Vous n’allez plus seulement courir avec vos chaussures, mais bien nager et courir. Cela implique des caractéristiques techniques supplémentaires pour la chaussure de swimrun. Tout comme en course à pied vos chaussures ont un rôle prépondérant. C’est l’intermédiaire entre vos pieds et le sol, se sont-elles qui vont absorber une partie des chocs et contraintes répétées lors de la course.
Cet article ne vous donnera pas une marque et un modèle de chaussures swimrun idéales car elle n’existe pas… Chaque swimrunner possède une morphologie, des antécédents de blessure, une foulée, une technique de course, une attente de confort et/ou de performance qui leurs sont propres. C’est donc vous qui allez devoir trouver chaussure à votre pied pour courir mais également pour nager.
Tout d’abord faisons le point sur les quelques modèles de chaussure spécifiques swimrun que l’on retrouve en nombre sur le circuit mondial :
- Inov 8 X-talon 212 et 225
- Salomon S-Lab XA Amphib
- Icebug Acceleritas5
- Vivobarefoot Primus trail swimrun
Même si le swimrun se développe rapidement, il existe encore peu de chaussures spécifiques. L’avantage de ces différents modèles c’est qu’ils possèdent des caractéristiques techniques (tissus, formes, semelles…) qui répondent mieux aux contraintes imposées par la discipline, c’est-à-dire courir et nager avec ses baskets. Mais encore une fois ce n’est pas forcément parmi ces modèles que votre idéal vous attend.
A noter – Particularités des chaussures spécifiques swimrun :
– Légèreté
– Minimalistes
– Drainage rapide
– Bonne flexibilité
– Adhérence
Astuce: Vous pourrez améliorer votre paire de chaussure, en perçant des trous dans la semelle pour faciliter le drainage lorsque vous sortez de l’eau.
Pour trouver votre chaussure swimrun idéale, il est important de prendre en compte et de classer tous les critères que vous recherchez.
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Le 1er critère reste avant tout le confort.
Surtout si vous préparez un swimrun longue distance. La chaussure devra donc être adaptée à la morphologie de votre pied et à votre foulée. L’important pour être confortable est de trouver un chausson adaptée à la forme de votre pied. Certains ont les pieds larges, d’autres étroits. Certains ont les pieds plats, d’autres creux. La forme de votre cou de pied (partie antérieure du pied reliant la jambe) peut-être accentuée, d’autres non… A chaque pied sa morphologie, à chaque morphologie son chausson et non l’inverse. De plus votre pied bouge à chaque foulée et à chaque impact avec le sol. Il a également tendance a légèrement gonflé lorsque vous parcourrez de longue distance. Cependant ce dernier phénomène est moins important en swimrun puisqu’entre chaque portion de course à pied vous allez nager dans l’eau froide. La position allongée et l’eau froide vont favoriser le retour veineux et donc limiter le gonflement de vos pieds dans les chaussures. Pas la peine de prévoir une pointure en plus, mais si vous souhaitez courir avec des chaussettes néoprène une demi pointure supplémentaire peut-être nécessaire.
Nous utilisons des chaussettes néoprènes sur tous nos swimrun pour être plus confortable (pas d’ampoules ni de plaies, même avec du sable dans les chaussettes). De plus, elles protègent nos pieds du froid lors des portions de natation. Pensez à faire 5/6 petits trous en face plantaire des chaussettes néoprène afin que l’eau s’évacue rapidement (dès les premières foulées) et surtout tester le couple chaussettes néoprène/chaussures en conditions réelles (entrainements spécifiques swimrun) pour valider ou invalider vos chaussettes et chaussures.
Pour être confort, la chaussure doit également correspondre à votre foulée. Certaines chaussures non adaptées à votre technique de course vont vous créer de l’inconfort, des douleurs (articulaires et/ou musculaires) et même parfois des blessures. Si vous attaquez par le talon par exemple, les chaussures de type minimalistes avec peu d’amorti risquent de vous faire souffrir. A contrario, un coureur avec une attaque médio-pied et des chaussures avec beaucoup d’amorti au niveau du talon ne sont pas incompatibles, mais plus préjudiciable dans une optique de performance. Il faudra également prendre en compte votre poids et rajouter en plus quelques kilos avec la combinaison, le matos et les chaussures mouillées. Pour résumer, les chaussures minimalistes avec peu d’amorti sont réservées essentiellement aux coureurs légers avec une attaque médio ou avant pied. Les coureurs avec une attaque talon seront plus confortables et limiteront leur risque de blessure avec un amorti plus conséquent.
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Le 2e critère est souvent directement lié au type de terrain.
Le problème c’est que le swimrun se déroule généralement sur des terrains variés. Il est très rare de faire une course entière sur la même surface. Il n’y pas une semelle unique qui puisse être idéale pour toutes les conditions et types de terrains. On doit forcément faire des choix et des compromis. Le mieux est d’analyser le type de terrain sur lequel vous allez évoluer la majorité du temps : des chemins, des portions trails plus ou moins techniques avec un sol plus ou moins mou ou rocailleux, des routes, des plages, parfois des rochers, des près, des sentiers en forêt, etc… et trouver le bon compromis. Donc si vous préparez un swimrun en montagne avec de longues portions trail techniques et des descentes en terre et/ou rocailleuse alors il est plus prudent de s’orienter vers un modèle de semelle type Trail.
A la différence des chaussures de route qui ont des exigences particulières (amorti, dynamisme, confort, poids), les chaussures de trail ont quatre autres caractéristiques : l’accroche, la stabilité, la protection et la solidité.
Nb : Nous concernant, nous avons toujours opté pour des chaussures de route. Lors de nos deux participations à l’ÖtillÖ race, peu de chaussures existaient pour courir sur des rochers glissants. Nous avons donc opté pour des chaussures plates afin d’avoir une plus grande surface de contact sur les rochers et donc une meilleure adhérence. Nous n’avons pas regretté nos choix. Cependant, d’autres swimrunners préfèrent des chausures type trail avec des petits crampons. Le swimrun est un sport libre. Ce sera donc à vous de tester et de faire vos choix, d’avoir vos préférences…Les nouvelles chaussures spécifiques swimrun sont normalement bien conçues pour répondre aux exigences de la discipline.
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Le 3e critère est l’adaptation de votre chaussure au milieu aquatique.
Celui-ci est directement lié aux caractéristiques techniques et matériaux de la chaussure. En effet, une chaussure légère et confortable peut vite prendre quelques kilos après la première transition natation / course. Alors pour ne pas se mettre de boulets aux pieds, il n’y a pas de secret il faut essayer et aller faire un plouf en chaussures.
Les chaussures ont trois défauts pour la natation : elles augmentent le volume du pied et augmentant ainsi la résistance à l’avancement, elles limitent l’amplitude de la flexion plantaire de cheville, ce qui accroît également la traînée hydrodynamique. Gorgées d’eau, elles alourdissent le pied qui a tendance de ce fait à couler, accroissant encore plus la traînée.de ce fait à couler, accroissant encore plus la traînée. Les chaussures ne sont donc pas hydrodynamiques et la chaussure swimrun idéale doit limiter ces défauts.
Optez pour une chaussure swimrun bien ajustée à votre pied pour limiter les résistances. Elle doit peu remonter sur votre tendon d’Achille.
Pour retenir moins d’eau et ne pas trop alourdir vos pieds optez pour des chaussures avec le minimum de mousse possible surtout sur la tige et la languette. Vous pouvez également rajouter des flotteurs dans vos chaussettes de compression pour ceux qui en portent afin de compenser le poids de vos chaussures.
Lors de la transition natation /course à pied, l’objectif est que votre chaussure évacue l’eau le plus vite possible pour réduire le poids et limiter l’exposition du pied à l’eau. L’eau assouplit la peau et augmente ainsi les risques d’ampoules, d’où l’importance de choisir le chausson et les chaussettes confortables pour vos pieds. Faire des trous dans les chaussures pour faciliter le drainage fait partie intégrante du bricolage de matériel swimrun. Cependant ces derniers sont inutiles si vos chaussures drainent rapidement l’eau. Ils seront efficaces et utiles pour les chaussures avec un rebord étanche tout autour pour justement empêcher les petites entrées d’eaux et/ou protéger des chocs. Par contre les trous dans la semelle risquent toujours de laisser passer une branche ou un clou, donc attention à cette option. Les chaussures goretex et autres modèles étanchent sont à proscrire en swimrun : elles fonctionnent bien si vous courez sur des terrains un peu humides. Par contre, après avoir été complétement immergées en natation, l’eau qui est entrée ne peut plus sortir.
Pour performer vous devez forcément rechercher la chaussure mouillée la plus légère possible, car un poids plus important aux pieds diminuera l’efficacité de votre foulée. Vous serez moins efficients en course à pied ce qui augmentera votre consommation énergétique. Cependant, cela ne doit pas être au détriment des autres critères, en particulier celui du confort (chaussure adapté à votre morphologie et foulée), mieux vaut dans ce cas être un peu moins performant mais finisher et ne pas se blesser.
Petite anecdote : en 2015, lors des championnats du monde de swimrun (Ötillö Race), le premier binôme homme Suèdois qui avait une avance considérable (plus de 20’ à mi-course) sur le 2ème binôme homme a rencontré quelques problèmes de chaussures. En effet un des Suédois essayait pour la première fois sa paire de chaussure swimrun. Il n’avait pas mis de chaussettes, certainement pour un gain de poids. Sauf que cette paire de chaussures n’était pas adaptée à son pied, surajouté aux petits cailloux et autre sédiments qui se sont invités dans sa chaussure, il ne pouvait plus supporter ses chaussures. Heureusement son binôme faisait la même pointure que lui. Ils ont donc échangé leurs chaussures. Cependant, après la longue portion de Cap sur l’île d’Orno,ils avaient tous les deux les pieds très abimés. Ils ont réussi à finir dans la souffrance en voyant le podium leur échapper puisqu’ils finissent 4ème. Le lendemain matin ils sont venus prendre le petit déjeuner pieds nus, leurs pieds étaient douloureux, très abîmés, ensanglantés et ils ne supportaient aucune chaussures.
En conclusion, il n’y a vraiment que 4 marques qui proposent des modèles développés spécifiquement pour le swimrun. La paire de chaussure de swimrun idéale n’existe pas, et n’existera jamais en raison des nombreux facteurs et contraintes qu’impose la discipline. Il faut faire des choix , des compromis, pour allier confort et performance en course à pied et en natation. En espérant que ces quelques conseils vous aideront dans vos choix, nous vous souhaiton une bonne préparation et de belles courses pour 2017.
Facteurs, Contraintes et compromis pour choisir sa chaussure de swimrun ?
- Être confortable (chausson adapté à la morphologie du pied, chaussure adapté à sa foulée, choix des chaussettes)
- Chaussure adaptée au terrain (type de semelle, résistance et maintien de la chaussure).
- Chaussure et Natation… (hydrodynamisme, Drainage, Poids de la chaussure mouillée)
Conseils : Les chaussures spécifiques swimrun sont souvent dîtes « minimalistes ». C’est-à-dire qu’elles ont un faible drop (< ou égal à 4mm).
Le drop correspond à la différence de hauteur entre le talon et l’avant du pied, soit la différence entre l’épaisseur de la semelle à l’arrière et à l’avant de la chaussure.
La plupart des chaussures ont un drop entre 8 mm et 10mm.
Soyez donc très vigilants si vous passez aux chaussures minimalistes. Elles ont généralement moins d’amorti. Le faible drop va modifier votre technique de course et votre foulée en demandant une sollicitation plus importante des muscles intrinsèques du pied, du triceps sural et des stabilisateurs de cheville. Le complexe articulaire et musculaire pied/cheville devra s’adapter progressivement a ce changement de chaussures.
Adoptez ces nouvelles chaussures de manière progressive pour limiter les risques de blessures:
Commencez par marcher avec, puis courrez quelques minutes et augmentez légèrement le temps de course.
Vous allez renforcez vos muscles du pied et du mollet, vous le sentirez.
Donc prudence et progressivité sont les maîtres-mots à adopter.
Découvrez notre précédent article : Le SwimRun à l’International et en France
Team Belove
Arnaud Elfie : Masseur-Kinésithérapeute du sport
Ralite Tom : MKDE