Sur la zone d’arrivée de la maxi-race à Annecy, le 30 mai 2015, la question lui a été posée. En quoi son passé de Vététiste de haut-niveau a été un atout dans son ascension vers le top niveau mondial en Trail ? Quels avantages lui a procuré cette discipline sur un tracé comportant de nombreuses descentes tel que celui-ci ? Une question qui aurait tout aussi bien pu être posée à Nathalie Mauclair, double championne du monde (2013 et 2015) qui vient, elle aussi, du VTT. (Voir le compte-rendu des championnats du monde et les portraits de Sylvain Court et Nathalie Mauclair)
Afin de répondre à cette question, il faut revenir sur les différentes caractéristiques qui déterminent le niveau de performance dans ces deux disciplines. Et on s’aperçoit qu’elles sont globalement identiques.
Tout d’abord, concernant l’aspect physique, il s’agit de la capacité et de la puissance aérobie. Pour imager, la capacité est la taille du réservoir tandis que la puissance est le diamètre du robinet (« Pa » sur notre schéma). La filière aérobie, quant à elle, régit les efforts utilisant l’oxygène comme comburant des différentes sources d’énergies telles que les lipides ou les glucides.
oncernant l’aspect technique, il semble avoir davantage d’importance en VTT, mais le sens de la trajectoire et de la vitesse développée grâce à cette discipline, resserviront forcément en trail. Après sa course victorieuse lors des championnats du monde, Sylvain Court a ainsi reconnu qu’il avait peut-être moins d’appréhension dans les descentes du fait de son passé de vététiste et qu’il n’avait pas eu à acquérir la lecture du terrain, le VTT l’ayant déjà formé à cela. En effet, on retrouve dans les deux disciplines des similarités techniques indissociables, l’importance du placement du regard, du relâchement, la mobilité des épaules. Toujours au sujet des descentes, la principale différence que l’on peut noter entre les deux activités est le mode de contrôle de l’allure. Contrairement au VTT, sport porté où il se fait à l’aide des freins, en trail, il se fait principalement à la force des jambes et représente donc une plus grande contrainte physique.
Il existe également dans les deux disciplines, une composante technico-tactique. En trail comme en vtt, elle s’exprime par la capacité du compétiteur à gérer l’effort. L’optimisation de celle-ci est bien évidemment primordiale à la performance.
Au niveau de l’aspect biomécanique, les deux disciplines ont également un point en commun, il s’agit dans les deux cas d’activités cycliques. La gestuelle effectuée est répétitive. Le cerveau n’a donc pas peu de difficulté à s’adapter lors de la transition d’une discipline vers l’autre et développera rapidement une certaine économie du geste. Ce qui signifie que la foulée s’adaptera rapidement afin de devenir économique en termes de consommation d’énergie.
Enfin, intervient l’aspect psychologique. Les deux disciplines requièrent de grandes aptitudes à supporter la douleur, comme nous le disais Sylvain, une faculté d’acceptation de la vitesse mais également la capacité à rester concentré pendant plusieurs heures. A plus long terme, l’atteinte de la performance requière des valeurs d’abnégations dans l’entrainement et l’hygiène de vie globale. Toujours dans ce domaine, un autre point commun entre les deux disciplines est leur statut d’activité de « pleine nature ». Ce qui permettra dans doute au vététiste de conserver motivation et plaisir liés au contexte de pratique lors de sa transition vers le trail. Deux éléments essentiels pour la progression.
Vous l’aurez donc compris, le bon vététiste fera généralement un bon traileur.
Je rajouterai qu’il doit être patient dans sa reconversion. En effet, même si celui-ci est déjà un sportif de haut-niveau, il lui faut augmenter les charges d’entrainement « course à pied » progressivement. L’allongement des distances et l’appréhension du dénivelé doivent se faire petit à petit. Il faut, par exemple, commencer par effectuer les descentes lentement, dans des allures maitrisées et non subies. L’ex-vététiste, renforcera ainsi progressivement sa musculature au niveau des membres inférieurs de façon à développer un meilleur maintien de ses articulations lors des appuis instables, fuyant ou latéraux. Cela lui évitera d’être gêné par de multiples blessures liées à une nouvelle gestuelle et aux traumatismes provoqués par les impacts sur le sol, traumatismes inexistants en cyclisme.
1 réaction à cet article
christiane
Oui sans hésitation!!! Athlète Court Sylvain performances : 1998 à 2015 .