En raison de la nette baisse nette du volume plasmatique, les répercussions sur la capacité du cœur à se charger en sang sont importantes, et induisent de sérieuses implications cardiovasculaires notamment à au haute intensité.

La déshydratation n’apparaît pas affecter la performance en endurance lorsque celle-ci a lieu en ambiance froide–fraîche, mais la détériore parfois lorsque celle-ci se déroule en conditions tempérées.

A l’inverse, la déshydratation a un effet délétère systématique sur la performance aérobie si celle-ci prend place en conditions chaudes.

Un constat bluffant : pour chaque élévation supplémentaire de ~1°C de la température cutanée au-delà de 27°C, l’état de déshydratation apparaît détériorer la performance aérobie de ~1%.

Malgré tout, quelques études récentes semblent montrer que le pourcentage de déshydratation n’impactera pas de la même façon chaque personne, avec même parfois des sportifs démontrant une déshydratation de 3% sans impact négatif sur leur performance.

Même si pour chacun(e), une fois atteint son seuil de tolérabilité personnelle à la déshydratation, l’impact sur la performance, la santé, la prise de décision, etc., sera extrêmement important.

Différences hommes-femmes

Il n’y a pas beaucoup de recherches comparant directement les réponses de déshydratation des hommes et des femmes, alors Wickham et ses collègues ont trouvé des d’études proches qui soumettent des groupes d’hommes ou de femmes à des protocoles similaires afin de comparer les résultats.

L’une des tendances qu’ils ont observées est que la température centrale semblait augmenter plus tôt chez les femmes que chez les hommes.

Par exemple, lors d’un test sur vélo de deux heures, la température centrale a commencé à augmenter après 30 minutes chez les femmes, alors qu’elles n’avaient perdu que 0,5% de leur poids de corps (donc d’eau) de départ. Chez les hommes, la température n’a commencé à augmenter qu’après 60 minutes et une perte de poids de 1,5 %.

Une explication possible de cette observation est que les femmes, avec moins d’eau dans leur corps au départ, seraient plus sensibles aux petites pertes sudorales.

Ce n’est pas simple, cependant, car vous pouvez compenser les pertes de sueur en déplaçant les fluides d’autres parties du corps pour maintenir votre volume sanguin stable.

En effet dans ces études, les femmes ont perdu un plus grand pourcentage de leur masse corporelle en transpiration, mais leur volume de plasma sanguin a diminué d’une quantité similaire par rapport aux hommes.

Il existe également des différences dans la façon dont les hommes et les femmes transpirent. Les femmes ont tendance à avoir des glandes sudoripares plus petites et moins sensibles avec un débit maximal inférieur.

Certainement pour compenser ce différentiel, elles ont globalement plus de glandes sudoripares, ce qui, curieusement, peut expliquer pourquoi des études ont montré que les femmes ont pendant l’effort « une répartition plus uniforme de la sueur sur tout leur corps que les hommes ».

Dans l’ensemble, les femmes transpirent moins que les hommes, ce qui peut expliquer pourquoi elles ont une augmentation initiale plus rapide de la température centrale lors d’efforts aérobies.

Et d’autres facteurs peuvent influencer la réponse à la transpiration, y compris les niveaux d’hormones sexuelles féminines tout au long du cycle menstruel, qui pourront affecter la température centrale, la rétention d’eau et d’autres facteurs contribuant à l’état d’hydratation.

Femmes Vs femmes

Sur ce point, nous avions écrit un article il y a quelques mois sur les cycles menstruels https://www.lepape-info.com/sante/menstruations-contraception-et-performance/

Au-delà de sa prise en compte OBLIGATOIRE dans l’entraînement d’athlètes féminines nous avions conclu qu’en l’état des connaissances sur le sujet, il s’agit surtout d’adapter et d’individualiser votre approche de l’entraînement en fonction des réponses des femmes que vous entraînez ou de vous-mêmes si vous êtes une athlète féminine.

Notre point de vue pour être clair : si un entraîneur ne connaît pas le cycle menstruel de ses athlètes féminines, il ne les entraîne pas efficacement !

Il ne favorise pas leurs bonnes adaptations aux contenus d’entraînement. Voir plus embêtant, il pourra ne pas prendre soin de leur santé.  Mais, l’inverse est aussi vrai, pour certaines femmes, le cycle menstruel ne semble pas faire de réelles différence dans leurs performances, mais pour le savoir encore faut-il le prendre en compte.

« La femme » aura donc un comportement hydrique différent de l’hommes qu’il semble important à prendre en compte et à affiner au regard de ses réponses aux cycles menstruels. Mais comme devront l’être les différents facteurs de la performance : endurance, force, mental, etc., où un homme ne sera pas une femme et une femme dans un groupe de femmes aura également un comportement qui lui sera propre.

Wickham et ses collègues concluent avec une série de questions auxquelles de futures recherches devront tenter de répondre, par exemple pour savoir si les femmes commencent vraiment à monter en chaleur plus rapidement.

Mais finalement, comme pour tous les sujets, il y a d’un côté l’importance d’essayer de comprendre les différents fonctionnements humains physiques et mentaux. Puis, d’accepter que le terrain demandera une grande adaptabilité, possible si l’on perçoit déjà ces mécanismes.

Pour exemple, l’un des plus grands athlètes de l’histoire, Haile Gebrselassie, possédait un taux de transpiration de 3,6 L/h, soit l’un des plus élevés jamais mesuré. Son cas, demanderait s’il avait eu quelques années de moins et le suivi d’un Kipchoge un suivi spécifique sur sujet pour maximiser son potentiel (26’22 au 10 000 m et 2h03’59 au marathon tout de même !).

Cela nous permet de dire que même s’il semble clair que des différences existent sur le fonctionnement hydrique de l’homme « moyen » et de la femme « moyenne », l’idéal restera de tester son profil et de l’adapter à ses besoins dans l’entraînement ; l’hydration pré effort, à l’effort et post effort ; et le contenu de ses boissons.  

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