L’exposition chronique à un stress suscite des adaptations améliorant la tolérance à ce stress. Idée banale me direz-vous. De façon intéressante, ces réponses adaptatives sont aussi susceptibles d’améliorer la tolérance sous des conditions moins stressantes. Alors qu’un large intérêt a historiquement été accordé à l’exposition à l’altitude (ou l’hypoxie) et à ses potentiels bénéfices pour des performances effectuées au niveau de la mer (ou normoxie), peu d’études restent portées sur les éventuels intérêts à s’acclimater à la chaleur afin de réaliser une performance en environnement tempéré. Pourtant, celles-ci sont connues pour décroître à partir d’une ambiance thermique supérieure à 10°C, indiquant ainsi un enjeu thermorégulatoire même en l’absence de hautes températures environnementales. Dans ce cadre, l’amélioration des qualités de dissipation de la chaleur induites par l’acclimatation pourrait s’avérer utile.
Comment ? Un des bénéfices liés à l’acclimatation réside dans la plus grande capacité de dissipation de chaleur, par une sudation plus abondante, plus précoce et mieux diluée (moins de pertes en minéraux). Une étude conduite l’an passé sur des triathlètes bien entraînés a par exemple montré que s’entraîner 2 semaines en Guadeloupe sous ~30°C et ~70% d’humidité pouvait induire une augmentation d’environ 30% du volume de transpiration lors d’une épreuve de 30 minutes. Et qui dit sudation augmentée, dit évaporation améliorée, et donc thermorégulation améliorée – sous réserve que le climat ne soit pas trop humide. Par ailleurs, des sujets acclimatés commencent aussi à transpirer plus tôt dans leur effort, c’est-à-dire qu’une élévation plus basse de la température interne déclenche les mécanismes sudatoires. Ainsi, plutôt que commencer à mouiller le maillot après 15 minutes d’échauffement, vous pourrez vous surprendre à transpirer après 5 minutes d’effort à la même intensité. Aussi, une donnée méconnue de l’entraînement en chaleur repose sur la préservation des électrolytes perdus dans la sueur. Via des entraînements répétés en chaleur, votre organisme apprend en effet à conserver les sels minéraux écoulés par la transpiration. Votre sueur est donc moins salée et vos maillots moins jaunis.
Pour quels effets sur le chrono ? Concrètement, seule une poignée d’études s’est à l’heure actuelle portée sur l’intérêt de s’acclimater à la chaleur pour améliorer les performances en ambiance neutre. Une équipe de l’université d’Oregon a récemment mis en évidence que 10 jours d’entraînement à 38°C pouvaient améliorer la performance en contre-la-montre sur une épreuve d’une heure de 6%, et la puissance de pédalage au seuil lactique de 5%. Non négligeable ! Et de façon notable, ces dernières épreuves étaient effectuées dans un environnement à 13°C ! D’autres résultats convergent dans cette direction.
En clair, le message semble positif et incitant. Malgré un stress thermique relatif en ambiance tempéré, les bénéfices– entre autre – thermorégulatoires liés à une acclimatation à la chaleur apparaissent propices à repousser les freins associés à une montée de la température corporelle. Si ce type de transfert peut paraître utile, la question peut alors se poser : « Existe-t-il un intérêt à se refroidir pour performer en ambiance tempérée ? »
Cyril Schmit
1 réaction à cet article
Paul
Bonjour,
J’aimerai savoir quels sont les conditions d’entraînements de l’études réalisées en Oregon (endurance, intensité, idem que d’habitude) ou un lien renvoyant vers celle ci
Sportivement