A l’INSEP, où elle s’entraîne depuis quatre ans, Marlène Harnois fait visiter avec fierté et entrain les installations. La salle de taekwondo, colorée et lumineuse, et la salle de muscu, « pour les séances les moins funs ». Cette dernière, elle la fréquente parfois jusqu’à deux fois par jour, à l’approche d’une compétition, pour deux séances cardio de 45 minutes chacune. Objectif : perdre du poids.
En temps normal, cette sportive pèse 62 à 63 kilos. Mais pour les Jeux de Londres, elle a eu le choix entre deux catégories : « moins de 67 kilos » ou « moins de 57 kilos ». « Quand on pèse 62 kilos dans la catégorie moins de 67, on est un peu trop légère. Alors j’ai décidé de descendre dans la catégorie en dessous », explique cette Canadienne d’origine, qui a obtenu la nationalité française en 2008. Bilan : 5 à 6 kilos à perdre pour être au bon poids le jour de la pesée, 24 heures avant l’épreuve.
« J’essaie d’abord de descendre à 59 kilos, tout en gardant ma masse musculaire. Les deux kilos restants, je les perds en eau. L’avantage d’avoir la pesée la veille des combats, c’est que j’ai ensuite le temps de me réhydrater », explique la médaillée de bronze olympique.
La course à pied fait notamment partie de son plan de perte de poids. « A un mois d’une compétition, je me programme trois séances de 45 minutes à 1 heure par semaine. J’essaie d’atteindre progressivement 12 à 13 kilomètres/heure, avec une moyenne globale autour de 11. Quand je commence à courir, je me sens rapidement mieux, plus en forme, ça me motive ».
Ensuite, une semaine avant le jour J, pour faire encore davantage flancher l’aiguille de la balance et perdre ces fameux kilos d’eau, Marlène Harnois pourrait, comme certaines de ses collègues, passer par l’épreuve sauna. « Mais j’en suis incapable. On n’est pas du tout dans le sauna détente avec le massage thaï à la fin ! Je ne peux pas me retrouver passive, allongée, avec déjà une sensation de soif en commençant… parce que dans cette période, on fait attention à tout ce que l’on boit ». Elle a notamment testé la méthode corde à sauter : « Pas très pratique. On peut rapidement décrocher ». Elle préfère donc « les appareils ». Comprenez par là les appareils cardio : tapis de course, vélo ou, dans une moindre mesure, rameur.
« J’enfile un k-way de sudation, un fuseau, un autre pantalon, un sweet, un manteau et je pars pour une séance de minimum 45 minutes. Mais je suis tellement couverte que je ne suis pas obligée de travailler à une intensité très élevée. Je reste autour de 8.5 kilomètre/heure. Au début je perds 1.6 kg en une séance. Mais je rebois ensuite un litre d’eau et reprend du poids. La perte est donc très progressive. A la toute fin, je ne perds que 600 grammes en une séance… et j’angoisse… Je pense toujours que je ne serai pas au poids le jour de la pesée ».
Marlène Harnois confie « jongler beaucoup entre les appareils. Sinon, je sature. Je peux très bien faire 15 minutes sur un, 15 minutes sur un autre, etc… » Avec l’expérience, elle a appris à découvrir et apprécier les avantages de l’entraînement en salle : « Sur le tapis de course, ce que j’aime, c’est que je me cale sur un rythme et qu’après je n’ai plus à m’en préoccuper. Courir en extérieur, c’est bien, ça me permet de plus ventiler. Mais je ne suis pas réglée comme les athlètes… Au moins, sur tapis, je n’ai pas à vérifier mon allure ». Autre bon point : « Le tapis, c’est la machine qui me permet de perdre le plus de poids ». Reste qu’elle doit se contenter d’écouter la radio ou de la musique et qu’elle ne peut pas, comme sur vélo, « poser (son) I-Pad et regarder un film, ou lire un magazine ». « J’aime bien le vélo pour ça, je peux m’évader ! Mais si ne faisais que pédaler, ça me fatiguerais plus les jambes. Or ce n’est pas l’objectif juste avant une compétition ».
Dans cette dernière ligne droite avant la pesée, Marlène Harnois l’avoue : « C’est le mental qui prend le relais. Je suis en fin de préparation, ce qui veut dire que je me suis déjà poussée dans mes retranchements à la salle de taekwondo… Mais ça fait partie de ma routine… ». Une « routine » bien remplie, pour cette sportive de haut niveau qui s’entraîne parfois trois fois par jour. Car la perte de poids ne fait évidemment pas tout. De la même manière que réduire les appareils cardio à de simples outils d’amaigrissement serait une erreur. Ils font aussi partie de l’entraînement de cette spécialiste du taekwondo, pour l’aider à gérer l’intensité des combats. « Trois rounds de deux minutes, c’est un effort long. Et une journée de compétition représente quatre à six combats. On effectue beaucoup de foncier en début d’année. Avec aussi du travail sur piste, des fractionnés ». On ne devient pas double championne d’Europe et médaillée olympique par hasard…
Née le 22 octobre 1986 à Montréal
Franco-canadienne
Club : Aix AUC
Lieu d’entraînement : INSEP
Spécialité : taekwondo
Palmarès principal
Médaillée de bronze aux Jeux Olympiques de Londres en 2012
Médaillée de bronze aux Championnats du Monde en 2011
Championne d’Europe en 2008 et 2012
Médaillée de bronze aux championnats d’Europe en 2010