Le ski-alpinisme aux JO d’hiver de Milan en 2026
La nouvelle a fait grand bruit dans le milieu du ski-alpinisme international. Après les Jeux olympiques de la jeunesse en 2020 à Lausanne, la discipline sera en démonstration (on parle de sport supplémentaire) aux Jeux olympiques en Italie dans 4 ans.
La décision a été prise à l’unanimité par les membres du CIO.
Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’elle sera reconduite pour les JO suivants, car depuis l’introduction du snowboard aux JO 1998 de Nagano (Japon), la liste des 15 disciplines n’a pas évolué.
Alors le ski-alpinisme, c’est quoi ? Il s’agit de gravir en montée sèche (= vertical race) ou en montée-descente des montagnes en itinéraires le plus souvent hors-piste, sur des skis légers équipés de peaux de phoque, ou avec les skis dans le sac si la pente est trop raide.
Cette discipline est régie en France par la Fédération Française de Montagne et d’Escalade. Elle présente des championnats de France (ils viennent d’avoir lieu à Courchevel en janvier), des championnats d’Europe et des championnats du monde.
L’épreuve phare de cette discipline est la Pierra Menta qui réunira pour la 36ème fois cette année 200 cordées de 2 coureurs sur une course de 4 étapes avec 10000m d+, au départ d’Arêches-Beaufort en Savoie. Signalons que la Pierra Menta propose depuis 1997 des courses pour les jeunes.
La passerelle vers le trail
Soyons clairs, le ski alpinisme est une discipline complète qui constitue l’activité principale de nombreux athlètes. Pour beaucoup, la course de montagne, le KV et le trail, sont des activités complémentaires pendant la saison estivale.
Car la problématique est là : le ski-alpinisme est une activité saisonnière, une épreuve d’hiver. Et c’est en ce sens qu’elle peut aussi représenter une discipline croisée, de préparation à la course en milieu naturel.
En quelques mots, le ski-alpinisme requiert des qualités cardiovasculaires, musculaires et techniques.
2 points importants sont à signaler :
- Les athlètes évoluent souvent en altitude – ce qui accentue les besoins cardiovasculaires et donc musculaires
- Le skieur évolue avec un poids non négligeable (habillement, casque, ski, matériel), ce qui nécessite un surcroît de puissance.
Petit rappel physio : Pour évoluer, le skieur doit élever et déplacer son centre de gravité (tout comme un coureur de montagne). Le travail (W) à fournir dépend de la masse du sujet (m) et de l’élévation effectuée (h), selon la formule W = mgh, g étant la constante de pesanteur.
La puissance mécanique est tout simplement le travail fourni par unité de temps. P=W/t
Ainsi on comprend aisément que plus la pente est élevée, plus le travail à fournir est important, même si la dimension technique intervient ici. Idem pour le poids qui est l’ennemi du skieur alpiniste, d’où la nécessité d’optimiser le rapport puissance/poids chez l’athlète, en dehors même de toute considération matérielle.
Cela étant dit, on comprend aisément les transferts de compétences du ski à la course en montagne : optimisation des qualités aérobies (capacité et puissance) et anaérobies ; développement la force et de l’endurance de force.
À cela, il faut ajouter une réduction de la monotonie à l’entraînement et une absence de chocs bénéfique à long terme.
Toutefois, nous aurions tort de réduire le ski-alpinisme à une activité uniquement concentrique. En effet, le plus difficile à négocier, comme en trail par ailleurs, c’est bien la descente où l’on entend certains athlètes hurler de douleur en raison de la difficulté à maintenir dans le temps une contraction isométrique.
Pour ceux qui ne maîtrisent pas les différents modes de contraction, adossez-vous contre un mur en adoptant la position de la chaise, les cuisses à 90° avec les jambes, et après une minute dans cette position, vous comprendrez. Là encore, ce mode de contraction majeur en descente permet un renforcement musculaire important.
Il n’est donc pas étonnant que de nombreux athlètes connus pour leurs performances estivales se préparent l’hiver sur les pentes enneigées alpines et pyrénéennes.
C’est le cas de François d’Haene, Ludovic Pommeret, mais également de nombreux jeunes qui dynamisent la discipline : Théo Bourgeois, Noé Rogier, Alric Petit, Baptiste Ellmenreich, Margot Ravinel…
On y trouve également les meilleurs spécialistes français et mondiaux du kilomètre vertical : Axelle Gachet-Mollaret, Henri Aymonod, Alexis Sevennec, Yoann Sert, Vincent Loustau…
Si vous habitez à proximité des montagnes, le ski-alpinisme représente donc une merveilleuse alternative à la course à pied. C’est même un plus indéniable dans la préparation de tout coureur en montagne. Pour autant, il ne faudra pas négliger la dimension technique de la discipline : glisse et utilisation du matériel.