Trail

Trail : Comment établir sa stratégie de course ?

Si les facteurs de performance en trail, la plupart énergétiques, se heurtent aux limites individuelles, les facteurs stratégiques sont plus égalitaires mais requièrent une bonne dose d’expérience. Les contraintes de la course en montagne sont de mieux en mieux appréhendées par les athlètes, les entraîneurs et les chercheurs. Si les capacités énergétiques et techniques font la différence sur les épreuves courtes, elles se révèlent nécessaires mais insuffisantes sur le long où de multiples facteurs stratégiques rentrent en jeu. Mais qu’est-ce que la stratégie ?

La stratégie renvoie à la guerre et à la manière de mener son armée au combat. Le mot tactique lui serait préférable car le combat se mène avant tout contre soi-même, autant physiquement que psychologiquement. Pour le traileur, et particulièrement en ultra, la stratégie ou tactique, s’exerce dans différents domaines : gestion de l’intensité de l’effort, matériel, alimentation, mental ; chaque domaine influençant positivement ou négativement les autres. Un matériel trop lourd et l’intensité de l’effort est impactée, des habits inadaptés au froid et la dépense énergétique s’envole…
Ainsi comme les éléments d’un même ensemble, le Pacing, l’alimentation, le matériel et le mental sont tous interconnectés et influencent la stratégie du coureur.

La tortue victorieuse du lièvre

1 –  En ultra, les bons gestionnaires ont les meilleurs gains. Chaque athlète part avec un réservoir d’énergie dont la consommation ne pourra être que partiellement remplacée par la nutrition et l’hydratation. Une bonne gestion de son effort demande de l’expérience et de l’intelligence intra-personnelle (bonne connaissance de soi). Chacun doit définir ses plages d’intensité de travail, particulièrement en début de course. Rester à intensité basse et la plus régulière possible doit être le leitmotiv de chacun. L’alimentation sera également plus aisée si l’intensité est régulière, et les risques de défaillance moindres.

En trail, comme dans la fable, la tortue peut vaincre
En trail, comme dans la fable, la tortue peut vaincre

Ces plages d’intensité sont propres à chacun et seul le cardiofréquencemètre peut en être le reflet. La capacité à tenir un pourcentage élevé de sa puissance aérobie maximale est un facteur essentiel de la performance en ultra.

2 – La stratégie nutritionnelle est également une affaire individuelle. Les besoins diffèrent quantitativement et qualitativement entre les  coureurs ; et pour un même coureur, les besoins peuvent différer d’une épreuve à l’autre et d’une saison sur l’autre. La détermination du protocole alimentaire de course est un long processus, établi sur le mode essai-erreur. L’hydratation et la nutrition pendant l’épreuve dépendent de nombreux facteurs qu’il ne faut pas oublier de mettre en équation pour établir la formule de la performance-plaisir. Ces facteurs sont les conditions météos (température, humidité, vent), l’altitude, l’intensité de l’effort, et le métabolisme. Chacun doit rédiger sa stratégie nutritionnelle pour toute la durée de l’épreuve, en prévoyant les quantités d’eau, d’aliments, de compléments, et tout cela par section. Il n’y a pas de performance durable sans protocole alimentaire abouti.

3 – Bien sûr, l’alimentation, et surtout l’hydratation, sont dépendantes du matériel utilisé. Ceinture porte-bidons ou flasques, sacs à dos, confort, contenance, tout doit être prévu et testé à l’entraînement et sur les compétitions de préparation. Cela vaut pour l’ensemble du matériel : textiles, compression, bâtons, chaussures. L’athlète doit pouvoir se couvrir et se découvrir en fonction des conditions extérieures et de sa propre physiologie, afin d’assurer la thermorégulation. Toute erreur entraîne une perte d’énergie pour lutter contre le froid ou le chaud, préjudiciable à la performance finale. Sur les grands rendez-vous annuels, la liste de matériel est à présent impressionnante. Il ne faut négliger ni la qualité ni le poids et prévoir l’imprévu. Cela concerne aussi les bâtons dont il faut maîtriser parfaitement l’usage tout comme la rentrée et la sortie du sac. La préparation à l’utilisation du matériel doit se faire à l’entraînement et en conditions de course.

4 – Tous ces points peuvent aussi être travaillés (ou imagés) mentalement afin de renforcer les apprentissages. Chaque coureur a une stratégie mentale, plus ou moins consciente, une manière de se représenter la course et de la vivre. Pourtant, quand on ne les choisit pas, on augmente le risque de subir les événements. Parmi les habiletés mentales essentielles, il y a la fixation d’objectifs, la concentration, le monologue interne positif, le coping (la capacité de faire face) …Le mental  doit nous aider à positiver, donc à diminuer l’anxiété et améliorer la performance. Enfin, l’assistance fait aussi partie intégrante de la stratégie de réussite ; une assistance efficace, informée, disponible, positive, que vous n’oublierez pas de remercier en la quittant.

Sur tous les points évoqués, chacun peut gagner un temps précieux et du plaisir en améliorant ses stratégies. Il suffit de faire rimer raison avec passion.