Foulées de Vincennes 2014 enfants

Un test de VMA chez l’enfant, est-ce bien utile ?

Un test de VMA chez l’enfant ? Lequel ? Pourquoi ? Ma réponse va débuter par ….une question.

Quel est l’objet de ce test de VMA ?

  • Un entraînement scientifique ?
  • Un suivi de l’évolution de leur capacité physique dans le domaine aérobie sur une longue période ?
  • Une évaluation indirecte d’une consommation maximale d’oxygène ?
  • La construction de séances avec des contenus élaborés à partir du test ?
  • La détection de futurs champions ?
  • L’étalonnage des enfants ?

Si les réponses sont non à toutes ces questions alors je ne vois pas l’intérêt de faire faire un test de VMA à les enfants.

Oui, bien entendu l’activité course est un support extraordinaire pour faire bouger les jeunes .
Lors d’un colloque à Toulouse sur la course en milieu scolaire en 1995, j’avais écrit : « Avant tout chose, il faut rappeler ce tout un constat : les enfants sont en sous-entraînement (faiblesse de l’activité physique générale) avec des conséquences sur le surpoids et le développement moteur est plus d’actualité chez nos jeunes que le sur-entraînement« . Ceci est encore plus vrai aujourd’hui malheureusement.

De récentes études ont montré que la génération actuelle (quel que soit le pays) avait un niveau de condition aérobie très nettement inférieur à celui de la génération des années 70. Les causes sont connues et les responsabilités partagées.
Mais très souvent, enseignants, éducateurs et entraîneurs pêchent par excès de prudence. L’histoire dans le domaine de l’endurance a été fortement marquée par des diktats médicaux (l’ endurance à 120 pulsations qui a marqué des générations entières d’enseignants) puis par des théoriciens qui ont voulu « normer», intellectualiser une pratique pourtant naturelle. Tests, abaques et séances sophistiquées destinées à faire des cours d’EPS (Education physique) un cours digne de ce qui est réalisé en mathématiques et en français en oubliant l’essentiel : la production de mouvement .

N’embêtons pas les gamins avec des tests d’évaluation de la VMA, qui à cet âge, ne signifient pas grand-chose, laissons les vivre et faisons en sorte que les cours d’EPS soient vivants : qu’ils bougent, sautent, crient, jouent et prennent du plaisir. Oui, le plaisir d’abord ! Comme le disait un collègue de l’Université de Strasbourg (le professeur André Rauch) : « il faut éviter l’excès de rationalité pédagogique qui ôte tout intérêt à une pratique pourtant attrayante quand elle est spontanée ».

Faire un test de VMA, construire des séances alambiquées de travail intermittent par exemple que même des coureurs de haut niveau seraient en difficulté de réaliser n’est d’aucun intérêt, ni sur le plan du développement aérobie et de l’évaluation des enfants, ni sur le plan pédagogique. Recommencer ce protocole tous les ans n’est guère enthousiasmant pour motiver les jeunes alors que pourtant des millions de personnes courent en France .

N’enfermons pas l’enfant dans un approche réductrice faite de normes et de valeurs, qui bride par moments la générosité de l’enfant qui oublie, lorsqu’il est motivé et joue, toute notion de VMA et de Fréquence cardiaque.

Un test de VMA, qui déjà en soi ne veut pas dire grand-chose à cet âge chronologique va mettre l’enfant dans des catégories et donner une image de soi (bonne ou mauvaise) qui pourra avoir des impacts sur sa pratique.

Pour intéresser les enfants à la course de durée ou le demi-fond, il faut provoquer comme le disait Tribalat une conduite émotionnelle et motivationnelle. Rien de tel que d’être confronté à soi-même et aux autres (enjeu, défi, duel). Oui, les enfants quelque soit leur niveau individuel, vont courir avec plaisir et engagement dès lors que l’enseignant et/ou l’entraîneur saura créer un espace ludique .

L’objectif pour l’enseignant sera de trouver et mettre en place des formes compétitives collectives attractives permettant d’intégrer pleinement les élèves les plus faibles. Ces formes ludiques doivent être basées sur la variabilité des gestes proposés, en prenant en compte et en intégrant la prise de risque et le suspens (l’incertitude de l’issue), en proposant des formules de type relais, par exemple, afin que des éléments stratégiques et tactiques puissent apparaître (la place du partenaire même faible devenant essentielle, car il y aura une remise ne cause permanente du résultat).

On est là bien loin de la question de savoir quel est le meilleur test de VMA pour les enfants de 9 à 11 ans ?

Mon avis est simple, en dehors d’une recherche scientifique longitudinale, il n’a aucun intérêt pédagogique car il y a tellement mieux à faire pour créer de la motivation et de l’émulation chez les enfants.

Mais, en réponse à notre lectrice, future professeur des Écoles qui souhaitait connaître mon avis sur la question de la VMA et de son calcul sur des enfants pré-pubères, j’ajouterais qu’il ne faut pas que ce discours iconoclaste la perturbe dans ses études et la mette en contradiction vis-à-vis de vos professeurs. « Appuyez-vous sur les apports théoriques pour votre formation (examen, certification) puis après, forgez- vous votre propre idée et votre propre approche. En tant qu’ancien professeur EPS, formateur en UFRSTAPS, entraîneur de club, entraîneur national et toujours entraîneur, je me sens autorisé de donner un avis et à prêcher pour de la simplicité, du pragmatisme et la réalité du terrain. Bonne vocation et garder votre envie de faire partager votre enthousiasme pour la course à pied .

Je suis bien entendu disponible pour poursuivre et approfondir cet échange avec toutes les personnes qui souhaitent en débattre.