Comme nous l’avions précisé dans le précédent article sur cette course, le parcours 2018 présentait des montées et des descentes, rendues délicates par les orages des dernières semaines. Pour tirer son épingle du jeu, il fallait non seulement être un excellent grimpeur mais également un descendeur habile, voire casse-cou, un relanceur et un finisher.
Bref, cette édition promettait du spectacle et elle a tenu toutes ses promesses (voir reportage : Emmanuel Meyssat et Christel Dewalle triomphent sur les Championnats de France de Montagne 2018 ). On attendait également une éventuelle prise de pouvoir par les jeunes et elle a failli avoir lieu.
Chez les filles, on retrouve dans les 7 premières des jeunes femmes de 23 (2ème), 24 (4ème), 23 (5ème ) et 20 ans (7ème et 1ère espoir).
Chez les hommes, les 3 premiers espoirs sont 3ème, 5ème et 7ème, et ils n’ont flanché que sur la fin de parcours.
Un effort violent et continu
Intéressons-nous justement au 3ème espoir, Sylvain Cachard, qui comme à son habitude, porte son cardiofréquencemètre. Les données concernant cet athlète sont consignées dans le tableau ci-dessous :
Sylvain avait le secret espoir d’intégrer l’équipe de France dès sa première année espoir. Il savait qu’il fallait être à son maximum, grimper fort, descendre vite et finir à 20 km/h sur le dernier kilomètre sur la route en léger faux-plat descendant.
Certaines recherches qui étudient l’évolution de la consommation d’oxygène et des fréquences cardiaques en fonction de la déclivité du terrain démontrent que ces valeurs diminuent dans les parties descendantes. Pourtant, dans nos précédents articles, nous avons plusieurs fois signalé que ce n’était pas le cas quand l’engagement était élevé sur les plans musculaires et techniques. En voici la démonstration avec le relevé des fréquences cardiaques de Sylvain en fonction du profil (figure 1).
Le cardio n’ayant pas fonctionné sur les premières minutes, nous n’avons sélectionné que la partie fonctionnelle. On remarque plusieurs choses :
– les FC sont régulières du début à la fin, ce qui témoigne d’une intensité régulière pendant l’heure de course
– Les FC n’augmentent pas avec la pente ascendante, signe d’expertise que nous avions déjà évoqué.
– Les FC ne diminuent pas en descente, elles augmentent même légèrement dans la deuxième partie de la première descente et sur la relance avant la 2ème côte.
– la FC moyenne de 179 témoigne d’une intensité de course supérieure à 90%.
– La FC max atteinte en fin de parcours et proche de sa FC max absolue (189 vs 192) démontre l’intensité maximale de cet effort.
Les enseignements
La course de montagne est un effort spécifique et proche des intensités maximales. Il requiert donc des capacités cardiovasculaires, musculaires et techniques optimisées, et bien entendu des habiletés mentales qui permettent le dépassement de soi. Ces courses sont sans répit car l’enchaînement des difficultés et des types de contraction musculaire met le système ventilatoire et cardiovasculaire à rude épreuve. Enfin, il faut tout de même de la stratégie et de l’expérience pour ne pas exploser en plein vol, ce qui a été le cas de nombreux athlètes sur cette course. Et rappelez-vous bien que la descente n’est pas propice à la récupération mais plus souvent à l’attaque.