C’est vrai, culturellement on a vu les vidéos de Rocky en pull-over pour préparer ses combats ; on entend même parler de tout un tas de sportifs se couvrant de façon exagérée lors des entraînements préalables à la compétition. C’est donc bien qu’il y a une raison…
Effectivement. Si je me couvre, j’installe sur moi une barrière à l’évaporation de ma sueur, ce qui a pour effet de freiner mon refroidissement (manque d’évaporation), donc de me faire monter en température. Et comme le fait de suer ne m’aide pas à thermoréguler à cause de cette barrière, je continue finalement de transpirer jusqu’à ce que ma séance s’arrête. Au final, je perds de l’eau. Et au final, c’est ce que recherchent ces athlètes dans leur dernière semaine de préparation : se déshydrater.
A l’échelle d’un seul entraînement en chaleur (car c’est ce qui se passe quand je me couvre : je simule des conditions tropicales pour mon corps), je perds donc plus d’eau, mais ce n’est pas tout. Une donnée méconnue est celle des contributions des filières énergétiques lors de ce type d’effort particulier. Spécifiquement, les recherches en sciences du sport dénotent une consommation plus importante des sucres à l’exercice, et une moindre sollicitation des graisses, lorsque le corps est en état d’hyperthermie. Un constat qui ne va donc pas soutenir la thèse du régime escompté. Et encore, ce n’est pas fini.
Si je me couvre, je perds plus d’eau. Faisons maintenant l’hypothèse que je répète ce type d’entraînement sur la semaine, pensant magnifier les effets de mes séances. Que se passe-t-il alors pour le corps lorsqu’il se trouve répétitivement soumis à une déshydratation prononcée ? Il s’adapte, en se protégeant contre un futur déficit en eau ; et pour cela, il scrutera chaque millilitre d’eau que vous voudrez bien lui apporter après la séance pour… le stocker en excès. Cette rétention d’eau s’établira essentiellement au sein même du sang, en se traduisant par une hausse du volume du plasma. Génial non ?! En tout cas, pas pour ceux s’attendant à perdre du poids grâce à de telles séances à 38,5-39°C de température interne, car ils constateront au contraire leur poids s’élever à mesure de leur « acclimatation ». Parfois plus de 1,5kg ! Pas de panique néanmoins, cette prise de poids due à l’augmentation du volume de sang n’est que temporaire : elle dépend du stress thermique subi par l’organisme et se dissipe donc dans les 3-5 jours après l’arrêt de ce type de séance.
Un dernier point devrait attirer l’attention vis-à-vis de cette « idée reçue ». Vous aurez remarqué que courir lorsque l’on a chaud est dramatiquement plus pénible qu’en conditions plus fraiches. En conséquence, on arrête de courir plus tôt ou on ralenti. Dommage, car vous savez qu’on brulera d’autant plus de lipides lors de nos séances légères que celles-ci seront prolongées. Finalement, le constat demeure double : on perd directement moins de graisse en se couvrant (de par les implications métaboliques de l’augmentation de la température du corps), et indirectement car l’effort est raccourci dans le temps.
En se couvrant en excès à l’exercice, l’idée affichée ne doit donc pas être de maigrir. En effet, une perte de poids ponctuelle ne manifesterait que les effets d’une déshydratation ponctuelle. Au contraire, en faisant monter le corps en température, on bascule plutôt dans les composantes stratégiques des entraînements en endurance, au service de la performance (cf. « L’acclimatation à la chaleur chez soi, c’est possible ? » et « S’acclimater à la chaleur, ce n’est utile que pour une course ‘chaude’ ? »).
Cyril Schmit
2 réactions à cet article
Patou
Et le sauna esce la même chose esce utile pour les sportifs confirmer
Cyril
C’est la même chose (à peu près) pour le sauna. C’est d’ailleurs une méthode utilisée pour s’acclimater et se préparer aux épreuves en chaleur. C’est donc utile pour les sportifs d’endurance, mais moins pour les sportifs recherchant l’explosivité :
http://www.lepape-info.com/entrainement/entrainement-running/explosivite-vs-endurance-le-contraste-de-la-chaleur/