Le testeur
Ludovic Chorgnon
42 ans
Taille : 1.80 m
Poids : 69 kg
Pratique du running depuis 15 ans
11 entraînements par semaine dont 6 de course à pied
Chronos
10km : 34mn50
20km : 1h12
Semi-marathon : 1h16
Marathon : 2h46
100km : 8h14
Trails et ultra-trail : 4 Diagonales des Fous (34h02); 2 Marathon des Sables (41ème); Badwater (217km non-stop); Spartathlon (245km non-stop); Ultr’Ardèche (216km non-stop); Comrades; AMT au Mustang (Népal); Everest Sky Race; Himal Race (6ème); Grand Raid Sahara
Triathlon : Ironman de Bolton, Zurich, Embrun (2 fois), Ch’triman et Altriman
Conditions du test
Suite au test d’Aurélien (voir le test), dont je partage l’analyse, voici quelques informations complémentaires après l’utilisation de la Suunto Ambit 2 Saphir durant environ trois mois et demi avec notamment durant cette période, un triathlon longue distance, deux Ironman, un trail de 50 km et surtout l’Himal Race, soit plus de 800 km en haute altitude dans l’Himalaya (voir le récit de son aventure).
Le test
Tout d’abord je craignais d’avoir une montre énorme au poignet et donc un poids à gérer. Il n’en fut rien, le bracelet et la forme de la montre sont parfaitement adaptés à ma morphologie, du coup cette montre est extrêmement confortable et se fait oublier dès les premières minutes.
En revanche, pas particulièrement adepte des fonctionnalités en tous genres, je me suis senti mal à l’aise après avoir ouvert la boîte. J’ai découvert une magnifique montre, je n’ai trouvé de documentation (à télécharger comme c’est de plus en plus fréquent), mais surtout je me suis senti perdu devant une interface tout sauf intuitive. Les menus sont clairs et parfaitement lisibles, en revanche s’imaginer enfiler cette montre et laisser sa logique faire le reste pour l’utiliser au plus vite est un leurre. Il faudra bien prévoir d’y passer un minimum de temps pour appréhender la bête avec toutes ses fonctionnalités et son ergonomie.
Avec mes courses en montagne et la vie « rustique » que j’ai dans les courses extrêmes, j’avais opté pour le modèle Sapphire, annoncé comme hyper résistant aux chocs. Et malheureusement pour moi j’ai pu en tester la véracité quelques jours seulement après l’avoir acheté. En effet sur un triathlon longue distance, je chute dans un virage à près de 50km/h, me brûle la peau et saigne de l’épaule à la cheville côté gauche, et déchire ma tenue. Mais lorsque, inquiet, je regarde ma montre, celle-ci n’a qu’une éraflure sur la partie caoutchouc du bracelet, pas une rayure sur la vitre comme sur la couronne de la montre, alors que j’ai également la main ensanglantée. Les conditions plus habituelles, d’une vie en montagne et de multiples passages techniques dans les roches, m’auront définitivement convaincu sur la résistance réelle de cette montre.
Concernant l’altimètre, primordial pour moi en montagne, il est d’une précision redoutable, on peut jouer quasiment au mètre près avec les cartes, c’est réellement bluffant.
Le GPS est presque parfait tant il trouve vite sa position et propose une retranscription précise sur les cartes via Movescount. Par contre, environ une fois toutes les 20 à 25 utilisations, lorsqu’il ne trouve pas les satellites d’emblée (même sur des endroits où il capte habituellement quasi instantanément), on est parti pour plusieurs minutes de recherche qui agacent un peu. Heureusement c’est fort rare et il reste bien plus performant que les GPS que j’ai pu essayer jusqu’alors.
La résistance aux températures largement négatives comme très hautes n’est clairement pas un problème pour cette montre qui ne montre aucun signe de fatigue niveau batterie, ni aucun signe de faiblesse avec de la buée par exemple.
La possibilité de programmer des enchaînements multisports est intéressante et permet même une adaptation à tous les raids multisports et pas seulement au triathlon.
La lisibilité est bonne, malgré deux petites lignes au-dessus et en dessous de l’information principale, mais ce qui est réellement intéressant c’est que l’on peut programmer plusieurs écrans que l’on change aisément durant la course. Cela m’a permis d’avoir des informations totalement différentes sur les diverses phases de mes courses, mais cela nécessite là encore d’avoir pris pas mal de temps pour paramétrer tout cela avant. La lisibilité de nuit est excellente, enfin la possibilité de bloquer l’arrêt du chrono est rassurante, surtout dans des conditions de course intenses où les mouvements de main peuvent facilement appuyer sur un bouton étant donné la largeur de la montre.
C’est un petit détail pour économiser la batterie, mais l’écran se coupe la nuit jusqu’à ce que l’on bouge la montre et elle se rallume instantanément.
Malgré toutes ces qualités, j’ai relevé quelques défauts. Comme je l’évoquais précédemment, la prise en main est vraiment tout sauf naturelle et nécessite clairement beaucoup de temps. Pour tout dire, il existe encore aujourd’hui des fonctionnalités que je n’ai pas pris le temps d’exploiter faute de temps pour en analyser le mode de fonctionnement, après avoir compris que je ne pourrais pas m’en servir instinctivement.
La natation en piscine est sympathique mais finalement pas assez précise pour être intéressante. Pour avoir passé plusieurs semaines avec une séance quasi-quotidienne, j’ai pu me rendre compte que la distance annoncée était plus un ordre d’idée qu’une information précise, car évidemment il ne s’agit pas du GPS qui marque la trace, mais d’un accéléromètre. Bref en général sur 2 à 3km par séance, j’avais 100 à 200m de plus au compteur (soit 4 à 8 longueurs d’écart sur un bassin de 25m !!). La natation en eau libre est en revanche plus précise et correspond globalement assez bien à la réalité.
L’autonomie de 50 heures est clairement un leurre ! 20 à 22h, c’est vraiment le maximum que l’on puisse tirer de cette montre, en utilisant bien évidemment le paramétrage pour minimiser la consommation. Cependant depuis mon retour du Népal j’ai pu constater sur Movescount une mise à jour du logiciel, et bizarrement de nouveaux paramètres sont apparus concernant la précision du GPS, avec une autonomie à 16, 24 ou 50 heures selon la précision, mais je n’ai pas pu les tester depuis. Alors pour des courses de 30, 40 ou 120 heures, forcément ce gap entre les 20 heures réelles et les 50 heures théoriques est considérablement gênant, mais pour la majorité des coureurs et la majorité du temps, même pour moi, cela est amplement suffisant pour ne pas avoir à recharger la montre sans cesse.
Plus ennuyant, c’est que dès que la batterie est vide, la montre perd tout le paramétrage et oblige donc à reparamétrer sa montre pour pouvoir s’en servir après recharge, notamment, et c’est incroyable, l’altitude !!
Autre problème majeur à mes yeux, lorsque l’on a rempli la mémoire (facilement imaginable pour moi avec mes 800 km de course sans voir un PC, mais aussi pour un coureur qui ne viderait pas sa mémoire régulièrement), la montre supprime les exercices les plus anciens. Jusque-là logique et même plutôt bien, car on aurait pu craindre un message du genre « mémoire pleine impossible d’enregistrer l’exercice ».
En revanche c’est une perte complète des exercices, sans même garder une synthèse ! C’est-à-dire qu’il est évident que l’on peut gagner de la place en supprimant toutes les informations sur le parcours, le dénivelé, la température, le rythme cardiaque, … mais il eut été plus logique de conserver une synthèse avec la date, l’heure, la distance parcourue, la vitesse moyenne, le dénivelé positif et négatif, … qui sont des données élémentaires importantes et qui, stockées ainsi, ne peuvent pas prendre beaucoup de place. Ceci signifie que sur un long périple vous perdrez nécessairement une partie de celui-ci, dommage !
La température indiquée est quant à elle totalement fantaisiste et sans enlever sa montre et la poser un bon moment au sol, il peut sans souci y avoir plus de 20°C d’écart entre la réalité et le la température affichée ! Il eut été préférable de ne pas la mettre plutôt que de disposer d’une information non fiable à ce point.
Concernant l’utilisation en triathlon, ce n’est pas encore parfait. A se demander si un triathlète a été consulté au moment de programmer cette montre ! En effet si l’ordre des sports est bien respecté, pour effectuer un changement de sport, il vous faudra appuyer trois secondes sans relâcher sur un bouton pour que la montre comprenne qu’il faille changer de sport, ce qui est juste inconcevable dans un sport où l’on cherche à gagner des secondes sur tous les détails durant une transition. Par ailleurs on passe de la natation au vélo, puis du vélo à la course à pied, sauf que ce qui intéresse les triathlètes en matière d’analyse et qui figure également sur les classements officiels, c’est le temps passé en transition. Pour moi il manque deux options importantes pour que cette montre soit parfaite pour le triathlon. D’abord l’ajout d’un temps de transition entre les épreuves. Et ensuite, soit un appui court via un bouton ou une combinaison, soit la détection automatique du sport, ce qui est tout de même aisé avec un accéléromètre et des vitesses et mouvements totalement différents pour chaque sport.
Enfin, l’interface Movescount est agréable et riche d’informations, mais comme la montre, pas réellement intuitive ce qui oblige régulièrement à cliquer ici et là pour retrouver des menus ou informations. J’aurais également aimé disposer d’un outil d’export csv ou xls des données type dénivelé, cardio, … pour permettre une analyse plus professionnelle et précise sur un tableur.
Conclusion
Je dirais que cette montre est redoutable et globalement un vrai bonheur, incontestablement la meilleure que j’ai eu le plaisir d’utiliser jusqu’alors, en particulier pour la montagne.
La fiche de la Suunto Sapphire HR
Marque : SUUNTO
Modèle : Ambit 2 Sapphire HR
Type : GPS et Cardiofréquencemètre
Poids : 92 gr
Diamètre : 50.5 mm
Epaisseur : 18 mm
Étanchéité : 100 m
Prix : 595 euros