Même d’une année sur l’autre, sur un même parcours, la performance chronométrique peut fortement varier selon la météorologie et l’état du terrain.
Or, il est certain que la définition d’une élite caractérise la maturité d’une discipline. Sur la route, on définit une élite par le chronomètre en se référant par exemple à une table internationale de cotation ; mais on définit également le niveau de densité de l’épreuve par l’écart en pourcentages entre le 1er et le 10ème concurrent par exemple (chez les hommes et chez les femmes), et par l’écart de performance entre hommes et femmes.
Ainsi, le calcul en pourcentages permet de comparer les écarts de performance quelle que soit la discipline considérée. Sur le tableau ci-dessous, on remarque une certaine constance du 100m au marathon (rappelons que sur 100m, une performance féminine improbable implique l’écart le plus faible).
Une élite dispersée en trail
En trail, s’il est tout à fait possible de calculer les écarts entre athlètes, il est par contre difficile d’évaluer le niveau objectif de performance. Sur certaines épreuves, on peut donc avoir une bonne densité de performances sans que le niveau soit élevé ; ou au contraire quelques coureurs élites puis une forte disparité de niveaux. Rappelons que les épreuves continuent à se multiplier à l’échelle nationale comme internationale, ce qui tend bien entendu à disperser les élites. Ce phénomène est d’autant plus remarquable chez les femmes en ultra trail puisqu’elles ne représentent que 10-15 % des pelotons.
Pour évaluer le niveau des coureurs de tête, on peut tout de même se référer à la cotation de l’International Trail Running Association (ITRA) qui propose un classement des coureurs qui fait à présent référence dans le milieu.
Voici à présent l’analyse sur 2 ultra trails internationaux, la TransGrancanaria (TGC 2019) courue en février sur 128 km, et la Translantau disputée le 1er mars à Hong Kong sur 100km.
TGC 2019 | écarts % |
1erH/10ème H | 17.8% |
1er H/3H | 7.8% |
1er H/1ère F | 28.9% |
1ère F/3ème F | 4.1% |
HK Translantau 2019 | écarts % |
1erH/10ème H | 36.1 |
1er H/3H | 2.1 |
1er H/1ère F | 13 |
1ère F/3ème F | 23.3 |
Tableaux des écarts TGC et Translantau 2019
Sur la TGC, le tableau ci-dessus montre des écarts importants entre le 1er et le 10ème H. Par comparaison, sur un marathon international, les écarts sont en moyenne de 4 à 5%. L’écart entre hommes et femmes est très important : 28.9 % alors qu’il est de 10-12 % en moyenne sur marathon. On peut considérer que le niveau féminin de cet ultra trail était modeste, ce qui se confirme avec les côtes ITRA des athlètes considérées.
Du côté de Hong Kong, on remarque immédiatement la très faible densité de bons coureurs, avec des écarts énormes entre les hommes et entre les femmes. Par contre, on constate une performance élite chez les femmes puisque la première termine à 13 % du 1er homme (côte ITRA élite international). Pour la petite histoire, l’athlète en question prend la 4ème place au scratch.
Ainsi, en examinant de plus près les résultats des épreuves, on est capables de déterminer le niveau de performance des athlètes ainsi que la densité de la compétition. Malheureusement, peu d’épreuves du calendrier présentent des statistiques comparables à celles du marathon. Seules les courses autour du Mont Blanc (fin juin et fin août) parviennent parfois à se hisser à ce niveau en rassemblant une grande majorité de l’élite mondiale de la discipline. Pour autant, s’il n’y a qu’une course le jour du marathon de Paris par exemple, il y en a une multitude dans les organisations de trail. On peut rêver de voir un jour toutes les élites réunies sur une même épreuve courue sur une distance intermédiaire. Dans ces conditions, le trail n’aurait rien à envier aux autres épreuves de course à pied en termes de qualité et de densité.