Etude Nutrinet-santé : pas assez de féculents dans nos assiettes !

Au fil de leurs études, les scientifiques ont mis en évidence l’important de la nutrition comme facteur de protection ou de risque des maladies que ce soit en France ou dans l’ensemble des pays industrialisés, qu’il s’agisse de cancers, de maladies cardiovasculaires, d’obésité, de diabète de type 2, d’hypertension artérielle…

Bien évidemment ce qu’il y a dans notre assiette n’est pas l’unique facteur de notre santé mais son importance n’est plus à négliger. Mais pour comprendre et mettre en évidence le rôle de la nutrition, les chercheurs doivent développer des études de « cohorte » (suivi pendant plusieurs années) portant sur de très grandes populations. C’est fort de ce constat que l’étude NutriNet-Santé a été lancée le 11 mai 2009, afin de mieux évaluer les relations entre la nutrition et la santé et de comprendre les déterminants des comportements alimentaires (âge, sexe, conditions socio-économiques, lieu de résidence, etc.). 

Aujourd’hui 245 7347 personnes participent à l’étude et après quatre ans d’analyses, les professeurs Serge Hercberg et Emmanuelle Kesse-Guyot ont publié des résultats préliminaires qui mettent en évidence que les apports en féculents en France sont en-dessous des recommandations PNNS (programme national nutrition Santé).

Il est ici important de rappeler que les féculents sont considérés comme une source importante de glucides complexes. Le PNNS recommande ainsi de consommer des féculents « à chaque repas selon l’appétit » (soit 3 à 6 portions de féculents par jour) sachant que le fait qu’augmenter la consommation de féculents est un moyen :

1. d’augmenter l’apport en glucides complexes,
2. de réduire la contribution des lipides et sucres simples à la balance énergétique, 
3. de contribuer à l’apport de différents nutriments (fibres, vitamines).

Les analyses des chercheurs ont porté sur 80 209 participants correspondant à 264 564 enquêtes alimentaires. 

Les résultats

• Les apports en féculents observés dans NutriNet-Santé sont de 257 g/j (300 g/j chez les hommes et 217 g/j chez les femmes). 
• Le pain est le principal contributeur (environ 45%), devant les pommes de terre (20%), les pâtes (17%) et le riz (8,5%).
• La consommation du pain augmentant avec l’âge, alors que celle des pâtes et du riz diminue. 
• La consommation de pommes de terre est stable avec l’âge sauf chez les plus de 65 ans où elle est légèrement plus élevée
• 35,4% des hommes et 65,9% des femmes ont des apports en féculents inférieurs aux recommandations nutritionnelles;
  9,5% des hommes et 1,3% des femmes ont des apports en féculents supérieurs aux recommandations
  seulement 55% des hommes et 33% des femmes suivent les recommandations nutritionnelles.
  Cela explique que les apports en glucides ne représentent que 43 % des apports énergétiques, par rapport à la recommandation d’au moins 50 % 
• Les personnes ayant suivi un ou plusieurs régimes amaigrissant ont une consommations de féculents inférieures aux recommandations
• Les féculents contribuent à hauteur de 21 % des apports énergétiques chez les femmes et 23 % chez les 

  hommes, à 75 % des apports en glucides complexes dans les deux sexes et à 34 % des apports de fibres chez 

  les femmes et 39 % pour les hommes. Ils apportent 21,5 % des apports totaux en vitamine B1, 20 % des 

  apports en vitamine B6 et 16,5 % des apports en vitamine B9 (folates)

La conclusion

Forts de ces constatations, les chercheurs ont pris conscience que les recommandations quant à la consommation de féculents étaient méconnus. Ainsi si 86% des « nutrinautes » savent qu’il faut consommer 5 fruits et légumes par jour, seuls 22% connaissaient les recommandations du PNNS concernant les féculents.

Pour rappel, les glucides doivent contribuer à plus de 50 % des apports énergétiques journaliers, en favorisant la consommation des féculents (aliments sources d’amidon) et notamment des féculents complets (riches en fibres), tout en réduisant de 25 % la consommation actuelle de sucres simples, et en augmentant de 50 % la consommation de fibres. 

Il a aussi été constaté que les nutrinautes pensaient que les « féculents faisaient grossir » alors qu’au contraire la consommation des féculents contribue à assurer la sensation de rassasiement, LE signal essentiel pour la régulation de la prise alimentaire et donc pour entrer dans une logique d’amincissement.