Encore et toujours la VMA
Même en trail, la Vitesse Maximale Aérobie est une clé de la performance, certes insuffisante, mais largement nécessaire. Prenons l’exemple d’un stage d’évaluations effectué récemment dans le Doubs avec un groupe hétérogène de 22 stagiaires. Sur un test de type VAMEVAL, la VMA moyenne est de 15.6 km/h (15 km/h sur près de 500 stagiaires évalués en 4 ans), et les résultats s’étalent de 12 à 19.5 km/h.
Les évaluations se poursuivent avec un circuit trail. La distance est très courte, 2.5 km, avec un dénivelé positif/négatif de 100m, et quelques passages techniques.
Ce test permet de mettre en évidence les qualités techniques et de lier la VMA au pourcentage de de VMA qui peut être soutenu sur une durée plus longue.
La vitesse moyenne soutenue sur ce circuit est de 10.3 km/h, pour des performances comprises entre 7.4 et 14.2 km/h. Ainsi le pourcentage moyen de soutien de sa VMA (c’est-à-dire l’indice d’endurance) est de 66.1 (valeurs de 58.1 à 74.7%), à ne pas comparer avec des pourcentages tenus à plat, puisque le dénivelé et la technicité impactent la vitesse de déplacement.
Attention, ces énormes écarts ne veulent pas dire que la VMA n’est finalement pas importante ! Bien au contraire, ils disent que la VMA n’est pas suffisante, et qu’il faut la coupler avec une fraction optimisée sur la durée choisie. Dans l’absolu, on remarque d’ailleurs une forte corrélation entre les 2 tests. Plus on a une VMA élevée et meilleur on est sur un circuit, et vice versa.
La vérité dans le détail
Mais si on regarde de plus près, on s’aperçoit que pour une même VMA, la vitesse sur circuit peut fortement varier.
Voici un extrait de la figure précédente où l’on remarque que pour une même VMA de 16.5 km/h, la performance sur ce circuit court peut être très différente, de 10.4 à 12.3 km/h. Cela peut être dû à des facteurs énergétiques (endurance, seuil) mais aussi à des facteurs musculaires (montée/descente) et techniques. La mise en évidence de ces différences permet par la suite de travailler les points faibles et de progresser.
Habituellement, la fraction de VMA soutenue est corrélée à la VMA. Ce n’est pas le cas ici et c’est d’autant plus intéressant car cela permet de définir des profils atypiques.
Poursuivons avec le test de VMA ascensionnelle. Il s’agit de tester les stagiaires sur un dénivelé fixe de 115m et sur une pente moyenne de 34%. L’intérêt d’une pente raide est de mettre en évidence les qualités de force de l’athlète, car la course est quasi impossible ici.
Même si la corrélation reste positive entre la VMA à plat et celle de montée, on remarque de fortes disparités mettant en évidence les bons et les moins bons grimpeurs. Par exemple, pour une même VMA de 14 km/h, certains grimpent à 1000m/h alors que d’autres progressent à 1300m/h. Pour information, la montée s’est faite dans la neige, ce qui a encore réduit le rendement de la locomotion.
La descente, la clé du plaisir et de la performance
On entend souvent que le trail se gagne en montée et se perd en descente. En voici un bel exemple car nous voyons bien que la relation entre performance à plat et en descente se distend fortement. Ce type de test met en évidence les très bons (cercle bleu) et les moins bons (cercle rouge) descendeurs. Malgré une VMA supérieure de 2.5 km/h (~+ 16%), l’athlète en rouge a mis 62% de temps en plus pour réaliser cette descente de 800m de long et 200m de dénivelé négatif (3’47 vs 2’20). On peut imaginer ce que cela peut donner sur de longues descentes. Mais cela permet de définir des axes de travail précis pour chacun.
En conclusion, quel que soit son niveau, il ne faut pas hésiter à s’évaluer sur différents aspects de la performance et à se comparer aux autres et à soi-même, sur des parcours identiques bien entendu. Cela permet d’orienter intelligemment son entraînement