Quand on regarde les contraintes que l’exercice pose à l’organisme, on voit vite qu’elles sont différentes selon l’effort à produire.
Lorsque l’effort est long comme sur un marathon, les facteurs limitants de la performance vont être essentiellement musculaires (répétition de contractions vs. apparition de crampes) et mentaux (intention d’effort vs. effort ressenti). Dans ce cadre, la chaleur peut s’avérer délétère en modifiant la chimie de la contraction musculaire d’une part, et en augmentant l’effort ressenti par l’athlète d’autre part. À l’inverse, un environnement frais préviendra ces phénomènes. C’est pourquoi en course à pied, les records d’endurance sont généralement obtenus à des températures proches de 10°C.
En revanche, lorsque l’effort est de l’ordre du sprint voire du demi-fond, la problématique n’est logiquement plus la même puisque le corps n’a pas le temps d’atteindre des températures internes qui vont poser problème à la performance. Alors que les athlètes peuvent dépasser des températures centrales de 40°C lors de semi-marathons, triathlons… ils dépassent rarement 38.5° sur des courses <1500m. Ceci est un réel avantage puisque cette légère élévation de température facilite des fonctions clé de la performance explosive par l’intermédiaire des facteurs suivants : l’effet Q10 (accélération des réactions énergétiques dans le muscles), la viscosité des tissus (meilleur glissement des fibres musculaires et tendineuses), la vitesse de transmission nerveuse (meilleure réactivité musculaire) et l’amélioration des capacités cognitives (vigilance amplifiée). Bref, des facteurs précisément importants pour des efforts de courte durée requérant vivacité et force musculaire. Ce bénéfice est d’ailleurs tel qu’il contrebalance complètement les effets négatifs de la chaleur sur ces distances. Illustration ci-dessous :
Figure. Variation de performances athlétiques dans un environnement >25°C comparativement à un environnement <25°C chez les athlètes hommes et femmes entre 1999 et 2011 lors des championnats du monde. D’après Guy et al. 2014.
En somme, pour en revenir à notre demi-fondeur – très lucide sur les facteurs de sa performance – on comprend mieux pourquoi celui-ci n’escomptait pas challenger le record du monde. Des températures chaudes lui auraient peut-être fait changer d’avis…
Cyril Schmit