→ Rien ne prouve que l’entraînement physique nécessite une supplémentation en antioxydants supérieure aux apports d’une alimentation équilibrée.
Les antioxydants sont devenus l’apanage de produits de santé aussi bien nutritionnels que cosmétiques. En sport, ils sont utilisés dans le but de limiter la dégradation (« oxydation ») de fibres musculaires et de cellules (telles que les protéines et les lipides) par des molécules fortement sensibles à la présence d’oxygène qui sont susceptibles de les endommager (ex : les radicaux libres).
Or, qui dit oxydation dit recherche d’ « anti »-oxydants. La démarche de l’utilisateur est donc naturelle puisqu’elle vise l’auto-protection. Cependant, un problème fondamental fragilise cette logique : le caractère hyper-réactifs des radicaux les rendant difficiles à mesurer, nous n’utilisons actuellement que des marqueurs indirects pour cela.
→ La supplémentation alimentaire en antioxydants peut jouer un rôle lorsque l’apport alimentaire est restreint ou lorsqu’une carence en antioxydants est déterminée cliniquement.
Si supplémentation il y a, seul un déficit en antioxydants semble donc la justifier (on est donc loin de la réalité). Ce qui justifie son absence de nécessité chez le sportif, c’est aussi que les apports exogènes en antioxydants (ex : par l’alimentation) rencontrent leurs propres limites.
- La première, c’est que ces antioxydants exogènes doivent être transportés précisément jusqu’au site de l’oxydation pour pouvoir être utilisés. Malheureusement, tous n’arrivent pas à destination…
- La seconde, c’est qu’une fois sur place, un antioxydant exogène ne peut être utilisé qu’une seule fois. Ensuite il est éliminé. Ce qui suppose une très forte supplémentation…
À l’inverse, l’organisme possède un fonctionnement qui, comme bien souvent, est plus efficace : non seulement ses antioxydants (endogène) sont capables d’être utilisés à plusieurs reprises, mais en plus la quantité d’antioxydants fournie sur le site de l’oxydation augmente naturellement avec la fréquence de entraînements ! Ainsi, plus on s’entraîne, plus on s’auto-protège – et ce indépendamment de suppléments.
Dans cette logique, de plus en plus d’études démontrent un fait qui pourrait changer la communication autour de cet outil commercial : les supplémentations à forte dose semblent inhiber les adaptations à l’entraînement (ce qui ne serait pas la 1ère fois pour un système d’aide à la performance). Consécutivement, elles ne devraient aucunement être recommandées de façon systématique à l’exercice.
→ Il n’y a AUCUNE preuve que les antioxydants ont un effet positif sur la récupération.
De par leur image de nuisibles, les oxydants sont associés à la dégradation cellulaire, l’épuisement à l’effort, et des phénomènes plus larges comme celui du surmenage. À l’inverse, de plus en plus de preuves démontrent le caractère fondamental de ces oxydants dans l’adaptabilité des fonctions musculaires à l’entraînement : plasticité, transport moléculaire, système de défense… Autrement dit, les oxydants tant décriés pourraient être partie prenante des adaptations du muscle à l’exercice en les impulsant – ce qui les rendrait alors complètement pertinents dans le cadre de la récupération, et les antioxydants non-pertinents.
Si la supplémentation en antioxydants peut donc être justifiée chez un individu sportif, elle tend de plus en plus à être rationnalisée dans le but d’être exploitée à bon escient. Tandis qu’une alimentation équilibrée semble suffire, des apports spécifiques supplémentaires pourraient aller à l’inverse des effets recherchés en réduisant l’adaptation du corps à l’entraînement. Si la logique se confirme, leur périodisation pourrait alors (comme pour les glucides) être la clé de leur utilité.