Un habitant des plaines peut-il réussir en trail de montagne ?

Oui pour terminer un trail de montagne, il est préférable d'avoir l'opportunité de s'entraîner sur un terrain similaire. Mais rien n'est rédhibitoire, il existe des solutions. De nombreux coureurs élites le démontrent sur toutes les courses.

Nathalie Mauclair

Avant de répondre à cette question qui concerne de nombreux traileurs, il serait intéressant de déterminer à partir des classements des courses de montagne et des trails avec forts dénivelé et technicité l’origine géographique des participants. On y verrait certainement une corrélation forte entre la performance et le lieu de vie, pour des raisons essentielles de spécificité du travail. Pour autant, est-on condamné à ne réussir que sur ses terrains d’entraînements ?

La réponse est non si on se donne les moyens de suivre certains préceptes. Le premier est de consacrer des stages de 2 à 7 jours à l’entraînement en montagne, et de répéter cette pratique le plus souvent possible, même si ce n’est que 2 ou 3 fois l’an. Le travail se concentrera sur le dénivelé positif, sur la technicité et sur la descente. C’est sur ce dernier point qu’il faudra particulièrement insister pour plusieurs raisons : aucun travail en plaine ne peut remplacer l’apprentissage de la technique de descente et de l’engagement psychologique. Pensez aux descentes courues de nuit en ultra-trail, les écarts de temps peuvent devenir énormes entre deux coureurs de mêmes potentiels à plat dont l’un est spécialiste des pentes négatives et l’autre un apprenti. De plus, la répétition de descentes à l’entraînement protège l’organisme sur plusieurs semaines des effets négatifs des contractions musculaires excentriques (taux de CPK plus bas par exemple, réduction voire disparition des douleurs à +24 h …). Cela veut dire qu’il est inconscient de se présenter sur un trail montagneux sans avoir travaillé les descentes pendant les semaines précédant la course.

Outre ces séjours, même brefs, en montagne, l’habitant des plaines a d’autres moyens de se préparer au dénivelé, notamment en pratiquant régulièrement le renforcement musculaire et en jouant sur la variété des types de contraction musculaire. Tout cela a été décrit dans un précédent article Le renforcement musculaire pour le trail, et d’une manière plus générale dans l’article sur le dénivelé Le dénivelé, comment s’y préparer ?

Enfin, pour les habitants des villes, il existe de nombreux palliatifs qui permettent de limiter les effets négatifs d’un manque de préparation spécifique. Tout est indiqué ici Comment s’entraîner en ville pour un trail ?, en utilisant par exemple les montées d’escaliers.

Pour se rassurer, citons les cas d’Erik Clavery (Nantes), 2 fois 4ème du Grand Raid de la Réunion (170 km pour 10000m D+/D-), et champion du monde de trail 2011 ; d’Aurélien Collet (région parisienne), 3ème du dernier GRR, de Bertrand Collomb Patton (Caen), 8ème et 9ème de l’UTMB© ou encore de Nathalie Mauclair (Le Mans) championne du monde de trail 2013 et 2015 et double vainqueur du Grand Raid de la Réunion. C’est donc possible si l’on s’entraîne différemment à la maison et si l’on vient régulièrement à la montagne.

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