Le nomogramme de Mercier et al. [1] a notamment fait l’objet de nombreux travaux de recherche en course à pied sur piste [2–5] ou sur route [6].
Qu’est-ce que le nomogramme de Mercier et al. ?
C’est un outil empirique conçu dans les années 80 à partir de données du terrain, c’est-à-dire de multiples références d’athlètes pratiquant la course à pied. Cet outil se présente sous forme de figure (cf. Figure 1), où à chaque colonne est associée une distance de course allant du 3 000 m au Marathon. À noter qu’au-delà de la prédiction, cet outil possède également d’autres avantages comme l’estimation du et l’évaluation de la capacité d’endurance aérobie [1].
Comment utiliser le nomogramme de Mercier et al. ?
1. Prérequis
Avant de se lancer dans la prédiction de performance pour un athlète, il est nécessaire que ce dernier remplisse quelques conditions afin d’augmenter la précision :
- L’athlète doit avoir couru sur deux distances différentes parmi celles proposées par le nomogramme (du 3 000 m au marathon)
- L’athlète doit avoir couru au maximum de ses capacités (avoir donné le meilleur de lui-même)
- L’athlète doit, si possible, avoir réalisé deux performances dans un « laps » de temps relativement proche (même saison, par exemple) ou dans des conditions environnementales similaires et correctes.
2. Méthodologie
Le potentiel actuel de l’athlète peut être obtenu par interpolation ou par extrapolation.
Lorsque la prédiction d’une performance est réalisée sur une distance comprise entre deux autres performances de distances différentes, il s’agit d’une interpolation.
- Exemple : On prédit la performance d’un athlète sur 10 000 m à partir d’une performance sur 3 000 m et sur marathon.
À la différence, l’extrapolation c’est la prédiction d’une performance sur une distance plus courte ou plus longue que les deux autres performances de distances différentes.
- Exemple : On prédit la performance d’un athlète sur 10 000 m à partir de références chronométriques sur 3 000 m et 5 000 m.
3. Application : se munir du nomogramme, d’un stylo et d’une règle…
À partir des exemples cités précédemment, nous allons désormais prédire une performance sur 10 000 m à partir du nomogramme de Mercier et al. par interpolation puis par extrapolation.
Qu’il s’agisse d’une prédiction par interpolation (exemple en bleu) ou par extrapolation (exemple en rouge), il suffit de :
- Placer un repère sur l’échelle des distances correspondantes. NB : les deux performances (n°1 et n°2) doivent absolument être différentes de la performance à prédire.
- Relier les deux références chronométriques par un trait au moyen d’une règle
- Reporter la valeur indiquée par l’échelle de la distance faisant l’objet de la prédiction.
- Résultat par interpolation (en bleu) : si un athlète réalise le 3 000 m en 9 min et le marathon en 2 h 38 min, il devrait être capable de courir le 10 000 m en 33 min.
- Résultat par extrapolation (en rouge) : si un athlète réalise 10 min sur le 3 000 m et 17 min 30 s sur le 5 000 m, son potentiel de performance sur 10 000 m serait de 37 min 25 s.
Le nomogramme de Mercier et al. (1984), un outil valide et précis !
Cet outil de prédiction a fait l’objet de plusieurs recherches scientifiques sur diverses distances de course à pied en fonction du sexe et/ou du niveau de performance. Les prédictions se sont notamment avérées valides et précises pour des performances de course à pied sur route (10 km, 20 km et marathon) et sur piste pour les courses de demi-fond et de fond (3 000 m, 5 000 m et 10 000 m) chez les coureurs masculins ou féminins [6, 2–5].
Quelques limites ?
Il est important de noter que le degré de précision des prédictions peut être dépendant de multiples facteurs dont :
- L’application des repères sur les échelles permettant de tracer le trait, comme évoqué précédemment.
- Les conditions de réalisation des deux performances de référence.
- Du type de prédiction réalisée : interpolation ou extrapolation, avec une précision accrue pour les performances prédites par extrapolation. Cette précision accrue pourrait être expliquée par une meilleure prise en considération de certains paramètres physiologiques tels que le , l’économie de course et la capacité d’endurance aérobie [7, 8].
Références
[1] Mercier D, Léger L, Desjardins M. Nomogramme pour prédire la performance, le VO2max et l’endurance relative en course de fond. Méd Sport 1984; 58: 181–187.
[2] Coquart J, Bosquet L. Precision in the prediction of middle distance-running performances using either a nomogram or the modeling of the distance-time relationship. J Strength Cond Res 2010; 24: 2920–2926.
[3] Coquart JB, Mercier D, Tabben M, et al. Influence of sex and specialty on the prediction of middle-distance running performances using the Mercier et al.’s nomogram. J Sports Sci 2015; 33: 1124–1131.
[4] Tabben M, Bosquet L, Coquart JB. Effect of performance level on the prediction of middle-distance-running performances using a nomogram. Int J Sports Physiol Perform 2016; 11: 623–626.
[5] Lerebourg L, Guignard B, Racil G, et al. Prediction of distance running performances of female runners using nomograms. Int J Sports Med. Epub ahead of print 19 October 2021. DOI: 10.1055/a-1673-6829.
[6] Coquart J, Alberty M, Bosquet L. Validity of a nomogram to predict long distance running performance. J Strength Cond Res 2009; 23: 2119–2123.
[7] Di Prampero PE. The energy cost of human locomotion on land and in water. Int J Sports Med 1986; 7: 55–72.
[8] Péronnet F, Thibault G. [Physiological analysis of running performance: revision of the hyperbolic model]. J Physiol (Paris) 1987; 82: 52–60.