Le terme existe depuis peu de temps ; bien qu’il ne figure pas en tant que tel dans les dictionnaires classiques, il est abondamment présent dans le discours des entraîneurs et préparateurs physiques depuis une petite dizaine d’années. La réathlétisation est actuellement l’objet d’un certain nombre de cursus de formation : Diplôme d’Université, Master (associé à l’entraînement ou à la préparation physique), Certificat de compétence spécifique / UFR STAPS Nice, Lyon, Nantes, INSEP…ans lesquels se regroupent entraîneurs et préparateurs physiques mais également kinésithérapeutes.
Il est le lieu d’un champ d’intervention tout-à fait spécifique qui se nourrit de connaissances avérées dans le domaine de l’anatomie fonctionnelle et dans celui de la capacité à appréhender la logique interne de nombreuses disciplines sportives (dossier : analyse des exigences). C’est un travail qui exige une très grande précision.
Pour quoi faire ?
La réathlétisation s’adresse en tout premier lieu aux athlètes ayant un rapport plus ou moins important avec la blessure. Elle a pour objet principal de finaliser le cursus de remise en forme sportive ; elle complète l’action du kinésithérapeute et prépare celle de l’entraîneur. Je parle souvent de « sas de transition »… pour évoquer sa présence dans le continuum des actions qui s’enchaînement les unes derrière les autres: médical, paramédical, réathlétisation et entraînement.
==> la plupart du temps, le réathlétiseur est un préparateur physique
La rééducation fonctionnelle a pour objectif, la santé d’un point de vue général ; l’action des kinésithérapeutes est essentielle mais elle ne parait pas suffisante pour rendre le chemin des sportifs -à nouveau- praticable. Il est admis que plus un sujet est engagé dans une pratique intensive et plus il doit compléter son programme normal de reconditionnement par un programme de préparation totalement individualisé et contextualisé (je dirais « plus sportif »). Et ce afin qu’il retrouve la quasi-totalité de ses moyens (aux alentours de 90% de ses possibilités originelles). Un programme qui exige que soient prises en compte trois considérations majeures :
- l’antécédent médical (objet du diagnostic et du traitement) ;
- les contraintes de la compétition et/ou celles attachées à l’entraînement ;
- la façon dont le sportif résout de façon spécifique les tâches motrices (sa technique)
La plupart du temps, les opérations s’effectuent entièrement sur « le terrain du terrain » et en totale responsabilité. Mais dans de nombreux cas, la réathlétisation peut être débutée durant la phase de convalescence, sous couvert que le corps médical et paramédical en accepte le principe. Par exemple, l’athlète blessé « du haut », travaille « le bas », et ce afin de minimiser les effets liés au désentrainement (conséquence liée à un arrêt trop long d’activité). Dans ce contexte précisément, travail du kinésithérapeute et travail du réathlétiseur s’enchaînent de façon harmonieuse, pour le plus grand intérêt de l’athlète
Jusqu’au moment ou le réathlétiseur considère à son tour que la reprise d’entraînement peut maintenant s’effectuer, avec un maximum de sécurité. Il lève alors un « petit drapeau vert ».
===> De la phase du patient à celle du sportif valide et bientôt performant
Mais une autre fonction est également attachée au métier de réathlétiseur : celle de préparer les sportifs en assurant auprès d’eux un travail de type préventif. On parle de prophylaxie.
- Pour lutter contre les effets délétères liés à la pratique intensive et hyper spécifique de certaines activités physiques. Dans ce cas, son rôle consiste à proposer des routines d’échauffement ou de renforcement qui tiennent compte de la traumatologie attachée à la pratique d’un sport déterminé. Ou à proposer un travail dit « de rééquilibrage » ou « de compensation ».
- Pour diminuer également chez certains sujets à risque (par exemple : déficiences passagères des jeunes liées à la croissance, très grand gabarits, mauvaises postures, périnée des femmes, etc…), le risque de blessure engendré par quelques dysfonctionnalités ou faiblesses plus ou moins apparentes / cachées.
Les réathlétiseurs les plus réputés ont développé une forte compétence du point de vue de l’analyse de ces types de contexte et des méthodologies qu’il parait nécessaire d’engager pour les résoudre. Concernant le contrôle du processus également…
===> Finalement, la réathlétisation sert trois phases de la préparation des sportifs : préventif, pendant et curatif
Pourquoi ?
Il faut dire que pendant un très grand nombre d’années, nous avons connu beaucoup de « casse » avec toutes « ces » reprises prématurément anticipées. Les sportifs recevaient l’autorisation de la part de leur référent médical de reprendre une activité alors même que leur condition physique (motrice et énergétique) n’était pas suffisante pour résister aux fortes charges qui les attendaient (les limites n’avaient pas été explorées / le travail en cabinet aseptise les procédures). Sans mise en garde particulière non plus quand aux précautions à adopter (comme le principe de progressivité). Certains d’entre-eux ont souvent été soumis à un régime draconien par leurs entraîneurs alors qu’ils n’étaient pas prêts (par exemple, parce qu’il faut compléter une équipe, dans l’urgence d’un match, dans le cadre d’une échéance à ne pas rater). Les conséquences ont parfois été terribles : récidive, blessure de compensation… spirale de la blessure, écœurement, arrêt de carrière.
==> Une blessure mal soignée et ce sont quelques mois ou années de pratique qui s’envolent
Les procédures
Elles sont d’ordre technologique au plein sens du terme (par exemple, que faut-il faire à la suite d’une entorse du genou, pour une joueuse de handball ? Et peut être surtout que ne faut-il pas faire tout de suite ou trop vite ?), mais elles sont également et surtout très incarnées ; c’est dire que chaque cas doit être l’objet d’une considération particulière. Parce que notamment chaque sujet est différents des autres et aussi parce qu’il réagit différemment aux protocoles (retour plus ou moins rapide : phases de progression, de régression et de stagnation marquent le retour). Pour cette raison, les réathlétiseurs travaillent rarement sur des groupes ; ils font du sur-mesure. En réathlétisation, il n’y a que de l’individualisation.
==> L’une des missions majeures du réathlétiseur s’inscrit dans la recontextualisation d’une blessure souvent localisé… dans un plus grand ensemble fonctionnel.
De façon progressive, je l’ai déjà dit, jusqu’à ce que le sportif donne suffisamment de garantie quant à la qualité de sa protection, quant à sa capacité également à s’engager avec efficacité et sans frein. Nous touchons là, avec ce dernier point, une des problématiques majeures de la réathlétisation ; c’est dire que le réathlétiseur travaille également dans le domaine de la reconstruction mentale pour lever toute trace mnésique des accidents corporels… Confiance en soi et en ses possibilités et travail par le biais de la visualisation mentale sont des éléments qui constituent « le paysage » habituel de la réathlétisation.
Bibliographie conseillée :
- « La réathlétisation » par M. Chirac, édit. INSEP, 2014
- « La réathlétisation du genou » par M. Berthommier, édit. 4Trainer, 2015
- « Une histoire racontée de la préparation physique » par N. Krantz, édit. 4Trainer, 2014
1 réaction à cet article
4Trainer
Bonjour,
je viens de recevoir votre newsletter traitant de la réathlétisation. Bel article . Merci d’avoir cité 2 livres de notre collection ( 4Trainer Editions ).
Voici les liens si vous souhaitez en savoir plus sur ces ouvrages :
http://www.4trainer.fr/25-livres