Courir la nuit c’est courir avec des repères visuels bien différents, d’où l’intérêt d’avoir une bonne frontale. Il est indispensable d’avoir un modèle plutôt haut de gamme .Une puissance de 700 lumens permet de courir en confiance sur le chemin, comme si vous étiez en plein jour. « Certaines lampes dites « intelligentes » permettent même d’évaluer la luminosité ambiante et adaptent dans l’instant leur puissance d’éclairage aux besoins du sportif. Avec une énergie optimisée et des manipulations réduites au minimum, le trailer peut se concentrer sur sa course » témoignent les vendeurs spécialisés.
Il faut également penser à prendre sur ultra des piles ou des accus de rechange, de préférence des piles au lithium qui craignent moins le froid et durent plus longtemps.
Autre éléments de la nuit, le froid. Les températures sont nettement plus basses, surtout en montagne, d’où la nécessité de prendre certaines précautions, à fortiori sur les ultras. Il est primordial de boire davantage car on se déshydrate sans s’en rendre compte. Sur long, il pourra s’avérer utile d’emmener dans son sac un thermo de thé ou de soupe. Rechargez votre stock de glucides sur l’avant course. Pensez aussi à bien couvrir vos extrémités (tête et mains) et côté textiles, optez pour un système trois couches, c’est-à-dire une première très près du corps pour absorber et évacuer la vapeur de transpiration, une seconde type polaire qui apporte de la chaleur, et enfin une troisième couche imperméable, type coupe vent. Pensez également à prendre des guêtres s’il neige. Autre point crucial, la gestion du sommeil. Certains opteront pour faire un stock de sommeil dans les jours précédents l’épreuve, en intégrant souvent des siestes. Il fait arriver frais et dispo !
Courir la nuit – Témoignages
Antoine Jannin est en pleine préparation pour la Saintélyon et il sera également parmi les favoris de la chambérienne 2017 : « C’est avec mon travail que j’ai commencé mes premières escapades nocturnes. Militaire j’ai passé des nuits blanches à marcher avec un gros sac, ce n’était pas trop le pied ! Puis tout a commencé grâce à la Chambérienne où j’ai constaté qu’avec une bonne frontale on pouvait s’engager autant que la journée. D’ailleurs mon premier essai de nuit sur ce parcours a été plutôt concluant avec une victoire à la clé. Une bonne entrée en matière qui m’a forcément donné envie d’y retourner les années suivantes. Pour se décider à partir la nuit, il faut d’abord un bon mental, le faisceau de la lumière fatigue la vue à la longue. On se recentre encore plus sur soi-même, en restant concentré sur le sentier et on perd parfois la notion du temps. Courir en soirée reste plus simple à gérer que de partir s’entraîner à l’horaire de course de la Saintélyon, à minuit par exemple. Pour ma part je ne programme pas de séance spécifique pendant mon cycle de sommeil car je pense qu’avec une bonne préparation de sorties longues à pied, bien vallonnées peuvent être suffisantes pour sortir son épingle du jeu. Je n’ai pas trop d’expérience sur ce type de format c’est donc difficile de prévoir un résultat. »
Bruno Freudenreich autre vainqueur de la chambérienne : « Selon moi, les courses de nuit sont aujourd’hui en plein boom car elles répondent avant tout de manière idéale à l’organisation sociale qui est la nôtre. Ainsi la Chambérienne permet de profiter de sa journée du samedi ou encore de travailler puis de faire l’épreuve le soir, tout en étant libéré le dimanche. Les concurrents sont plus enclins à rester à la buvette, au repas, à la remise de prix, à discuter. Courir la nuit, c’est aussi se retrouver dans une forme de déconnexion, par rapport au jour et au soleil. L’atmosphère est différente, les bruits également, certainement plus naturels. Un moment qui coupe avec l’effervescence de la journée et nous rapproche peut-être de la nature. Malgré tout, personnellement, je ne suis pas un fan, je préfère courir de jour, voir les paysages, prendre le soleil. A l’approche d’une course de nuit, j’essaie toujours courir au moins une fois dans ces conditions, de tester ma frontale, mes appuis mais je n’éprouve pas le besoin de m’entrainer trop souvent spécifiquement en pleine nuit. »
Antoine Jannin suite : ….L’engouement des supporters sur cette course mythique nocturne est unique, avec de nombreux enfants sur le bord des sentiers qui durant toute la nuit applaudissent les coureurs. C’est une ambiance magique au milieu des feux allumés et des banderoles agitées. Je marche à l’émotion et parfois, éprouvé, dans le creux de la vague, je parviens à me remotiver grâce à la ferveur du public. C’est une course longue et je m’attends à avoir des passages à vide, surtout que le froid, le gel et éventuellement la neige peuvent certainement venir durcir l’effort. L’an dernier, j’étais parti trop vite avec Steeve Dobert et des jambes de bois m’ont raisonné à arrêter l’aventure à Sainte Catherine. Je reste donc sur ma faim. Cette année un proche sera présent pour faire l’assistance, ce qui s’annonce être un bon booster. Quoi qu’il en soit je ne me mets pas la pression et on verra les sensations le jour J.